Une énorme abstention et des violences ont marqué dimanche l'élection présidentielle dans l'ouest anglophone du Cameroun où les séparatistes armés avaient annoncé leur volonté d'empêcher le scrutin.
A Buea, capitale du Sud-Ouest anglophone quadrillée par d'imposantes forces de sécurité, les bureaux de vote ont été désertés tout au long de la journée, ont constaté des journalistes.
"On s'ennuie, personne ne vient voter, les gens sont restés chez eux parce qu'ils avaient peur", a déclaré Georges Fanang, scrutateur d'un parti d'opposition dans un bureau de la ville.
Dans ce bureau, seuls 7 électeurs sur 420 inscrits avaient fait le déplacement environ une heure avant la clôture officielle du vote à 18H00 (17H00 GMT).
Les 25.000 bureaux de vote avaient ouvert à 08H00 (07H00 GMT). La diffusion de tendances électorales est interdite au Cameroun et les résultats ne sont pas attendus avant au moins une semaine. Le Conseil constitutionnel dispose de deux semaines légalement pour les proclamer.
Selon Hans de Marie Heungoup, chercheur à l'International Crisis Group (ICG), "quasiment tous les retours nous parvenant situent le taux de participation en deça de 5%" dans les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest où plus de 300.000 personnes ont dû fuir leur domicile.
"Cette tres faible participation illustre l'emprise qu'ont désormais les séparatistes armés sur ces deux regions', a-t-il dit. "Elle exprime en même temps la rupture symbolique entre une partie des populations anglophones et la Republique du Cameroun".
De nombreux bureaux de vote n'avaient pu être installés dans des villages de ces régions, par crainte d'attaques séparatistes.
Des séparatistes qui avaient promis la "guerre" le jour du scrutin, menaçant de s'en prendre aux électeurs qui iraient voter.
Trois hommes armés, séparatistes présumés, qui tiraient sur des passants à Bamenda, capitale du Nord-Ouest, ont été abattus dimanche matin après avoir été traqués par les forces de sécurité.
Des coups de feu d'origine inconnue ont été entendus à la mi-journée par des journalistes de à Buea. Une voiture du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune et celle du sous-préfet ont également été prises pour cibles.
Dans la nuit de samedi à dimanche, dans la ville de Kumba dans le Sud-Ouest, un tribunal a été incendié par "des hommes armés", selon des témoins.
"Ce n'est pas impossible qu'il y ait des fauteurs de troubles" dans les régions anglophones, a déclaré dans la matinée le ministre de la Communcation, Issa Tchiroma Bakary, à des journalistes. "Mais je peux vous assurer que la large majorité des habitants sont prêts et veulent voter".
A la mi-journée, sous un grand ciel bleu, le président Biya, 85 ans dont près de 36 au pouvoir et qui briguuait un 7e mandat consécutif, a voté à Yaoundé.
Vêtu d'un costume bleu marine et accompagné de son épouse Chantal qui portait un ensemble jaune vif, il s'est réjoui du climat "de sérénité" dans lequel s'est déroulée la campagne et a espéré que le "peuple camerounais continuait à (lui) faire confiance".
Face à sept candidats, M. Biya est favori du scrutin, malgré la guerre qui s'est installée fin 2017 au Cameroun anglophone, après plus d'un an de crise socio-politique qui a lentement dégénéré en conflit armé.
Des centaines de séparatistes armés, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, combattent désormais violemment et quotidiennement l'armée camerounaise.
Plus de 175 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont été tués dans ce conflit en zone anglophone, ainsi que plus de 400 civils, selon les ONG. Aucun bilan n'est disponible du côté séparatiste.
Dans la région de l'Extrême-Nord, l'armée est également déployée pour combattre les jihadistes de Boko Haram qui lancent des assauts répétés depuis 2014 sur les populations camerounaises.
Juste avant le vote et pour la première fois depuis la présidentielle de 1992, deux opposants de poids se sont alliés contre Paul Biya: Akere Muna et Maurice Kamto.
