Le livre Becoming de Michelle Obama a connu une première semaine de ventes fulgurante.
L'éditeur a indiqué mercredi que les mémoires de l'ex-première dame se sont vendus à plus de 1,4 million d'exemplaires en formats papier et numérique aux États-Unis et au Canada dans les sept jours ayant suivi leur parution, le 13 novembre.
En tenant compte de la demande des différents détaillants, l'éditeur a imprimé trois millions d'exemplaires papier en Amérique du Nord. À son premier jour, le livre s'est vendu à plus de 725 000 exemplaires, en faisant l'un des titres ayant connu les meilleurs débuts cette année.
L'éditeur a souligné que Becoming est actuellement au premier rang des essais au Royaume-Uni, en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, en Espagne, au Danemark et en Finlande.
Becoming surpasse largement le rythme de vente des mémoires des premières dames qui ont précédé Michelle Obama. En 2003, Living History de Hillary Clinton avait connu des ventes dans la première semaine d'environ 600 000 exemplaires. - AfricaLog avec agence
"Additionnons nos espoirs au lieu d'opposer nos peurs", a lancé dimanche Emmanuel Macron aux 72 dirigeants mondiaux réunis à Paris, dénonçant le "nationalisme" dont se revendique notamment Donald Trump, fer de lance des dirigeants hostiles au multilatéralisme cher au président français.
Dans son allocution sous l'Arc de Triomphe pour célébrer le centenaire de l'Armistice de la Grande guerre, un discours lyrique mais aussi politique, il a appelé ses pairs à refuser "la fascination pour le repli, la violence et la domination" devant un parterre de dignitaires dont les présidents américain Donald Trump, russe Vladimir Poutine ou turc Recep Tayiip Erdogan.
Fervent défenseur d'un système de gouvernance mondiale multilatéral et libre-échangiste, le président français a dénoncé le nationalisme, dont s'est revendiqué plusieurs fois ces dernières semaines Donald Trump.
Même s'ils affirment bien s'entendre, les deux hommes ont des vues très divergentes, M. Trump étant clairement hostile au multilatéralisme, ce socle idéologique des relations internationales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de plus en plus dénoncé par certains électeurs et dirigeants dans le monde au nom de la défense des intérêts nationaux.
"Le patriotisme est l'exact contraire du nationalisme. Le nationalisme en est sa trahison", a dit le président français, alors que M. Trump met un point d'honneur à se dire régulièrement nationaliste.
"Un mondialiste est une personne qui veut que le monde s'en sorte, sans vraiment se préoccuper de notre pays (...). Vous savez ce que je suis? Je suis un nationaliste", avait-il notamment déclaré en octobre.
M. Macron a enfoncé le clou dans un entretien à la chaîne américaine CNN qui sera diffusé dimanche après-midi. "Je suis un patriote (...) Je ne crois pas en un mondialisme indiscriminé (...) Mais je ne suis pas nationaliste, ce qui est très différent d'être patriote. Je défends mon peuple. Je défends mon pays, je pense que nous avons une identité forte. Mais je crois profondément à la coopération entre les peuples, et que cette coopération est bonne pour tout le monde".
Le message est directement adressé à Donald Trump, partisan d'une négociation directe avec les autres pays, utilisant sa puissance et différents moyens de pression pour avancer et préserver l'intérêt national américain. Cela se traduit par exemple par l'instauration de droits de douanes, le retrait unilatéral de l'accord de Paris sur le climat ou de l'accord sur le nucléaire iranien.
"Ensemble, nous pouvons conjurer ces menaces que sont le spectre du réchauffement climatique et de la dégradation de notre nature, la pauvreté, la faim, la maladie, les inégalités, l'ignorance", a espéré M. Macron sous l'Arc de Triomphe.
En mémoire de "l'immense cortège des combattants" de la Grande guerre, "venus du monde entier, parce que la France représentait pour eux tout ce qu'il y avait de beau dans le monde", il a appelé ses pairs à refuser "la fascination pour le repli, la violence et la domination".
"Souvenons-nous! N'oublions pas!", a-t-il plaidé, "cent ans après un massacre dont la cicatrice est encore visible sur la face du monde". "Puisse ce rassemblement ne pas être seulement celui d'un jour".
"Durant ces quatre années, l'Europe manqua de se suicider", a poursuivi le chef de l'Etat, qui a rendu hommage à "l'espérance pour laquelle toute une jeunesse accepta de mourir, celle d'un monde enfin rendu à la paix", pour terminer par un plaidoyer pour les institutions internationales, l'Europe d'aujourd'hui et l'ONU.
