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Au Cameroun de Paul Biya, «il y a urgence»

May 15, 2019
Au Cameroun de Paul Biya, «il y a urgence»

Au Cameroun, «il y a urgence» à accroître l'aide humanitaire et à la financer afin d'éviter une situation «hors contrôle», a affirmé lundi le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires Mark Lowcock, lors d'une réunion informelle inédite du Conseil de sécurité sur ce pays.

«Un Camerounais sur six a besoin d'aide humanitaire, de protection», soit 4,3 millions de personnes, notamment des enfants et des femmes. «Huit régions sur les dix du pays sont touchées par la crise humanitaire», a ajouté Mark Lowcock, lors de cette session organisée par les États-Unis en dépit de l'opposition de Yaoundé et des membres africains du Conseil.
La situation humanitaire au Cameroun «n'est pas une menace pour la paix et la sécurité internationales» et «elle doit être gérée par le gouvernement camerounais», a ainsi affirmé Anatolio Ndong Mba, ambassadeur de Guinée équatoriale, membre non permanent du Conseil. Il s'exprimait aussi au nom des deux autres pays africains de cette instance, l'Afrique du Sud et la Côte d’Ivoire.

«Ce sont les Africains qui doivent régler les problèmes africains», a-t-il ajouté, en évoquant plusieurs organisations régionales africaines. «Pour autant que les autorités camerounaises le souhaitent», a-t-il précisé.

Il s'agissait de la première réunion du Conseil de sécurité sur ce dossier alors que les grandes puissances avaient privilégié jusqu'alors les pressions bilatérales sur le président Paul Biya pour inverser le cours des choses.  

La crise a débuté en 2016 avec des revendications pour davantage de représentativité anglophone dans ce pays à majorité francophone, avec un retour au fédéralisme. Une minorité de contestataires réclamait l'indépendance et la proclamation d'un nouvel État, l'Ambazonie.

Face à l'intransigeance de Yaoundé et à la répression des manifestations pacifiques, le conflit s'est durci. Fin 2017, une partie des séparatistes a pris les armes et des combats les opposent depuis à l’armée.

Aujourd'hui, «500 000 personnes sont des déplacés internes, la plupart restant cachées dans des forêts» et «plus de 600 000 enfants sont privés d'éducation» dans les régions anglophones du nord et du sud concernées, a indiqué Mark Lowcock, en dressant un tableau sombre de la situation.

Face à la dégradation humanitaire, «nous avons besoin d'une riposte plus globale», notamment de financement international, a-t-il souligné. Les besoins sont de 300 millions de dollars mais seulement 38 millions ont été mis à disposition, a indiqué le responsable de l’ONU.

Dans un communiqué, le ministère camerounais des Relations extérieures a minimisé l'importance de la réunion de l'ONU. Il ne s'agit que d'un «échange de vues» n'engageant «en rien» le Conseil, ajoute le communiqué en critiquant «l'obsession» de pays «à agiter et exagérer le spectre d'une crise humanitaire» au Cameroun.

«Nous faisons face à la sécession, au terrorisme, à l'insurrection, et nous y ferons face», a insisté l'ambassadeur camerounais à l'ONU, Michel Tommo Monthe. Si de l'aide est apportée, elle ne doit pas s'effectuer «pour mais avec» le Cameroun, a-t-il dit.

Selon le centre d'analyses géopolitiques International Crisis Group, le conflit a fait 1850 morts en vingt mois.

Le Nigeria accueille 35 000 réfugiés, pour la plupart des femmes et des enfants, selon l’ONU.

Pour l'ONG Human Rights Watch, les Européens notamment ne sont pas assez actifs sur le dossier du Cameroun.

Il faut que ce dernier entre dans le programme de travail formel du Conseil de sécurité, que le gouvernement camerounais lutte contre l'impunité pour les crimes commis et qu'un accès humanitaire bien plus large soit accordé, estime Ilaria Allegrozzi, une chercheuse de HRW dont l'entrée au Cameroun a été récemment refusée, sans explications. - AfricaLog avec agence

Bloqué sur Facebook, Farrakhan nie tout antisémitisme

May 12, 2019
Bloqué sur Facebook, Farrakhan nie tout antisémitisme

Antisémite et anti-Blancs pour certains, défenseur des droits des Noirs pour d'autres, le très controversé leader religieux Louis Farrakhan, dirigeant de l'organisation Nation of Islam, a été obligé de se défendre cette semaine des nombreuses accusations portées contre lui.

Déjà interdit d'entrée au Royaume-Uni pendant plusieurs années et persona non grata à la télévision américaine, Louis Farrakhan, 86 ans, a été bloqué par Facebook la semaine dernière, le réseau social mettant en avant ses propos homophobes et antisémites.

«Qu'ai-je fait pour que vous me détestiez de la sorte ?», a interrogé le leader musulman dans une église de Chicago jeudi.  

«Je ne déteste pas les Juifs. Personne parmi les miens n'a commis de crime contre les Juifs», a-t-il ajouté niant également tout racisme, misogynie ou homophobie.  

Le leader de la Nation of Islam, mouvement mélangeant panafricanisme et religion musulmane et dont Malcom X a été l'un des visages les plus célèbres, est notamment connu pour avoir organisé la «Million Man March», au cours de laquelle des centaines de milliers d'hommes noirs ont marché sur Washington en 1995.  