Elecam, l'organe qui organise l'élection, a cependant refusé que les bulletins portant le nom de M. Muna soient retirés au profit de M. Kamto, estimant que le retrait vendredi de sa candidature avait été trop tardif et n'était pas prévu par la loi.
Deux autres candidats peuvent espérer un score significatif: Joshua Osih, candidat du Social democratic front (SDF, principal parti d'opposition) et Cabral Libii, benjamin de l'élection à 38 ans, qui a fortement mobilisé dans ses meetings. - AfricaLog avec agence
Travailler sans relâche et ne jamais se résigner à l'horreur. Le Dr Denis Mukwege, qui a reçu vendredi le prix Nobel de la Paix, "répare" depuis des années les femmes violées victimes des guerres oubliées dans l'est de la République démocratique du Congo.
A deux mois et demi d'élections cruciales en RDC, les jurés du prix Nobel ont aussi récompensé une voix parmi les plus sévères envers le régime du président Joseph Kabila, davantage entendue à l'étranger qu'au pays.
"L'homme cesse d'être homme lorsqu'il ne sait plus donner l'amour et ne sait plus donner l'espoir aux autres", déclarait-il en 2015 au personnel de l'hôpital de Panzi qu'il dirige à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu.
Âgé de 63 ans, marié et père de cinq enfants, le Dr Mukwege aurait pu rester en France après ses études à Angers (centre-ouest). Il a fait le choix de retourner dans son pays, et d'y rester aux heures les plus sombres.
Profondément croyant, ce fils de pasteur pentecôtiste "vit ses valeurs dans tout ce qu'il fait", et surtout, il "n'abandonne jamais", témoigne une Européenne qui a travaillé avec lui pendant plusieurs années à Panzi.
Par son combat pour la dignité des femmes du Kivu, il est aussi de fait le porte-parole des millions de civils menacés par les exactions des groupes armés ou des grands délinquants du Kivu, région riche en coltan.
Lui-même dans le viseur, il échappe de peu un soir d'octobre 2012 à une tentative d'attentat. Après un court exil en Europe, il rentre en janvier 2013 à Bukavu.
Entre deux voyages à l'étranger, comme cette année en Irak pour lutter contre la stigmatisation des femmes violées yazidies, le docteur Mukwege vit dans fondation de Panzi, qui se trouve sous la protection permanente de soldats de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco).
"C'est un homme droit, juste et intègre mais intraitable avec la médiocrité" qui veut faire de Panzi un pôle de référence "aux normes internationalement reconnues", dit de lui le Dr Levi Luhiriri, médecin de l'hôpital. Sa fondation est largement soutenue par l'Union européenne.
Né en mars 1955 à Bukavu, dans ce qui est alors le Congo belge, Denis Mukwege est le troisième de neuf enfants. Après des études de médecine au Burundi voisin, il rentre au pays pour exercer à l'hôpital de Lemera, sur les Moyens Plateaux du Sud-Kivu.
Il découvre alors les souffrances de femmes qui, faute de soins appropriés, sont régulièrement victimes de graves lésions génitales post-partum les condamnant à une incontinence permanente.
Après une spécialisation en gynécologie-obstétrique en France, il rentre à Lemera en 1989, pour animer le service gynécologique. Lorsqu'éclate la première guerre du Congo, en 1996, l'hôpital est totalement dévasté.
En 1999, le Dr Mukwege crée l'hôpital de Panzi. Conçu pour permettre aux femmes d'accoucher convenablement, le centre devient rapidement une clinique du viol à mesure que le Kivu sombre dans l'horreur de la deuxième guerre du Congo (1998-2003) et de ses viols de masse.
Cette "guerre sur le corps des femmes", comme l'appelle le médecin, continue encore aujourd'hui. "En 2015, on avait observé une diminution sensible des violences sexuelles. Malheureusement, depuis fin 2016-2017, il y a une augmentation", confiait-il en mars.
Déjà récompensé en Europe, aux États-Unis et en Asie pour son action, ce colosse débordant d'énergie à la voix grave et douce a lancé en 2014 un mouvement féministe masculin, V-Men Congo.