"Cela s'appelle, sur notre continent, l'amitié forgée entre l'Allemagne et la France (...). Cela s'appelle l'Union européenne, une union librement consentie jamais vue dans l'Histoire et nous délivrant de nos guerres civiles. Cela s'appelle l'Organisation des Nations Unies". "C'est cette certitude que le pire n'est jamais sûr tant qu'existent des hommes et des femmes de bonne volonté", a-t-il dit.
Il a aussi dénoncé l'état d'esprit "qui alimente les contre-vérités, accepte les injustices, nourrit les extrêmes et l’obscurantisme". - AfricaLog avec agence
Jusqu'à récemment, le seul horizon de Molly était la fin de la journée. Labourer le champ d'un autre, gagner juste assez d'argent pour manger, et recommencer. "Un cercle sans fin dont je n'arrivais pas à m'extirper", raconte cette Kényane de 25 ans.
Une histoire banale dans son village de la région de Bondo, dans l'ouest du Kenya, où la plupart des habitants vivent plus que simplement et s'échinent à faire pousser du maïs, du millet ou du coton sur un sol ocre et poussiéreux.
Mais tout cela, raconte-t-elle, c'était avant l'introduction en octobre 2016 du revenu universel de base dans son bourg, dans le cadre d'une étude à grande échelle réalisée sur une période de 12 ans.
Molly reçoit désormais 2.250 shillings par mois (19,50 euros), une somme qui a selon elle "tout changé". "J'ai pu économiser pour payer des études d'institutrice maternelle", dit-elle fièrement, depuis sa maison de béton au toit de tôle, autour de laquelle picorent quelques poules. "Ca a été le petit coup de pouce qui a fait basculer la situation."
Grâce à ses études, elle travaille désormais comme stagiaire rémunérée à l'école du village. Avec le revenu universel et quelques petits boulots, Molly a plus que triplé ses revenus mensuels et touche aujourd'hui quelque 5.000 shillings (43,30 euros) par mois.
Et surtout, dit-elle, elle regarde vers l'avenir. "Avant j'avais Ă peine assez d'argent pour survivre, alors que maintenant j'ai des projets. Je vais bientĂ´t passer mon diplĂ´me d'institutrice". "Je vais mĂŞme chez le coiffeur une fois tous les deux mois", sourit-elle.
Le village de Molly, au nom tenu secret pour ne pas attiser les convoitises, est l'un de ceux choisis par l'ONG américaine Give Directly pour tester le revenu universel de base dans la région de Bondo, sélectionnée pour sa pauvreté, sa stabilité et l'efficacité d'un système de transfert d'argent par téléphone utilisé au Kenya.
Créée en 2010, cette ONG active dans plusieurs pays africains se démarque de l'aide humanitaire "traditionnelle", préférant donner de l'argent directement aux gens plutôt que "décider à leur place" ce dont ils ont besoin, explique Caroline Teti, responsable des Relations extérieures pour Give Directly au Kenya.
Mais au lieu des transferts d'argent "en une fois" pratiqués depuis sa création, elle souhaite désormais tester l'efficacité d'un revenu versé mensuellement.
"Nous posons un certain nombre de questions:
lorsqu'on donne de l'argent aux gens chaque mois, vont-ils s'arrêter de travailler? Vont-ils prendre des risques dans leurs investissements en sachant qu'ils auront des revenus quoi qu'il arrive?", détaille Mme Teti. "Comment cela affecte-t-il leurs aspirations?"
"Il y a un débat mondial sur le revenu universel et nous voulons des preuves pour avancer", poursuit-elle, ajoutant que l'étude s'inscrit dans le contexte spécifique du "soulagement de la pauvreté en Afrique". "En Occident, le débat sur le revenu universel est tout autre et tourne notamment autour du rôle de l'État-providence ou des pertes d'emploi."
Le village de Molly est "pilote". La vraie étude, débutée en janvier, est menée, elle, dans des dizaines d'autres villages de la région.
Les habitants de 40 d'entre eux recevront 2.250 shillings par mois pendant 12 ans, tandis que ceux de 80 villages recevront la même somme pendant seulement deux ans. Les habitants de 76 autres villages recevront pour leur part 51.000 shillings (440 euros) en deux tranches espacées de deux mois, soit un mode de fonctionnement plus proche de celui déjà utilisé par l'ONG.
En tout, quelque 20.000 personnes bénéficieront d'une forme de revenu dans le cadre de cette étude, qui est selon Give Directly la plus importante jamais réalisée dans ce domaine, en termes de durée et de nombre de bénéficiaires.
Dans le même village que Molly, Edwin, 29 ans, envisage de remplacer sa maison de torchis par une maison en béton, alors que Monica et son époux ont investi dans un élevage de poulets.