Il a également comparé les Juifs à des «termites», appelé Hitler «un grand Homme» et expliqué que les Blancs avaient été créés par un sorcier maléfique.  

Jeudi soir, dans l'église de Chicago où il prenait la parole, alors qu'il tentait de se dédouaner des accusations d'antisémitisme, il a déclaré: «Je n'ai pas d'armée. Je connais juste la vérité. Et je suis juste là pour séparer les bons Juifs des Juifs sataniques».

Selon ses soutiens, ses propos sont souvent déformés.  
«S'ils avaient vraiment écouté ce qu'il a à dire, et pas seulement des bouts de discours, cela aiderait», a argué Enoch Muhammad, 40 ans, membres de la Nation of Islam.
Mais les déclarations, passées ou présentes, de Louis Farrakhan font grincer des dents à l'heure où les actes antisémites sont en augmentation aux États-Unis.
Fin avril, une fusillade survenue dans une synagogue californienne au dernier jour des festivités de la Pâque juive a fait un mort et trois blessés.
Six mois auparavant, onze personnes avaient été fauchées par les balles dans une synagogue de Pittsburgh, en Pennsylvanie.
Dans les deux cas, les tireurs Ă©taient blancs et d'extrĂŞme droite.

Né dans les années 30 à New York et élevé dans la tradition chrétienne, Louis Farrakhan est populaire dans certaines communautés noires, mettent en avant ses soutiens.  
Dans les ghettos, ses fidèles diffusent des messages de prévention contre la violence et le leader politico-religieux s'est assuré le soutien de nombreuses vedettes noires américaines, notamment dans le rap.
Snoop Dogg est ainsi monté au créneau quand Facebook a annoncé la suspension de sa page, noyant le réseau social sous un torrent d'insultes dans une vidéo postée sur Instagram.
Louis Farrakhan était au premier rang lors des hommages funèbres à Aretha Franklin, l'année dernière, et au rappeur de Los Angeles Nipsey Hussle cette année.

«L'ennemi veut qu'on continue à s'entretuer», a-t-il déclaré à l'endroit où le rappeur a été assassiné. «Parce que tant qu'on continue à s'entretuer, il peut continuer à exercer son pouvoir avec la tyrannie de ce qu'on appelle la suprématie blanche».

Les mots de Farrakhan résonnent «avec la douleur ressentie par de nombreux Noirs américains», estime Misbahudeen Ahmed-Rufai, professeur spécialisé dans l'histoire afro-américaine à l'Université Malcolm X de Chicago.

«Farrakhan est peut-être l'antisémite le plus populaire des États-Unis», assure pour sa part Oren Segal de l'Anti-Defamation League (ADL), association de lutte contre l’antisémitisme.

«On excuse souvent son venin à cause de la manière dont il montre sa solidarité avec la communauté» noire, ajoute-t-il.  
Lors des funérailles d'Aretha Franklin à Detroit en décembre, le leader politico-religieux était assis à seulement quelques sièges de l'ancien président Bill Clinton. Qui n'avait pas manqué d'être critiqué pour cette proximité physique avec Louis Farrakhan. - AfricaLog avec agence

Trump anticipait la fin de sa présidence

Apr 18, 2019
Trump anticipait la fin de sa présidence

Le procureur général des États-Unis, William Barr, a dévoilé jeudi matin une version expurgée du rapport du procureur spécial Robert Mueller.

On y lit notamment que le président Donald Trump a réagi à la nomination de M. Mueller en prédisant «la fin de (sa) présidence».

Le document contient aussi les réponses écrites fournies par M. Trump à M. Mueller. Le président a ainsi répondu n'avoir aucun souvenir de plusieurs événements centraux à l'enquête de M. Mueller, notamment une rencontre survenue en 2016 avec une avocate russe qui offrait d'aider sa campagne.

M. Trump a aussi tenté à de multiples reprises de prendre le contrôle de l'enquête Mueller, selon le rapport.



M. Trump a aussi dit ne pas se souvenir d'avoir été informé que le président russe Vladimir Poutine ou un autre leader étranger souhaitait aider sa campagne ou nuire à celle de Hillary Clinton.

Lors d'une conférence de presse jeudi matin, avant la publication du rapport, M. Barr a indiqué que le document recense dix incidents potentiels d'entrave à la justice impliquant le président Trump et sur lesquels M. Mueller s'est penché.

M. Mueller et le procureur général adjoint Rod Rosenstein ont toutefois conclu que les preuves n'étaient pas suffisantes pour affirmer que le président avait commis un crime.

M. Barr a aussi révélé que les avocats du président Trump ont révisé la version expurgée du rapport plus tôt cette semaine. Ils n'auraient demandé aucune édition supplémentaire du document.

L'avocat de la Maison Blanche a lui aussi révisé le rapport expurgé. Le président Trump a ensuite décidé de ne pas invoquer son privilège exécutif pour demander le retrait d'éléments additionnels.

Les démocrates réclament une version complète et non expurgée du rapport.