Il prête son image à une campagne mondiale incitant les grandes multinationales à contrôler leurs chaînes d'approvisionnement pour s'assurer qu'elles n'achètent pas des "minerais du sang", qui contribuent à alimenter la violence dans l'est du Congo.
Depuis 2015, alors que la RDC s'enfonce dans une crise politique émaillée de violences, "L'Homme qui répare les femmes", comme le décrit un documentaire sur son combat a dénoncé à plusieurs reprises "le climat d'oppression [...] et de rétrécissement de l'espace des libertés fondamentales" dans son pays.
Le nouveau prix Nobel a encouragé fin juin les Congolais "à lutter pacifiquement" contre le régime du président Joseph Kabila plutôt que de miser sur les élections prévues le 23 décembre "dont on sait d'avance qu'elles seront falsifiées".
"Nous sommes dirigés par des gens qui ne nous aiment pas", s'était-il emporté en mars en réaction au boycott par Kinshasa d'une conférence humanitaire sur la RDC.
A ceux qui le croient tenté par la politique, il rétorque néanmoins que seuls comptent pour lui les malades de Panzi, mais qu'il n'entend en rien renoncer à sa liberté d'expression. - AfricaLog avec agence
Deux candidats d'opposition camerounais ont formé vendredi soir une coalition, à moins de 48h de l'élection présidentielle prévue dimanche, a annoncé le porte-parole de l'un d'eux, Akere Muna, dans un communiqué reçu vendredi soir.
"Akere Muna accepte de retirer sa candidature à la Présidence de la République (...) et de soutenir Maurice Kamto", indique un communiqué signé du porte-parole d'Akere Muna, Paul Mahel.
M. Muna faisait partie des huit candidats qui affronteront dimanche le président sortant, Paul Biya, 85 ans, en poste depuis 1982 et qui brigue un 7ème mandat consécutif.
C'est la première fois depuis l'élection présidentielle de 1992 que deux opposants à Paul Biya forment une coalition contre le président sortant.
"Ce ralliement, intéressant pour la vitalité de la vie politique camerounaise, pourrait arriver trop tardivement pour créer une dynamique de fond", a déclaré Hans de Marie Heungoup, chercheur au centre d'analyses International Crisis Group (ICG).
Maurice Kamto, ancien ministre délégué à la Justice entre 2004 et 2011, a fondé son parti politique en 2012. Il fait figure d'opposant de poids selon les analystes.
Avocat au barreau de Paris, il a notamment négocié avec succès pour son pays le contentieux territorial avec le Nigeria sur la presqu'île de Bakassi.
Ses partisans estiment que son expérience au sein de l'appareil d'Etat est un atout quand ses détracteurs n'hésitent pas à critiquer son soutien passé à Paul Biya.
Akere Muna est l'ancien bâtonnier du Cameroun et fondateur de la branche camerounaise de l'ONG de lutte contre la corruption Transparency International.
Il faisait aussi figure d'opposant de poids à Paul Biya, malgré une campagne plus timorée.
Le président Biya, invisible physiquement durant la campagne hormis un meeting dans la région de l'Extrême-Nord samedi, est néanmoins omniprésent : des milliers d'affiches à son effigie ont été collées partout dans le pays depuis le début de la campagne.
Cela faisait plusieurs jours que des rumeurs couraient sur la formation d'une coalition de plusieurs candidats de l'opposition.
D'autres candidats à l'élection présidentielle ont évoqué l'idée d'une coalition, notamment le candidat du principal parti d'opposition Joshua Osih, sans que cela se concrétise pour l'heure.
Vendredi matin, le camp de Kamto a accusé le pouvoir en place de préparer une "fraude massive" en vue du scrutin de dimanche.
"Nous n'accepterons aucun résultat si ce type de fraude continue", a indiqué le directeur de campagne de Maurice Kamto, Paul-Eric Kingue.
"En tentant d'organiser le chaos, ils risquent d'être désagréablement surpris", a réagi le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary.