"On a un tout nouvel enclos et quelques poulets", montre cette commerçante de 30 ans, portant une élégante robe noire rapiécée à plusieurs endroits. Cette mère de trois enfants dit espérer à terme pouvoir leur payer des études, pour qu'ils ne "vivent pas dans la pauvreté, comme nous". "Chacun dans le village utilise l'argent différemment", se réjouit-elle.Give Directly se dit toutefois conscient des limites du transfert d'argent comme alternative à l'aide humanitaire traditionnelle.
"Dans une situation de conflit par exemple, les gens sont affectés au-delà du basique et n'ont peut-être plus d'endroit où dormir. Dans ce contexte, un revenu de base peut faire partie de la solution mais ne peut être la seule solution", souligne Mme Teti.
Elle souligne également que le revenu universel n'a pas pour but de se substituer à l'État pour la construction d'écoles ou d'hôpitaux.
A la question de savoir si le revenu universel est monté à la tête de certains, tous les habitants du village répondent de la même manière: "2.250 shillings, ce n'est pas assez pour acheter des choses inutiles, c'est juste assez pour vous nourrir et sortir de la pauvreté", juge Samson, un entrepreneur de 72 ans.
Monica met en garde: "Peut-être que, dans le futur, certains oublieront ce qu'ils ont traversé et commenceront à acheter des choses stupides..." Avant d'ajouter: "Mais je ne pense pas que ce sera le cas”. - AfricaLog avec agence
À 85 ans, dont 35 au pouvoir, Paul Biya, inamovible président du Cameroun, vient d'être déclaré réélu lundi pour un septième mandat, et se prépare dans les sept ans à venir à continuer à régner en maître absolu sur son pays pourtant confronté à d'importants défis sécuritaires.
Depuis 1982, il fait la pluie et le beau temps au Cameroun, construisant et brisant des carrières au gré de ses humeurs et de ses aspirations personnelles.
Il a tout verrouillé pour assurer son maintien à la tête du pays, s'appuyant sur l'administration et sur un parti-État, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) qu'il a créé en 1985. Ses opposants l'accusent de vouloir mourir au pouvoir et il n'a jamais affiché une quelconque volonté à  vouloir s'en passer.
Lundi, M. Biya, deuxième président à la plus longue longévité politique au monde, a été déclaré réélu à un septième mandat consécutif avec 71,28 % des suffrages.
«Aujourd'hui, on ne peut pas imaginer qu'il existerait un scénario où M. Biya quitterait le pouvoir normalement, naturellement avant le terme de son mandat. Tant qu'il pourra solliciter des mandats, je ne vois pas ce qui l'empêcherait de le faire », analyse Stéphane Akoa, politologue camerounais, chercheur à la Fondation Paul Ango Ella.
La présidentielle du 7 octobre a eu lieu dans un climat de violence dans les régions anglophones où l'armée, présente en force, combat des groupes séparatistes, alors que le président a souligné la nécessité de «manier à la fois fermeté et dialogue».
«Le Sphinx», comme on le surnomme au Cameroun en raison de son cynisme et de son goût du secret, est un chef effacé et absent qui contrôle pourtant tout.
Dans un récent ouvrage, Titus Edzoa, ex-proche collaborateur du président Biya, le décrit comme un chef enfermé « dans une bulle aseptisée, protégé par un petit clan complice, féroce et insatiable », qui «constitue un écran hermétique entre lui et le peuple».
Ancien séminariste catholique et étudiant à Sciences-Po à Paris, il se rend rarement à l'intérieur de son pays, mais régulièrement en Suisse. Fin septembre, il est allé lancer officiellement sa campagne à Maroua, seul déplacement de sa campagne.
Les bains de foule auxquels il s'adonnait à coeur joie au début de sa présidence sont un lointain souvenir. La tentative de coup d'État de 1984 à laquelle il a dû faire face, deux ans seulement après son accession au pouvoir, semble l'avoir traumatisé.
«Les événements de 1984 ont changé sa façon d'être. Avant, il sortait dans Yaoundé, il était proche des gens. Mais, imaginez, il est resté des dizaines d'heures dans le bunker, il y avait les traces de balles quand il est sorti. Ça marque», confie un responsable sécuritaire à Yaoundé.
Craint, «l'homme lion» comme il s'était fait appeler à la présidentielle de 1997, est adulé et même déifié par certains caciques de son régime. «Nous sommes tous des créatures ou des créations du président Paul Biya [...]. Nous ne sommes que ses serviteurs, mieux, ses esclaves , affirmait en 2011 son ministre de l'Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo.
Il joue «de la violence et de la terreur, au gré de ses humeurs et des rumeurs, pour asservir ses collaborateurs et soumettre l'ensemble de la population», selon Titus Edzoa.