M. Barr s'est dit prêt à remettre au Congrès une version moins expurgée du document. Il ne s'oppose pas non plus à ce que M. Mueller témoigne devant le Congrès. - AfricaLog avec agence

Béchir destitué après des semaines de contestation

Apr 12, 2019
Béchir  destitué après des semaines de contestation

Le président Omar el-Béchir, qui dirigeait le Soudan d'une main de fer depuis 30 ans, a été renversé par un coup d'État de l'armée, dans le sillage d'un soulèvement populaire, et remplacé par un «conseil militaire de transition» pour deux ans.

Plusieurs pays, dont les États-Unis et l'Union européenne (UE), ont exhorté les militaires à intégrer les civils pour cette transition.

Le ministre de la Défense Awad Ahmed Benawf a été nommé à la tête du Conseil militaire de transition, après avoir annoncé à la télévision d'État «la chute du régime et le placement en détention dans un lieu sûr de son chef» Omar el-Béchir.

Des milliers de manifestants ont marqué leur rejet de la mise en place d'instances militaires de transition en se rassemblant devant le QG de l'armée malgré le début d'un couvre-feu, imposé par M. Benawf pour un mois de 22h à 4h locales.

L'armée a ordonné en début de soirée aux manifestants de «respecter (le couvre-feu) pour (leur) propre sécurité», laissant planer le risque de violences.

Tôt ce matin, la télévision nationale a interrompu ses programmes et une immense foule s'est rassemblée dans le centre de Khartoum, anticipant la destitution du président de 75 ans, au pouvoir depuis un coup d'État en 1989.

Après de longues heures d'attente, les Soudanais ont accueilli en liesse l'annonce de M. Benawf. «Le régime est tombé!», ont scandé les milliers de manifestants qui campent depuis samedi devant le QG de l'armée.

Mais la joie est vite retombée. Car, outre la destitution du président, M. Benawf a annoncé l'instauration d'un «conseil militaire de transition» pour deux ans.

«Les gens ne veulent pas d'un conseil militaire de transition» mais «un conseil civil» a déclaré dans un tweet Alaa Salah, l'étudiante devenue «l'icône» du mouvement.

Malgré l'instauration du couvre-feu et l'avertissement de l'armée, des milliers de manifestants se sont rassemblés devant le QG de l'institution militaire, qui abrite aussi le ministère de la Défense et la résidence officielle du président.

«Le sang de nos frères ne doit pas avoir coulé pour rien», a dit un manifestant, décidé à braver le couvre-feu, alors que le mouvement de contestation au Soudan, débuté le 19 décembre après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, a été marqué par la mort de 49 personnes, selon un bilan officiel.

L'armée a proposé «des alternatives» mais s'est «heurtée à une volonté de résoudre le problème en utilisant l'appareil de sécurité qui peut conduire à de grosses pertes», a expliqué M. Benawf.

L'espace aérien a été fermé pour 24 heures et les frontières terrestres jusqu'à nouvel ordre, a-t-il dit.

Pour beaucoup de Soudanais, la nouvelle donne politique n'est qu'une «photocopie du régime», comme le résume un manifestant devant le QG de l'armée.

«Le régime a mené un coup d'État militaire en présentant encore les mêmes visages [...] contre lesquels notre peuple s'est élevé», a réagi l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC). «Nous appelons notre peuple à continuer son sit-in devant le QG de l'armée et à travers le pays».

Les États-Unis, qui maintiennent des sanctions contre le Soudan, pays sur leur liste d'États soutenant «le terrorisme», ont exhorté l'armée soudanaise à intégrer les civils au gouvernement.

L'UE a aussi appelé l'armée à un transfert «rapide» du pouvoir aux civils.

Six capitales, dont Washington et Paris, ont demandé une session d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Soudan, a priori pour vendredi. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réclamé que la transition au Soudan respecte les «aspirations démocratiques» du peuple.

Un cessez-le-feu a aussi été annoncé à travers le pays, notamment au Darfour, où un conflit a fait plus de 300 000 morts depuis 2003 selon l’ONU.
Ces dernières années, le niveau de violence a toutefois largement diminué au Darfour, M. Béchir ayant annoncé plusieurs trêves unilatérales.

«Nous rejetons entièrement cette "révolution de palais"», a réagi Abdel Wahid Nur, chef d'un groupe rebelle du Darfour, «l'Armée de libération du Soudan», appelant à «un gouvernement civil de transition».

En 2009, la Cour pénale internationale (CPI), basée à La Haye, a lancé un mandat d'arrêt contre Omar el-Béchir pour «crimes de guerre» et «contre l'humanité» au Darfour, ajoutant en 2010 l'accusation de «génocide».

L'ONG Amnistie internationale a appelé à «remettre» M. Béchir à la CPI afin qu'il soit jugé pour ses «crimes innommables».

Devant le QG de l'armée, les contestataires continuent de brandir des drapeaux du Soudan. La scène semble faire écho à celle observée pendant des semaines à Alger, à des milliers de kilomètres de là, où les manifestants ont obtenu le 2 avril la démission du président algérien Abdelaziz Bouteflika, après 20 ans au pouvoir.

L'Union africaine a critiqué la «prise de pouvoir par l'armée» au Soudan, estimant qu'elle «n'est pas la réponse appropriée aux défis» du pays.