L'élection présidentielle se tiendra dans un contexte sécuritaire tendu, avec un conflit armé dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et les assauts répétés des jihadistes de Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord. - AfricaLog avec agence
La Première dame américaine Melania Trump a annoncé mercredi qu'elle se rendrait début octobre dans quatre pays africains, son premier grand voyage en solo dédié à la cause du bien-être des enfants.
«Le 1er octobre marquera le premier jour de ma visite en solo dans quatre pays d'Afrique magnifiques et très différents: Ghana, Malawi, Kenya et Égypte», a déclaré l'épouse du président Donald Trump lors d'une réception pour les conjoints des dirigeants présents à New York pour l'Assemblée générale annuelle de l’ONU.
L'ex-mannequin de 48 ans a souligné que ces pays avaient travaillé avec l'agence américaine pour le développement (USAID) afin d'aider les enfants.
«Je suis si fière du travail de cette administration, via l'USAID et d'autres moyens», a-t-elle ajouté, expliquant que ce voyage lui permettrait de mettre l'accent notamment sur les soins aux nouveaux-nés et l'éducation.
«Que ce soit pour l'éducation, la dépendance des drogues, la faim, la sécurité sur internet, les intimidations, la pauvreté ou les maladies, ce sont trop souvent les enfants qui sont les premières victimes dans le monde», a-t-elle souligné, en présence des Premières dames du Ghana, du Kenya et du Malawi.
Slovène d'origine, Melania Trump, troisième épouse de Donald Trump et mère de leur fils Barron, avait déjà voyagé seule en septembre 2017. Elle s'était alors rendu à Toronto, où elle avait rencontré le prince Harry et assisté à l'ouverture des jeux qu'il organise pour les anciens combattants blessés ou handicapés.
Elle a aussi participé à plusieurs déplacements à l'étranger avec son mari.
Donald Trump, lui, n'est pas encore allé en Afrique depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier 2017. Mais il a reçu, avec Melania, le président kenyan Uhuru Kenyatta et sa femme à Washington en août.
Par le passé, le milliardaire républicain avait dénoncé, selon des médias américains, l'immigration en provenance de «pays de merde», une allusion qui renvoyait notamment à des pays africains et qui avait fait polémique.
Peu avant l'annonce de mercredi, Donald Trump avait évoqué le voyage de son épouse en Afrique devant des journalistes. «Elle va faire un grand voyage en Afrique. Nous aimons tous les deux l'Afrique. L'Afrique est si belle», avait-il lancé. - AfricaLog avec agence
Donald Trump faisait face vendredi à une nouvelle polémique explosive sur sa capacité à gouverner, un haut responsable de l'administration ayant évoqué en 2017 la possibilité de le mettre à l'écart du pouvoir, selon des informations du New York Times que ce dernier dément fermement.
Au coeur de ces nouvelles révélations: Rod Rosenstein, numéro deux du ministère de la Justice qui supervise l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur les soupçons de collusion entre l'équipe de campagne de Donald Trump en 2016 et le Kremlin.
Le New York Times s'appuie sur plusieurs sources, notamment des notes prises par des agents du FBI. Or l'un des auteurs de ces compte-rendus, Andrew McCabe, ex-directeur par intérim du FBI, n'a pas démenti leur contenu vendredi. "Il ignore comment un journaliste peut avoir obtenu ces notes", a simplement écrit son avocat, Michael R. Bromwich.
Selon le Washington Post, M. McCabe explique dans ses notes qu'en mai 2017, un Rod Rosenstein très inquiet après le limogeage choc du chef du FBI, James Comey, par le président américain, a suggéré devant témoins qu'il faudrait enregistrer Donald Trump à son insu pour rendre compte du "chaos" régnant à la Maison Blanche.
Il aurait alors discuté d'une mise à l'écart de M. Trump, en activant une procédure encore jamais utilisée aux Etats-Unis, prévue par le 25e amendement de la Constitution en cas d'inaptitude du président à gouverner.