Biya est le troisième d'une famille de neuf enfants. Catéchiste, son père avait balisé le chemin pour qu'il devienne prêtre, mais il avait, contre toute attente, quitté le séminaire pour le lycée.
Après le décès de sa première épouse, Jeanne Irène, Paul Biya a épousé en 1994 Chantal, de près de 40 ans plus jeune que lui, rendue célèbre par ses coiffures extravagantes et ses très hauts talons.
«Paul aime Chantal, Chantal l'aime», s'enflamme dans un récent ouvrage Oswald Baboké, directeur adjoint du cabinet civil, en charge de la communication de la présidence.
C'est sur elle seule que «le gentleman-président» avait jeté son dévolu, après avoir rejeté toute l'année 1993 «moult propositions», écrit M. Baboké.
Avec cette ancienne serveuse de restaurant et mannequin qui s'occupe aujourd'hui d'oeuvres humanitaires, le président, amateur de costumes en alpaga et de cravates en soie, a eu deux enfants, Junior et Brenda Biya, admis à l'École nationale de la magistrature (ENAM) de Yaoundé.
Paul Biya avait déjà un autre fils, Franck, un homme d'affaires discret qui a notamment des intérêts dans le secteur du bois.
D'origine paysanne, le président possède une ferme avicole dans sa région natale du Sud, mais aussi des plantations d’ananas. - AfricaLog avec agence
Donald Trump a dénoncé samedi la "haine" aux Etats-Unis après la fusillade dans une synagogue de Pittsburgh, en Pennsylvanie, où un tireur a tué plusieurs personnes avant de se rendre.
"C'est franchement une chose terrible, terrible ce qu'il se passe avec la haine dans notre pays et partout dans le monde", a déclaré le président américain, avant d'ajouter: "Et quelque chose doit être fait".
Le bilan sera "plus dévastateur" que prévu initialement, a-t-il également averti avant de s'envoler pour une rencontre avec des agriculteurs dans l'Indiana.
Les médias américains évoquent au moins quatre morts et plusieurs blessés dans cette fusillade à l'intérieur de la synagogue "Tree of Life" (Arbre de vie) où des fidèles étaient rassemblés pour l'office de chabbat du samedi matin.
Le président américain a également souhaité renforcer la législation sur la peine de mort. "Quand des gens font ce genre de chose, ils devraient se voir infliger la peine capitale", a-t-il dit.
Interrogé sur la violence par armes à feu dans un pays régulièrement endeuillé par les fusillades, M. Trump a estimé qu'un garde armé aurait pu stopper le tireur.
"C'est un exemple où s'il y avait eu un garde armé à l'intérieur, ils auraient peut-être pu être en mesure de l'arrêter immédiatement", a-t-il dit. - AfricaLog avec agence
La Turquie va révéler «toute la vérité» sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul, a promis dimanche son président, Riyad assurant de son côté ignorer le «détail» des circonstances de sa mort, comme l'endroit où se trouve son corps.
Au lendemain des aveux de l'Arabie Saoudite qui ont suscité une vague de scepticisme, Donald Trump allant jusqu'à dénoncer des «mensonges», le président turc Recep Tayyip Erdogan est monté au créneau.
«Nous cherchons la justice ici, et toute la vérité sera révélée (...), la vérité nue», a-t-il lancé lors d'un rassemblement à Istanbul.
M. Erdogan a précisé qu'il ferait une déclaration sur cette affaire mardi au parlement.
Les explications de Riyad sur la mort du journaliste critique du prince héritier Mohammed ben Salmane et exilé aux États-Unis sont loin d'avoir convaincu les grandes capitales occidentales.
Dans un communiqué commun, Londres, Paris et Berlin ont estimé dimanche qu'il y avait «un besoin urgent de clarification» sur les circonstances de la mort «inacceptable» du journaliste, âgé de 59, au consulat saoudien à Istanbul.
Après avoir qualifié de «crédible» la version des Saoudiens, le président américain Donal Trump a évoqué cette fois «des mensonges», jugeant que «leurs histoires partent dans tous les sens».
«Il y a eu manifestement tromperie et mensonges», a-t-il déclaré dans un entretien au Washington Post, journal auquel collaborait Jamal Khashoggi.
Après sa disparition le 2 octobre, les autorités saoudiennes ont finalement admis samedi ce que tout le monde redoutait: le journaliste a bien été tué dans le consulat.
C'est le procureur général Saoud al-Mojeb qui a confirmé sa mort. «Les discussions entre lui et les personnes qui l'ont reçu au consulat ont débouché sur une bagarre et sur une rixe à coups de poing, ce qui a conduit à sa mort», a-t-il dit, cité par l'agence SPA.