De son côté, l'Égypte voisine, où l'armée avait également éjecté Hosni Moubarak du pouvoir en 2011 sous la pression de la rue, s'est dit «confiante dans la capacité du peuple et de son armée» à mener à bien cette transition.

La Turquie a dit elle espérer voir le Soudan renouer avec un «processus démocratique normal». L'Allemagne, par la voix de sa ministre de la Défense, a jugé que la situation donnait une «chance» de parvenir à «une forme de gouvernement démocratique».

Jusque là fer de lance de la répression, le puissant service de renseignement au Soudan (NISS) a fait état de la libération de tous les prisonniers politiques.

À Kassala, le refus d'officiers de relâcher des prisonniers détenus là-bas a suscité un raid des manifestants dans les locaux du NISS, selon un témoin. Une attaque similaire a été menée à Port-Soudan par des manifestants antirégime, selon des témoins.

Des foules étaient aussi rassemblées dans les villes de Madani, Gadaref, Port-Soudan et Al-Obeid.

L'ALC a appelé en cours de journée la population à «ne pas attaquer quiconque ou les biens gouvernementaux et privés». «Notre révolution est pacifique», a-t-elle martelé dans un communiqué.

M. Béchir a tenté de réprimer la contestation par la force avant d'instaurer le 22 février l'état d'urgence à l'échelle nationale.

Béchir parti, l'ONG Amnistie internationale a appelé jeudi les nouvelles autorités à «mettre fin définitivement à une ère de massacres et d'oppression» au Soudan. - AfricaLog avec agence

Déchu, Bouteflika «demande pardon» aux Algériens

Apr 04, 2019
Déchu, Bouteflika «demande pardon» aux Algériens

Le président démissionnaire Abdelaziz Bouteflika «demande pardon» aux Algériens dans une lettre «d'adieux», tout en assurant avoir gouverné avec «sincérité et loyauté», au lendemain de son départ du pouvoir sous la pression de la rue.

«Je quitte la scène politique sans tristesse ni peur pour l'avenir de notre pays» et «je vous exhorte à demeurer unis, à ne jamais vous diviser», indique notamment M. Bouteflika dans cette lettre adressée à «ses chères soeurs» et «chers frères» algériens.

«Je ne puis achever mon parcours présidentiel sans vous adresser un ultime message» et «demander pardon à ceux, parmi les enfants de ma patrie, envers lesquels j'aurais, sans le vouloir, manqué à mon devoir en dépit de mon profond attachement à être au service de tous les Algériens et Algériennes», poursuit l'ancien président, qui se présente comme «désormais simple citoyen».

À la tête de l'État pendant 20 ans, plus qu'aucun de ses prédécesseurs, M. Bouteflika se dit «fier» de sa «contribution à ce que l'Algérie ait amorcé le 21e siècle en étant dans une situation meilleure» et des «progrès notables, réalisés dans tous les domaines, en faveur du peuple algérien».

«J'ai consacré ces 20 dernières années à votre service, et Dieu est témoin de ma sincérité et de ma loyauté», poursuit M. Bouteflika, évoquant ses actions «certaines satisfaisantes et d'autres moins, le propre de l'action humaine étant qu'elle est toujours à parfaire».  

«L'erreur étant humaine, je vous demande pardon pour tout manquement, par une parole ou un geste, à votre égard» et «comme toute chose a une fin, je vous fais mes adieux même s'il n'est pas facile pour moi de vous exprimer toute la sincérité de mes sentiments», ajoute le chef de l'État déchu.

Confronté à près d'un mois d'une contestation inédite, et défié ces derniers jours par l'armée, M. Bouteflika a finalement remis mardi soir sa démission.

Dans sa lettre, il indique se «retirer désormais chez (lui)», sans autre précision. - AfricaLog avec agence

«Afrique soulève-toi» a dit Ousseynou Sy

Mar 23, 2019
 «Afrique soulève-toi» a dit Ousseynou Sy

Le chauffeur ayant dérouté son bus scolaire vers l'aéroport de Milan voulait se servir des 51 élèves qui étaient à bord comme «bouclier» humain, puis s'envoler vers l'Afrique, a-t-il confié aux enquêteurs, cités par les médias.

«Je voulais aller sur la piste de l'aéroport de Linate avec les enfants que j'aurais utilisés comme un bouclier, et de là partir en avion pour l'Afrique de manière éclatante», a-t-il expliqué lors de l'un de ses premiers interrogatoires, cité par le journal Corriere della Sera.

«Je ne voulais faire de mal à personne», a assuré le chauffeur d'origine sénégalaise Ousseynou Sy, qui a été bloqué par des carabiniers sur la route avant de mettre le feu au bus. Tous les enfants étaient parvenus in extremis à s'échapper par des vitres arrières brisées par les militaires.

Il a justifié son geste en affirmant vouloir attirer l'attention sur le drame des migrants morts en Méditerranée.  

Vendredi, il a réitéré cette volonté de ne pas faire de mal aux enfants, lors d'un nouvel interrogatoire, selon les médias italiens.

«J'entendais les voix des enfants en mer qui me disaient : "Fais quelque chose d'éclatant pour nous mais sans faire de mal aux enfants», a-t-il déclaré aux enquêteurs, selon ces sources.