L'article du New York Times prend un écho particulier après plusieurs publications récentes qui décrivent une Maison Blanche dysfonctionnelle, où de hauts responsables vont jusqu'à contourner les ordres présidentiels: le livre du journaliste d'investigation Bob Woodward et la tribune d'un haut responsable anonyme de l'administration Trump.
Ce dernier texte, publié par le même New York Times, affirmait également que certains membres du cabinet avaient brièvement envisagé d'écarter Donald Trump de la présidence peu après son arrivée à la Maison Blanche, en janvier 2017.
Rod Rosenstein a catégoriquement nié vendredi estimer que Donald Trump n'était pas en mesure d'exercer ses fonctions.
"Je veux être clair sur ce point: sur la base de mes échanges personnels avec le président, il n'existe aucun fondement pour invoquer le 25e amendement de la Constitution", a-t-il écrit.
"L'article du New York Times est inexact et incorrect", a-t-il ajouté, dénonçant des "sources anonymes qui sont évidemment partiales contre le ministère".
"Je n'ai jamais envisagé ou autorisé un enregistrement du président", a-t-il martelé dans un nouveau communiqué publié dans la soirée.
"Aucune des propositions de M. Rosenstein n'a apparemment abouti", souligne le New York Times. Mais "il a dit à M. McCabe qu'il pourrait parvenir à convaincre" le ministre de la Justice, Jeff Sessions ainsi que John Kelly, alors ministre de la Sécurité intérieure, de se joindre à ses efforts.
Le ministère de la Justice a laissé entendre qu'une plaisanterie de M. Rosenstein avait en fait été mal comprise, en publiant le témoignage, sous couvert d'anonymat, d'un ex-haut responsable qui se trouvait "dans la salle" lorsqu'il a évoqué le sujet.
"Son commentaire était sarcastique et n'a jamais été débattu avec une quelconque intention d'enregistrer une conversation avec le président", dit-il.
L'avocat d'Andrew McCabe, Michael R. Bromwich, explique lui que son client a bien mis sur papier la teneur de ses rencontres avec de hauts responsables du gouvernement Trump. Il les a toutes livrées au procureur Mueller il y a "plus d'un an". Une autre copie de ces notes était encore conservée au FBI en janvier 2018.
Ces révélations vont en tout cas dans le sens du scénario, martelé sans relâche par Donald Trump, de forces à l'oeuvre contre lui au sein même de son administration.
Son fils, Donald Junior, a d'ailleurs rapidement ironisé sur Twitter: "Personne n'est choqué que ces gars fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour saper" la présidence Trump.
De quoi inquiéter les démocrates et autres défenseurs de l'enquête du procureur Mueller que Donald Trump n'a de cesse d'attaquer en dénonçant une "chasse aux sorcières".
Puisque le ministre de la Justice, Jeff Sessions, s'est récusé dans l'affaire russe, Rod Rosenstein est le seul rempart censé protéger la bonne marche des investigations.
Le chef de l'opposition démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a d'ailleurs rapidement averti vendredi: "cet article ne doit pas être pris comme prétexte pour servir l'objectif vil de limoger" Rod Rosenstein "afin de nommer un responsable qui autorisera le président à s'immiscer dans l'enquête du procureur spécial". - AfricaLog avec agence
Une des principales figures de l'opposition rwandaise, Victoire Ingabire, est sortie de prison samedi dans le cadre de la libération anticipée de plus de 2.000 prisonniers décidée la veille par le président Paul Kagame.
"Je remercie le président qui a permis cette libération", a-t-elle dit alors qu'elle quittait la prison de Mageragere dans la capitale rwandaise, Kigali. "J'espère que cela marque le début de l'ouverture de l'espace politique au Rwanda", a-t-elle ajouté, appelant M. Kagame à "libérer d'autres prisonniers politiques".
La libération surprise de 2.140 détenus, dont Mme Ingabire et le musicien Kizito Mihigo, a été décidée lors d'un conseil des ministres vendredi, au cours duquel une mesure de "clémence" présidentielle a été approuvée.