Signe de contradictions persistantes, le directeur d'un centre de réflexion proche du pouvoir saoudien, Ali Shihabi, a affirmé que Khashoggi était mort étouffé des suites d'un «étranglement».
Dans un premier temps, les autorités saoudiennes avaient affirmé que le journaliste était ressorti vivant du consulat.
Des responsables turcs ont, eux, donné une autre version affirmant que Jamal Khashoggi avait été torturé et assassiné par une équipe de 15 agents saoudiens venus spécialement de Riyad. Selon des journaux turcs, son corps a été démembré.
«Pourquoi ces quinze hommes sont-ils arrivés ici? Pourquoi dix-huit personnes ont-elles été arrêtées?», a demandé dimanche le président turc.
Dans le contexte de cette affaire, Riyad a annoncé le limogeage du numéro deux du Renseignement saoudien, le général Ahmed al-Assiri, et de trois autres hauts responsables de ces services, ainsi que d'un conseiller «médias» à la cour royale, Saoud al-Qahtani. Dix-huit suspects saoudiens ont été interpellés.
Mais des analystes occidentaux ont vu dans ces limogeages et arrestations une tentative de désigner des boucs émissaires et d'épargner le prince héritier, considéré comme l'homme fort du royaume.
Mohammed ben Salmane n'était «pas informé» de l'opération, non-autorisée par le pouvoir, a affirmé dimanche le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir, dans un entretien à la chaîne américaine Fox News.
«Les individus qui ont fait cela l'ont fait en dehors du champ de leurs responsabilités. Une erreur monumentale a été faite, qui a été aggravée par la tentative de la cacher», a-t-il ajouté.
«Nous avons découvert qu'il a été tué au consulat (saoudien à Istanbul). Nous ne savons pas comment, dans le détail. Nous ne savons pas où se trouve le corps», a-t-il encore déclaré.
Cette affaire a provoqué une onde de choc mondiale et considérablement terni l'image de Riyad.
Allié des Saoudiens, le président américain est visiblement embarrassé par cette crise, avec des critiques y compris dans son propre camp républicain, mais il refuse de remettre en cause des méga-contrats, notamment militaires, avec Riyad.
Insistant sur l'importance des liens «stratégique» entre Washington et Riyad, le chef de la diplomatie saoudienne a estimé que cette «relation surmontera» l'affaire Khashoggi et ses répercussions diplomatiques.
Les principaux alliés de Riyad dans la région -Émirats arabes unis, Bahreïn, Égypte, Jordanie, Oman, Koweït et Autorité palestinienne-, ainsi que la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique (OCI), ont salué les annonces du royaume saoudien.
Entretemps, les enquêteurs turcs ont poursuivi leurs investigations, fouillant une vaste forêt proche d'Istanbul. Disant s'appuyer sur des enregistrements sonores, la presse turque a évoqué une décapitation de Khashoggi.
Vingt-cinq nouveaux témoins ont été convoqués dimanche par les procureurs engagés dans l'enquête en Turquie, a indiqué la télévision turque NTV.
Outre une crise de crédibilité, ce scandale international a poussé au boycott, par des responsables occidentaux et des dirigeants de firmes internationales, d'une grande conférence économique, chère au prince héritier, prévue à Riyad à partir de mardi.
De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel a prévenu dimanche que l'Allemagne n'autoriserait pas en l'état d'exportations d'armes vers l'Arabie Saoudite.
Cette affaire a aussi alimenté des spéculations selon lesquelles le prince héritier risquait d'être délogé du pouvoir par des membres de la famille royale irrités par ses «abus».
Mais, parmi les décrets de samedi, son père, le roi Salmane, a annoncé la formation d'une commission ministérielle dirigée par le prince héritier pour réorganiser les services de renseignement, montrant ainsi son intention de le maintenir aux plus hautes fonctions à ce stade. - AfricaLog avec agence
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, est «profondément troublé par la confirmation de la mort de Jamal Khashoggi», indique un communiqué des Nations unies publié peu après la reconnaissance par l'Arabie saoudite de la mort du journaliste saoudien.
Antonio Guterres «souligne la nécessité d'une enquête rapide, approfondie et transparente sur les circonstances de la mort» de Jamal Khashoggi, qui avait disparu le 2 octobre au consulat saoudien d'Istanbul. Que «ceux qui en sont responsables rendent pleinement compte» de leurs actes, ajoute le communiqué de l’ONU.
La rapidité de la réaction d'Antonio Guterres vendredi après l'aveu saoudien tranche avec la prudence observée jusqu'alors à l'ONU depuis début octobre.