Paroles délirantes laissant penser à un moment de folie? L'avocat d'Ousseynou Sy a en tout cas demandé une expertise psychiatrique pour son client.

L'homme de 47 ans aurait selon le Corriere della Sera exprimé sa haine «des blancs» qui ont «envahi et colonisé» l'Afrique, obligeant aujourd'hui les Africains à émigrer et «mourir en Méditerranée».

Le chef de la cellule antiterrorisme de Milan, Alberto Nobili, a d'ailleurs indiqué que l'homme avait posté sur YouTube une vidéo avec pour message «Afrique soulève-toi».

Le chauffeur a aussi confié aux enquêteurs que la saisie mardi par l'Italie du navire humanitaire Mare Jonio, bloqué au large de l'île italienne de Lampedusa avec 48 migrants à bord, avait constitué pour lui un facteur déclenchant.

Citoyen italien depuis 18 ans, il n'a exprimé aucun regret pour son action. «C'était une chose que je devais faire et que je referais. Cent fois. Pourquoi l'ai-je fait ? Pour envoyer un signal à l'Afrique. Les Africains doivent rester en Afrique».  

Il confirme en outre avoir mûri sa décision depuis quelque temps.

Le quotidien Messagero rapporte d'ailleurs vendredi qu'il aurait fait une première tentative deux jours avant les faits. «Il a essayé de changer de parcours, mais un professeur est intervenu et a dit "Qu'est-ce que tu fais ? Prends la bonne route"», ont rapporté trois élèves au journal. Ce jour là, le chauffeur leur était apparu particulièrement nerveux et aurait insulté un jeune.

Luigi di Maio, vice-premier ministre et chef de file du Mouvement Cinq Étoiles, a dû une nouvelle fois se défendre vendredi de jeter de l'huile sur le feu dans son pays, aux côtés

de son partenaire au gouvernement Matteo Salvini, chef de La Ligue.

«Il faut que le ton reste mesuré, je suis d'accord, mais les partis d'opposition se livrent eux-mêmes à une instrumentalisation en parlant de haine quand cela n'est pas nécessaire», a-t-il affirmé.

Pour lui, le chauffeur est avant tout «un criminel» et «même si sa naissance avait eu lieu en Italie, il resterait un criminel».

Le ministre de l'Intérieur du gouvernement sortant, Marco Minniti, avait estimé jeudi qu'un «continuel bombardement médiatique (était) dangereux, car les mots ont un poids».

En février 2018, avant les élections qui ont mené au pouvoir la coalition populiste, un militant italien d'extrême droite, Luca Traini, avait tiré sur une dizaine d'Africains à Macerata pour venger le meurtre d'une jeune femme attribué à un dealer nigérian.  

Brenton Tarrant, qui vient d'être inculpé en Nouvelle-Zélande pour le massacre de 49 fidèles dans des mosquées de Christchuch, avait inscrit le nom de Luca Traini sur l'une des ses armes.

«Baisser le ton me paraît fondamental» a estimé vendredi le procureur national anti-mafia Cafiero de Raho, à La Stampa. «N'oublions pas l'existence d'un fort extrémisme de droite qui se nourrit de haine raciale et d'un dangereux terrorisme anarco-insurrectionnel qui surfe sur les thèmes de l'immigration», a-t-il insisté. - AfricaLog avec agence

DĂ©sastre naturel en Afrique australe, plus de 650 morts

Mar 23, 2019

Le bilan du cyclone Idai au Mozambique et au Zimbabwe s'est alourdi samedi à 676 morts et devrait encore grimper au fur et à mesure de la progression des secours, qui peinent à atteindre des zones toujours coupées du monde, ont prévenu les humanitaires, inquiets des risques d'épidémies.  

«C'est un désastre naturel sans précédent. La zone affectée (au Mozambique) est d'environ 3000 km2. Un désastre qui équivaut aux catastrophes majeures», a estimé samedi le ministre mozambicain de l'Environnement, Celso Correia.  

«Malheureusement, personne dans la région ni dans le monde ne pouvait prédire un désastre d'une telle ampleur», a-t-il ajouté depuis Beira (centre), la deuxième ville du Mozambique, partiellement dévastée par les intempéries.

Selon le dernier bilan des autorités mozambicaines, Idai, qui a balayé la semaine dernière l'Afrique australe, a fait au moins 417 morts au Mozambique, pays le plus touché.  

Au Zimbabwe, 259 personnes ont été tuées et près de 200, dont 30 écoliers, sont toujours portées disparues.

Mais le bilan final sera «bien plus élevé» car «de nombreuses régions sont encore inaccessibles», a prévenu samedi la directrice générale de l'UNICEF, Henrietta Fore.

«La situation va encore empirer avant de s'améliorer», a-t-elle mis en garde. «Les agences humanitaires commencent à peine à voir l'ampleur des dégâts. Des villages entiers sont été submergés, des immeubles rasés, des écoles et des centres de santé détruits», a-t-elle ajouté.

Les opérations de secours et d'acheminement de l'aide, avec hélicoptères, bateaux militaires, pneumatiques, de pêche, se poursuivaient samedi dans des conditions difficiles, compte tenu de l'effondrement de nombreuses routes et ponts.