Mme Ingabire avait été arrêtée en 2010 peu de temps après son retour au Rwanda alors qu'elle voulait se présenter à la présidentielle contre Paul Kagame comme candidate du parti des Forces démocratiques unifiées (FDU-Inkingi), une formation d'opposition non reconnue par les autorités de Kigali.
Cette économiste hutu, qui n'était pas au Rwanda pendant le génocide, avait avant cela passé 17 ans en exil aux Pays-Bas.
Elle purgeait une peine de 15 ans de prison prononcée en 2013 par la Cour suprême pour "conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre" et "minimisation du génocide de 1994" qui a fait 800.000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi la minorité tutsi.
Kigali l'avait accusée d'avoir nié la réalité du génocide en demandant que les auteurs de crimes contre les Hutu soient eux aussi jugés.
Le musicien Kizito Mihigo avait été arrêté en 2015 et condamné à dix ans de prison pour conspiration en vue d'assassiner le président.
Réélu en août 2017 pour un troisième mandat de 7 ans, Paul Kagame est crédité de l'important développement d'un pays exsangue au sortir du génocide. Mais il est aussi régulièrement accusé de bafouer la liberté d'expression et de museler toute opposition.
Paul Manafort plaide coupable et va coopérer dans l'enquête russe. - AfricaLog avec agence
Des centaines de femmes ont manifesté dans la région anglophone du Cameroun, vendredi, pour dénoncer les violences commises pendant des mois d'affrontements entre les forces gouvernementales et les séparatistes anglophones.
Les femmes, réunies dans un stade de Bamenda, ont réclamé un dialogue urgent sur la paix. Elles réclament de pouvoir sortir de la maison sans crainte pour aller au marché et aux champs, comme avant.
En chantant, en pleurant, en criant ou en priant, les femmes ont décrit le viol de leurs filles et le meurtre de membres de leur famille.
Les manifestantes ont dit qu'elles ne pouvaient rester silencieuses face au conflit, qui a provoqué la fuite de 200 000 personnes.
Les troubles liés aux séparatistes anglophones dans le sud-ouest et le nord-ouest du Cameroun, un pays majoritairement francophone, pourraient influencer l'issue des élections d'octobre. Le président Paul Biya, âgé de 85 ans et au pouvoir depuis 1982, est de nouveau candidat.
Le conflit s'est enflammé en 2016 lorsque des enseignants et des avocats se sont mobilisés pour exiger le respect des systèmes éducatifs et judiciaires anglophones dans la région. Leurs revendications ont mené à une répression gouvernementale et à l'émergence de séparatistes armés réclamant la création d'un pays anglophone distinct.
Les tensions se sont encore accrues jeudi à Bamenda, lorsqu'un directeur d'école et trois enseignants ont été enlevés par des hommes armés. - AfricaLog avec agence
Dans un étrange climat de suspicion et de paranoïa, la Maison Blanche tentait jeudi de déterminer l'identité du «lâche» qui a rédigé la tribune anonyme dénonçant le comportement erratique de Donald Trump.
Le président des États-Unis, qui avait évoqué mercredi soir dans un tweet lapidaire une possible «TRAHISON», a stigmatisé au réveil le comportement de «la gauche» et des «Fake News Media».
Fait rare, la Première dame Melania a aussi donné de la voix, dénonçant avec force, dans une réponse écrite à CNN, l'anonymat derrière lequel l'auteur de ce témoignage s'est réfugié. «Vous ne protégez pas ce pays, vous le sabotez par vos actes lâches», a-t-elle lancé à l'adresse de ce dernier.
Dans un texte intitulé «Je fais partie de la résistance au sein de l'administration Trump» et publié par le New York Times, un membre de l'administration, raconte comment lui et d'autres s'efforcent de lutter de l'intérieur contre les pires penchants d'un président au leadership «mesquin», «impétueux» et «inefficace».
La publication très controversée de ce témoignage anonyme, intervenue au lendemain de la diffusion d'extraits d'un livre explosif du journaliste d'investigation Bob Woodward, suscitait une myriade de questions à Washington et au-delà .