Antonio Guterres s'était borné jusqu'à présent à réclamer la «vérité» sur le sort du journaliste saoudien, en dépit des multiples informations pointant du doigt la responsabilité de l'Arabie saoudite dans sa disparition.
Jeudi encore, après un appel de plusieurs ONG à l'ONU pour qu'une enquête internationale soit ouverte sur les circonstances de la disparition de Jamal Khashoggi, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, avait souligné que des enquêtes par la Turquie et l'Arabie saoudite étaient déjà en cours.


«Si toutes les parties sont d'accord», une enquête internationale des Nations unies peut être engagée par Antonio Guterres, avait ajouté le porte-parole. Pour qu'elle soit efficace, une enquête « a besoin de la coopération des parties» impliquées dans le dossier, avait-il insisté.
De leur côtés, les États-Unis sont «attristés» d'apprendre la mort du journaliste, a indiqué la Maison Blanche.
«Les États-Unis prennent note de l'annonce par le royaume d'Arabie saoudite que l'enquête sur le sort de Jamal Khashoggi progresse et qu'il [NDLR : le royaume] a entrepris des actions à l'encontre des suspects qui ont été pour l'instant identifiés», a affirmé la porte-parole de l'exécutif américain, Sarah Sanders.
«Nous sommes attristés d'apprendre que la mort de M. Khashoggi a été confirmée, et nous présentons nos condoléances les plus sincères à sa famille, à sa fiancée et à ses amis», a-t-elle ajouté.
«Nous continuerons à suivre de près les enquêtes internationales sur cet événement tragique et à appeler à ce que justice soit rendue dans les meilleurs délais et de manière transparente, et en accord avec l'état de droit», a-t-elle encore dit.
L'Arabie saoudite a affirmé samedi que le journaliste saoudien avait été tué à l'intérieur de son consulat à Istanbul lors d'une rixe.
Des élus américains se sont montrés nettement plus durs que la Maison Blanche concernant l'annonce saoudienne.
Le sénateur Lindsey Graham, un proche allié du président Donald Trump, a mis en doute la crédibilité des autorités saoudiennes, qui ont assuré pendant deux semaines que le journaliste avait quitté le consulat vivant.
«Dire que je suis sceptique sur la nouvelle version saoudienne sur M. Khashoggi est un euphémisme», a gazouillé le sénateur républicain.
Bob Menendez, membre démocrate de la commission des Affaires étrangères au Sénat, a lui estimé que les États-Unis devaient sanctionner les Saoudiens impliqués.
«Même si Khashoggi est mort en raison d'une altercation, rien n'excuse son meurtre, a-t-il gazouillé. C'est loin d'être la fin [de l'affaire], et il faut que nous maintenions la pression internationale.» - AfricaLog avec agence
Comme un parfum de guerre froide? Face à la Chine, les États-Unis de Donald Trump ont lancé une offensive frontale sur tous les fronts, jamais tentée auparavant, mais dont l'issue reste incertaine.
La scène se passe aux Nations unies. Comme chaque année en septembre, un petit déjeuner réunit les cinq membres permanents du Conseil de sécurité. "C'était glacial", raconte un témoin, décrivant "une diatribe terrible" du chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo contre Pékin, "une confrontation globale, dense", et une réponse tout aussi "violente" de son homologue chinois Wang Yi.
La charge, dans ce huis clos d'ordinaire feutré, préfigure un discours, public celui-là , prononcé le 4 octobre par le vice-président Mike Pence.
Compétition commerciale déloyale, expansionnisme diplomatique et militaire notamment en mer de Chine du Sud, atteintes massives aux libertés publiques et aux minorités religieuses... Dans ce réquisitoire d'une dureté inédite, tout y passe. Jusqu'à cette étonnante accusation d'ingérence électorale pour se débarrasser du président Trump.
"La Chine n'avait jamais été attaquée publiquement de cette manière auparavant", dans "une attaque frontale tous azimuts", explique Elizabeth Economy, chercheuse au Council on Foreign Relations.
Selon elle, l'approche est "nouvelle" car Washington "met désormais explicitement sur la table tous les défis chinois auxquels sont confrontés les États-Unis et les pays européens".
L'administration républicaine "a choisi de suivre une voie différente par rapport aux précédents gouvernements, mettant l'accent sur la pression publique au détriment de la diplomatie", estime aussi Ryan Hass, ancien de la précédente administration démocrate de Barack Obama, aujourd'hui expert à la Brookings Institution.
Les paroles sont accompagnées d'actes: le président Trump a engagé une vraie guerre commerciale, imposant des tarifs douaniers supplémentaires sur 250 milliards de dollars d'importations chinoises et menaçant de nouvelles taxes.