«On n'a rien, les gens meurent comme des chèvres ou des poules. On n'a aucune aide. On meurt de faim », implore un habitant du district de Buzi (centre), l'un des plus touchés au Mozambique.

«Je suis en vie, mais j'ai tout perdu», témoigne Maria Maposa, évacuée en bateau de cette zone.  

Samedi matin, une centaine de rescapés de Buzi sont arrivés au port de Beira, où ils ont reçu une soupe et des habits.

Nombre d'entre eux avaient besoin de soins après avoir été blessés par des tôles soulevées par des rafales de vent proches de 200 km/heure.

Au total, ce sont environ 2 millions de personnes qui sont affectées par le cyclone et ses inondations en Afrique australe.

«Il n'y a plus personne bloqué dans des arbres », a affirmé samedi Sebastian Stampa du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha).  

Mais «il y a encore des gens sur les toits» qui ont refusé d'être hélitreuillés, a-t-il ajouté, expliquant qu'ils survivaient en faisant sécher de la nourriture sur des tôles ou des toits-terrasses.

À Buzi, à une trentaine de kilomètres à vol d'oiseau de Beira, les survivants dorment dehors, sur des containers, sous des bâches en plastique ou sous les étoiles... et sous la pluie qui continue par intermittence, a constaté un photographe. Mais l'activité commerciale reprend le long de rues de nouveau praticables.

La décrue s'est poursuivie samedi. Ocha a toutefois mis en garde contre de possibles nouvelles inondations en cas de fortes pluies.  

À Buzi et à Beira, ville d'un demi-million d'habitants, la population s'attelait à déblayer et reconstruire.

L'électricité était progressivement rétablie dans certains quartiers de Beira. L'hôpital a de nouveau été connecté au réseau, selon Celso Correia. Buzi était, elle, toujours privée d'électricité.

La principale route qui conduit à Beira devrait être accessible dimanche et la voie ferrée est de nouveau utilisable depuis vendredi, «ce qui signifie que l'aide peut arriver plus facilement», s'est réjoui le ministre de l'Environnement.

Des habitants ont commencé à enlever la boue et à reconstruire avec les moyens du bord, des tôles gondolées emportées par le vent, des habitations de fortune.  

Dans plusieurs écoles de Beira réquisitionnées, des milliers de rescapés s'entassent, laissant craindre des épidémies. À Buzi, où l'odeur des égouts qui ont débordé est pestilentielle, de très nombreux habitants toussent.

«La promiscuité dans les centres d'hébergement, le manque d'hygiène, les eaux stagnantes et infectées posent des risques de maladies comme le choléra, le paludisme et les diarrhées», a prévenu l'UNICEF. Des informations contradictoires circulaient sur d'éventuels cas de choléra.

Le Programme alimentaire mondial (Pam),  qui distribue la nourriture, a déclenché son niveau d'urgence 3, équivalent aux crises au Yémen, en Syrie ou encore au Soudan du Sud.

«Des dizaines de milliers de personnes ont tout perdu. Avec l'étendue des dégâts qui se précise, le nombre de personnes dans le besoin augmente. On doit faire plus», a estimé le porte-parole du Pam, Herve Verhoosel.

Au Zimbabwe, les rescapés continuaient ce week-end à enterrer leurs morts, tandis que 120 corps ont été emportés par les eaux au Mozambique, selon Ocha. - AfricaLog avec agence

Un gouvernement de “40 voleurs contre 40 millions” d’algériens

Mar 13, 2019
Un gouvernement de “40 voleurs contre 40 millions” d’algériens

Des milliers d'étudiants ont manifesté sans incident, à Alger et dans d'autres villes du pays, pour dénoncer une «ruse» d'Abdelaziz Bouteflika pour se maintenir au pouvoir, au lendemain du retrait de sa candidature à un 5e mandat et du report sine die de la présidentielle.

«Les étudiants résistent à la prolongation du 4e mandat !», ont scandé les manifestants - auxquels se sont joints des enseignants -, ont constaté des journalistes. Ils ont brandi de nombreux drapeaux et défilé joyeusement dans les artères près de la Grande-Poste.

La place autour de ce bâtiment emblématique du coeur de la capitale algérienne est restée de longues heures noire de monde, avant que la foule se disperse dans le calme en fin d'après-midi.

«Pacifique, pacifique», ont-ils aussi clamé, reprenant un des mots d'ordre de la contestation née le 22 février, contre la candidature du président Bouteflika à un 5e mandat à la présidentielle, initialement prévue le 18 avril.

«Pas de ruse, Bouteflika», ont encore crié les étudiants algérois, qui manifestaient pour le 3e mardi consécutif, après des appels réitérés sur les réseaux sociaux dès le «message à la Nation» de M. Bouteflika lundi soir à la TV nationale.

Confronté à une contestation inédite en 20 ans de pouvoir, le chef de l'État algérien a annoncé qu'il renonçait à briguer un 5e mandat et a reporté sine die la présidentielle.

Il a prolongé ainsi son mandat jusqu'au prochain scrutin dont la date sera fixée par une «Conférence nationale», dont il souhaite que les travaux s'achèvent «avant la fin de l'année».