L'auteur mystérieux a-t-il écrit seul ou s'est-il fait le porte-parole d'un groupe plus large? Fait-il partie du cercle rapproché du président, au sein de la célèbre «West Wing», ou travaille-t-il dans un ministère? Finira-t-il par sortir du bois pour donner davantage de poids à son témoignage?
La formulation utilisée par le New York Times - «haut responsable de l'administration Trump» - est suffisament large pour laisser libre cours à toutes les interprétations et permettre à chacun de dresser sa liste, jusqu'aux hypothèses les plus farfelues.
Scène incroyable: le bureau du vice-président s'est senti tenu de publier un communiqué assenant que Mike Pence était blanc comme neige dans cette affaire.
«Le vice-président signe les tribunes qu'il écrit», a souligné sur Twitter son porte-parole. «Le New York Times devrait avoir honte, tout comme la personne qui a écrit cette tribune fausse, absurde et lâche», a-t-il ajouté, assurant que l'équipe du VP était «au-dessus de telles manoeuvres».
Dans un étonnant ballet révélant le degré de tension régnant dans les hautes sphères du pouvoir américain, nombre de responsables de premier plan se sont aussi fendus d'un communiqué, assurant la main sur le coeur n'être en rien liés à cette affaire.
«Les spéculations selon lesquelles la tribune du New York Times a été écrite par moi ou mon adjoint sont fausses», a souligné dans un communiqué Dan Coats, patron du renseignement américain.
En déplacement en Inde, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a assuré que le texte n'était pas de lui. Les services du chef du Pentagone Jim Mattis ont fait passer le même message.
Sarah Huckabee Sanders, porte-parole de l'exécutif, a conseillé à tous les journalistes «obsédés» par l'identité de ce «loser» de téléphoner au New York Times, «seul complice de cet acte sournois».
Dans sa tribune, l'auteur anonyme - qualifié d'«individu très dangereux» par Rudy Giuliani, avocat de Donald Trump - affirme que le président nuit «à la bonne santé» de la république.
«C'est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés à faire ce que nous pouvons pour préserver nos institutions démocratiques tout en contrecarrant les impulsions les plus malencontreuses de M.
Trump jusqu'à ce qu'il ait quitté son poste», ajoute-t-il.
«Si de hauts responsables du gouvernement estiment que le président des États-Unis est dans l'incapacité de faire son travail, alors ils devraient invoquer le 25e amendement», a martelé Elizabeth Warren, une sénatrice démocrate du Massachusets, en référence à une procédure complexe - distincte de la fameuse destitution («impeachment») - lancée par le vice-président et son cabinet, puis approuvée par le Congrès, visant à priver le président américain de ses fonctions.
Pour l'ancien directeur de la CIA John Brennan, cette tribune en tout point extraordinaire démontre «le degré d'inquiétude au sein même de l’administration».
«Je ne sais pas comment Donald Trump va réagir à cela», a-t-il déclaré sur NBC. «Un lion blessé est un animal très dangereux et je pense que Donald Trump est blessé».
Le président américain devait quitter la Maison Blanche jeudi en milieu d'après-midi pour un meeting de campagne à Billings, dans le Montana, à quelque 3000 kilomètres de la capitale fédérale.
Face à une marée de casquettes «Make America Great Again», et dans une atmosphère où il met en général un point d'honneur à ne pas s'en tenir à son discours écrit, il devrait, à n'en pas douter, aborder avec fougue le désormais célèbre «op-ed». - AfricaLog avec agence
La Chine, premier partenaire commercial de l'Afrique, a promis lundi 60 milliards de dollars au continent, le président Xi Jinping vantant une aide «sans conditions», face aux critiques de l’Occident.
L'engagement de M. Xi est intervenu au début du 7e Forum sur la coopération sino-africaine, qui réunit durant deux jours dans la capitale chinoise les dirigeants de 53 pays africains.
Le sommet est l'occasion pour le président chinois de célébrer ses «Nouvelles routes de la soie». Lancée en 2013, cette initiative vise à développer la connectivité commerciale de la Chine avec le reste du monde et à sécuriser ses approvisionnements.