Et d'autres mesures sont annoncées, comme ce tour de vis aux transferts de technologies nucléaires civiles pour lutter contre leur "détournement" à "des fins militaires".
Depuis le dégel des relations avec la Chine de Mao engagé par Richard Nixon en 1972, les États-Unis avaient toujours fait en sorte de maintenir le dialogue, dans l'espoir qu'une plus grande ouverture économique aboutirait à une plus grande ouverture diplomatique et politique. Mais au sein du pouvoir, le choix du bras de fer gagne des partisans.
"Il y a un sentiment général à Washington que la Chine et son économie sont désormais trop importants pour qu'on leur permette de continuer à enfreindre toutes les règles internationales", constate Elizabeth Economy. D'autant que le président chinois Xi Jinping est "porteur d'une Chine très différente sur la scène mondiale, avec une politique étrangère beaucoup plus ambitieuse et expansionniste".
Outre le différend sur la mer de Chine du Sud, deux initiatives réveillent les craintes: les "nouvelles routes de la soie", mégaprojet d'infrastructures pour relier le géant asiatique au reste du monde, et le plan "Made in China 2025" pour en faire un leader technologique.
"Les États-Unis ont peur de voir la Chine lui disputer son leadership mondial", explique à Pékin l'universitaire indépendant Hua Po.
Un tel face-à -face entre les deux premières économies de la planète semble ramener les relations internationales plusieurs décennies en arrière.
Pour Hua Po, "Trump veut clairement mener une nouvelle guerre froide" et utilise pour cela tous les outils de la puissance américaine. Il met le paquet pour "gagner un cent mètres, mais la Chine veut disputer un marathon avec les États-Unis".
D'après cet expert, "les Européens n'ont pas particulièrement envie de suivre cette guerre froide de Trump car ils ne considèrent pas que la Chine représente une menace substantielle pour l'Europe comme l'ex-Union soviétique".
Or, les États-Unis seuls ont peu de chances de changer la Chine.
"L'administration Trump fait le pari" que son approche va faire évoluer Pékin, car elle pense que la Chine veut "éviter toute confrontation", décrypte Ryan Hass. Mais selon lui, les Chinois "voient peu d'intérêt à accéder aux demandes de Trump sur le commerce ou autres, car cela ne résoudra pas l'origine de la rivalité croissante, à savoir les efforts américains pour contenir la montée en puissance de la Chine".
Reste à savoir ce que veulent vraiment les États-Unis.
Initialement, le président semblait prêt à se satisfaire d'une offre chinoise visant à gonfler les importations de biens américains pour rééquilibrer la balance commerciale – une promesse-clé de sa campagne.
Son entourage semble l'avoir persuadé de passer à une vision plus stratégique pour obtenir un changement en profondeur du comportement chinois. Ce qui s'annonce plus que difficile.
Il n'est pas exclu pour autant que "le président Trump se contente d'un petit succès pour revendiquer une grosse victoire", d'autant qu'il a besoin de l'aide de Pékin pour aboutir à la dénucléarisation nord-coréenne, nuance Elizabeth Economy. Dans ce cas, les tensions retomberaient. - AfricaLog avec agence
L'ambitieuse ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, Nikki Haley, la femme la plus en vue du gouvernement de Donald Trump, a annoncé mardi sa démission à la surprise générale tout en réaffirmant sa loyauté au président américain.
"Elle m'a dit il y a environ six mois qu'elle souhaitait prendre une pause", a justifié le milliardaire républicain, louant le "travail fantastique" de son "amie", présente à ses côtés, tout sourires, dans le Bureau ovale.
"Elle a été très spéciale pour moi", a-t-il insisté, soucieux de minimiser le choc politique créé par le départ de cette personnalité populaire à moins d'un mois de législatives délicates pour son camp, notamment au moment où les électrices semblent se détourner de plus en plus des candidats républicains.
Donald Trump a précisé que la démission serait effective "à la fin de l'année" et qu'il dévoilerait le nom d'un successeur "d'ici deux ou trois semaines".
Il a ensuite évoqué l'hypothèse d'une nomination de sa propre fille Ivanka Trump --"ce serait de la dynamite"-- mais "je serais accusé de népotisme", a-t-il aussitôt regretté. L'intéressée a elle-même exclu cette possibilité dans un tweet.
"Il est important de savoir quand il est temps de faire un pas de côté", a seulement expliqué l'ex-gouverneure de Caroline du Sud.
Ses motivations restent donc un mystère.
Ambitions politiques? Désaccords de fond au lendemain de l'arrivée du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême malgré des accusations d'abus sexuels? Besoin de se ressourcer dans le privé alors que ses déclarations d'intérêts font apparaître d'importantes dettes?