«C'est une ruse pour gagner du temps, pour tenter d'enrayer le mouvement, le temps de ramener une autre marionnette comme président», a déclaré Amel, étudiante en Mathématiques-Informatique à Alger.

«Bouteflika se moque de nous. Depuis le début il voulait prolonger son mandat [...] il a eu ce qu'il voulait [...] de manière illégale», a estimé Ghania Bellal, 19 ans, étudiante en journalisme à Alger.

Sur les pancartes, le «5», cerclé et barré de rouge, logo de la contestation initiale contre un 5e mandat, a laissé la place à un «4 "», refus du prolongement de l'actuel mandat de M. Bouteflika, qui expire le 28 avril.

Sur la Place Audin, non loin de la Grande-Poste, les étudiants ont recouvert un mur de mini-dazibao - pensées, slogans et revendications, drôles, revendicatifs ou poétiques - sur des «post-it» multicolores.

(Gouvernement de) «40 voleurs vs 40 millions» (d'habitants), «10 ans de décennie noire (de guerre civile)" 20 ans de Boutef = jeunesse perdue», «le système, on le chasse par la porte, il revient par la fenêtre», peut-on notamment lire.

Les étudiants se sont également mobilisés, sans incident, dans le reste de l'Algérie: à Constantine, 3e ville du pays, où près d'un millier d'entre eux ont défilé avec des enseignants, selon un journaliste local. Ou à Béjaïa, grande ville de Kabylie (nord), où ils étaient plusieurs milliers selon un étudiant.

D'importantes manifestations ont aussi eu lieu à Tizi-Ouzou et Bouira, en Kabylie, selon les images relayées sur les réseaux sociaux et par des médias.

À Annaba (nord-est), quelques centaines d'étudiants ont défilé, alors que des assemblées générales se déroulaient sur plusieurs campus.

La France, ancienne puissance coloniale, a salué mardi, par la voix du président Emmanuel Macron, la décision «du président Bouteflika», tout en appelant à «une transition d'une durée raisonnable».

Une ingérence mal perçue par les étudiants à Alger, comme on pouvait le lire sur des post-its : «Hé la France, on a eu notre indépendance seuls, on a vaincu le terrorisme seuls, on sortira le système seuls».

Mardi soir, le porte-parole de la diplomatie américaine Robert Palladino a réagi, sans se prononcer directement sur le renoncement du président Boutefklika, mais en affirmant le soutien des États-Unis à un processus politique «qui respecte la volonté de tous les Algériens» et en insistant sur leur droit à des «élections libres et justes». - AfricaLog avec agence

«Ce peuple ne veut pas de Bouteflika !»

Mar 03, 2019
«Ce peuple ne veut pas de Bouteflika !»

Plusieurs dizaines de milliers d'Algériens ont manifesté, pacifiquement pour l'essentiel, à travers le pays contre la perspective d'un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, en scandant des slogans hostiles au pouvoir, face à une police paraissant débordée.

A Alger, des affrontements ont opposé, non loin de la présidence, des policiers à des groupes de jeunes leur jetant des pierres, alors que l'essentiel des manifestants s'était dispersé sans incident.

Les vitrines de quelques boutiques ont été brisées, une agence bancaire et une voiture incendiées.

Les journalistes ont vu une dizaine de blessés, par des coups de matraque, des pierres que renvoyaient les policiers, des éclats de grenade lacrymogènes ou intoxiqués par les gaz.

Selon le bilan de la police, 56 policiers et 7 manifestants ont été blessés et 45 personnes arrêtées à Alger.

Les nombreuses manifestations en province se sont terminées sans incident.

En annonçant le 10 février sa candidature à la présidentielle du 18 avril, M. Bouteflika, au pouvoir depuis 1999 et handicapé par les séquelles d'un accident vasculaire cérébral (AVC) depuis 2013, a déclenché une contestation d'ampleur inédite en 20 ans et le visant directement, du jamais vu.

La mobilisation a été bien supérieure à celle de la semaine passée à Alger, alors qu'il reste moins de trois jours au camp présidentiel pour déposer dans les délais-jusqu'à dimanche minuit locale (23 h GMT) -le dossier de candidature de M. Bouteflika devant la Conseil constitutionnel.

Aucun chiffre indépendant concernant la mobilisation n'était disponible, mais des sources sécuritaires ont fait état de «plusieurs dizaines de milliers de personnes» dans la capitale.

Ces sources ont également recensé des manifestations dans près des deux-tiers des wilayas (préfectures) du nord du pays, zone la plus peuplée, sans donner de chiffre de participation.

Brandissant des drapeaux algériens, une foule de dizaines de milliers de manifestants s'est rassemblée en début d'après-midi aux cris de «Pouvoir assassin» sur l'emblématique Place de la Grande-Poste, dans le centre d'Alger.

La foule, hommes et femmes de tous âges,  n'a cessé de grossir, à mesure qu'arrivaient des cortèges de divers quartiers de la capitale-Casbah, Bab el-Oued ou 1er-Mai-qui le long du chemin, ont forcé plusieurs cordons de police, vite débordés.

«Pacifique !, pacifique !», scandaient les manifestants que quelques tirs de lacrymogènes, n'ont pas réussi à décourager. «Le peuple veut la chute du régime», «Non au 5e mandat ! », «On ne va pas s'arrêter !», a-t-on également entendu.

Aux balcons du centre-ville, des habitants solidaires agitaient des drapeaux algériens, verts et blancs frappés du croissant et de l'étoile rouge.

Une partie des manifestants a ensuite pris le chemin du Palais du gouvernement proche, siège des bureaux du premier ministre, Ahmed Ouyahia, aux cris de «Ce peuple ne veut pas de Bouteflika !».

A coups de dizaines de grenades lacrymogènes, la police a dispersé le millier de manifestants regroupés devant l'entrée de l'enceinte.

Un autre groupe de milliers de personnes se dirigeant vers la présidence a été bloqué à environ un km de sa destination par la police, avant de se disperser face aux tirs de grenades lacrymogènes, ne laissant que quelques groupes désireux d'en découdre.

En province, des défilés d'ampleurs diverses ont été recensés à Oran et Constantine, deuxième et troisième villes du pays.  

Mais aussi dans de nombreuses autres villes, notamment à Blida, Tizi-Ouzou, Béjaïa, Skikda, Annaba, Bouira, M'sila, Sétif, Biskra, Batna, Médéa, Tiaret et Sidi Bel Abbès.

A Oran, un manifestant a indiqué que la mobilisation était supérieure à celle de la semaine précédente. A Annaba, plusieurs milliers de personnes ont défilé dans le calme, selon un journaliste local.

«Nous sommes là pour encadrer la manifestation et éviter tout éventuel débordement», avait indiqué dans la matinée à un officier de police.

Les forces de l'ordre ont jusqu'ici largement laissé faire, même à Alger où toute manifestation est interdite depuis 2001, mais le camp présidentiel a fait savoir cette semaine qu'il n'entendait pas reculer face à la rue.

Certains observateurs craignaient que les partisans du chef de l'État n'utilisent la manière forte pour s'éviter une campagne électorale avec le double handicap d'un candidat absent physiquement-M. Bouteflika n'apparait plus qu'à de rares occasions et ne s'est pas adressé à la nation depuis son AVC-et contesté dans la rue.

La candidature de M. Bouteflika sera déposée le 3 mars, a annoncé son directeur de campagne, Abdelmalek Sellal. «Personne n'a le droit d'empêcher un citoyen algérien de se porter candidat. C'est un droit constitutionnel».

Le retour en Algérie du chef de l'État, hospitalisé depuis dimanche à Genève, officiellement «pour des examens médicaux périodiques», n'a cependant toujours pas été annoncé.

Comme d'autres membres du camp présidentiel, Ahmed Ouyahia a quant à lui, agité le spectre de la sanglante «décennie noire» de guerre civile (1992-2002) en Algérie et du chaos syrien.

Les manifestants lui ont répondu aujourd'hui en scandant massivement «Ouyahia, l'Algérie c'est pas la Syrie ! ». - AfricaLog avec agence

Muhammadu Buhari réélu président du Nigeria

Feb 27, 2019
Muhammadu Buhari réélu président du Nigeria

Muhammadu Buhari a été réélu président du Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec ses 190 millions d'habitants, devançant de plusieurs millions de voix son rival Atiku Abubakar, selon les résultats communiqués par la commission électorale.

Le chef de l'État sortant menait le scrutin présidentiel de samedi avec quelque 5 millions de voix d'avance, alors qu'il ne manquait plus que les résultats d'un seul État (État de Rivers), dont le nombre d'inscrits n'atteint pas ce chiffre.  

Malgré l'heure tardive de l'annonce officielle, quelques centaines de personnes s'étaient rassemblées au quartier général du Congrès des Progressistes (APC) à Abuja, pour sabrer le champagne au son de l'afropop. 
 
Sur Twitter, son porte-parole Bashir Ahmad avait déjà annoncé que «Buhari a gagné», sans attendre la proclamation officielle.  

Au fur et à mesure que la Commission électorale indépendante (INEC) annonçait les résultats, État par État, parti par parti, le suspense se réduisait dans cette course qui s'annonçait pourtant serrée entre le président sortant et le candidat du Parti Populaire Démocratique (PDP),  Atiku Abubakar.

Les écarts entre les candidats, tout deux haoussas du nord et musulmans, étaient certes moins prononcés que lors du scrutin de 2015, entre Buhari et Goodluck Jonathan, chrétien du Delta, mais Buhari a réussi à maintenir une large avance sur son adversaire.

Atiku Abubakar, riche homme d'affaires et ancien vice-président du Nigeria entre 1999 et 2007, a la réputation d'être l'un des hommes politiques les plus corrompus du pays.  
Buhari, ancien général qui avait déjà dirigé le pays en 1983 pendant les dictatures militaires est un homme austère qui s'est engagé à mener une lutte féroce contre la corruption, le «cancer» qui ronge le premier producteur de pétrole d’Afrique.

L'opposition a dénoncé des fraudes massives du parti au pouvoir pour maintenir Muhammadu Buhari à la tête du pays, et avait demandé l'interruption des résultats mardi soir. Toutefois, cette demande ne peut se faire que par voie de justice.  

La mobilisation des électeurs nigérians a été faible lors de ce scrutin, avec un taux de participation d'environ 40 %. - AfricaLog avec agence

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