Ou alors le risque soulevé par une enquête potentielle, réclamée lundi, à la veille de sa démission, par une association de défense de l'éthique sur sept vols en avions privés offerts l'an dernier à l'ambassadrice par des hommes d’affaires?
Quoi qu'il en soit, son départ a pris de court des collègues à Washington et à l'ONU, où son bilan a été globalement salué.
Nikki Haley, 46 ans, à qui l'on prête régulièrement des vues sur la Maison Blanche, a assuré qu'elle ne serait pas candidate à la présidentielle de 2020 et qu'elle soutiendrait Donald Trump. - AfricaLog avec agence
Un des principaux candidats à la présidentielle de dimanche au Cameroun, Maurice Kamto, a revendiqué lundi la victoire face à Paul Biya, président sortant, se mettant "hors-la-loi", selon le gouvernement.
"J'ai reçu mission de tirer le penalty, je l'ai tiré et je l'ai marqué", a déclaré M. Kamto à la presse à Yaoundé. "J'ai reçu du peuple un mandat clair que j'entends défendre jusqu'au bout".
Il n'a pas cependant donné de chiffre, de pourcentage et n'a pas indiqué sur quoi il basait ses affirmations.
Par cette proclamation avant les résultats officiels, M. Kamto est "manifestement hors-la-loi", a déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary. "Quiconque se met en travers (des institutions nationales) rencontrera naturellement la rigueur de la loi, parce que la force appartient à la loi".
"M. Kamto n'aura pas le gouvernement en face, mais toute la nation qui n'accepte pas qu'on déstabilise la seule religion qui nous soit commune, à savoir la paix", a-t-il prévenu.
Ancien ministre délégué à la Justice (2004-2011) et avocat au barreau de Paris, Maurice Kamto, 64 ans, est président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC).
Il avait reçu vendredi le soutien d'un autre candidat de poids, Akere Muna, également avocat, qui s'était retiré de la course en sa faveur et était présent lundi à la conférence de presse.
Maurice Kamto a dénoncé de "multiples cas de fraude orchestrée par le pouvoir" auquel il a néanmoins tendu la main : "Mes bras leur restent ouverts pour qu'on œuvre ensemble à la renaissance nationale".
"J'invite le président de la République à organiser les conditions d'une transition pacifique afin de mettre le Cameroun à l'abri d'une crise électorale dont notre pays n'a nullement besoin", a poursuivi le président du MRC.
"Comme je m'y suis engagé, je lui assure à lui-même et à sa famille toutes les garanties de sécurité, d'immunité et de respect dû à son statut", a-t-il affirmé.
Grégoire Owona, ministre du Travail et secrétaire-général adjoint du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), a accusé M. Kamto d'avoir invité "insolemment le président Paul Biya à organiser la passation du pouvoir!".
Vendredi soir, Paul Atanga-Nji, ministre de l'Administration territoriale (Intérieur), avait affirmé que "toute forme de remise en cause du verdict des urnes en dehors des voies légales ne serait pas tolérée".
Légalement, le Conseil constitutionnel, composé de proches du président Biya, est le seul habilité à proclamer des résultats, au plus tard deux semaines après le scrutin.
M. Kamto faisait partie des sept candidats opposés au favori Paul Biya, 85 ans, dont près de 36 au pouvoir, qui briguait un 7e mandat consécutif.
Malgré le long délai de publication officielle, des résultats de centaines de bureaux de vote sur 25.000 installés dans tout le pays, circulaient sur les réseaux sociaux dès vendredi soir.
Dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, les deux régions anglophones frappées depuis un an par un conflit meurtrier entre des séparatistes et l'armée, des troubles ont émaillé le scrutin, auquel très peu de votants ont participé. Des coups de feu ont été entendus dans les deux capitales régionales, Buea et Bamenda, toute la journée et trois hommes armés, séparatistes présumés qui tiraient sur des passants, ont été abattus par les forces de l'ordre à Bamenda.
Selon Hans de Marie Heungoup, chercheur à l'International Crisis Group (ICG), "quasiment tous les retours nous parvenant situent le taux de participation en deça de 5%" dans ces régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest où plus de 300.000 personnes ont dû fuir leur domicile.
Dans le reste du pays, le vote s'est déroulé sans incident majeur rapporté, notamment à Yaoundé et Douala, capitales politique et économique.
Dans la région de l'Extrême-Nord, "verrou" de l'élection car la plus peuplée du Cameroun, il n'y a eu que très peu de représentants de partis d'opposition, censés surveiller le bon déroulement du vote, selon des témoignages concordants. - AfricaLog avec agence