Le géant asiatique a investi annuellement plusieurs milliards de dollars en Afrique depuis 2015 dans des infrastructures (routes, chemins de fer, ports) ou des parcs industriels. Des investissements largement salués par les pays africains, qui espèrent ainsi accélérer leur développement économique.
Ces initiatives suscitent toutefois des critiques croissantes venues de l'Occident qui soulignent l'envolée de l'endettement de certains pays.
En ouvrant d'un long discours le sommet, le président chinois s'est évertué lundi à les désamorcer. Il a assuré que la Chine «annulerait» une partie de la dette des nations africaines les moins développées, insulaires, ou enclavées.
Parmi les 60 milliards de dollars supplémentaires promis figurent des lignes de crédit de 20 milliards de dollars. Deux fonds, consacrés à la finance du développement et au financement des importations de biens africains, seront créés.
Le soutien du géant asiatique comprendra également 15 milliards de dollars « d'aide gratuite et de prêts sans intérêts ». Et les entreprises chinoises seront encouragées à investir «au moins 10 milliards de dollars» en Afrique au cours des trois prochaines années.
«Les investissements de la Chine en Afrique ne s'accompagnent d'aucune condition politique. La Chine ne s'immisce pas dans les affaires intérieures de l'Afrique et ne lui impose pas sa volonté», a affirmé Xi Jinping lundi matin devant un parterre d'acteurs du monde économique et commercial.
Il a toutefois reconnu la nécessité de «s'assurer de la viabilité commerciale des projets» afin de «réduire le risque des investissements».
S'exprimant après lui, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a vivement réfuté l'étiquette de «néo-colonialisme» parfois collée par des «détracteurs» occidentaux à propos de l'aide chinoise.
L'expression a été employée récemment à Pékin par le premier ministre malaisien Mahathir Mohamad, qui venait d'annuler des contrats d'infrastructures de 22 milliards de dollars signés avec la Chine, disant s'inquiéter pour la dette de son pays.
Le président sud-africain a en revanche plaidé pour le règlement de certains déséquilibres.
«Très souvent, l'Afrique exporte des matières premières vers la Chine, tandis que la Chine nous exporte des produits finis (...) Cela limite le potentiel et la capacité de production de l'Afrique ainsi que la création d'emplois sur le continent africain», a-t-il regretté.
Lors du dernier sommet, à Johannesburg en 2015, le président chinois avait déjà annoncé une enveloppe de 60 milliards de dollars d'aide et de prêts à destination des pays africains.
L'actuel forum de Pékin doit s'accompagner d'une série de contrats entre la Chine et ses partenaires.
Le président nigérian Muhammadu Buhari devrait ainsi assister à la signature d'un accord sur les télécommunications, financé par un prêt de 328 millions de dollars de la banque chinoise d'import-export (Exim), selon son cabinet.
Xi Jinping s'est par ailleurs entretenu durant le week-end en tête-à -tête avec un grand nombre de chefs d'État comme les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et sénégalais Macky Sall.
Pékin fournit une aide aux pays africains depuis l'époque des guerres d'indépendance contre les ex-colonisateurs occidentaux. Mais sa présence sur le continent s'est renforcée à mesure de la spectaculaire envolée de la Chine, devenue deuxième économie mondiale.
Signe de l'importance stratégique de l'Afrique pour le géant asiatique, il a choisi Djibouti pour ouvrir en 2017 sa première base militaire à l’étranger. - AfricaLog avec agence
L'ex-chef rebelle Jean-Pierre Bemba, exclu par la Cour constitutionnelle de la présidentielle du 23 décembre, a dénoncé mardi une «parodie d'élection», estimant que le président Joseph Kabila choisissait les opposants devant concourir contre son candidat.
Lundi, la Cour constitutionnelle a définitivement invalidé la candidature de M. Bemba pour la course à la présidentielle, en raison de sa condamnation pour «subornation de témoins» par la CPI, confirmant une décision de la commission électorale nationale indépendante (CÉNI).
«Au-delà même de ma personne, le fait que l'on choisisse des opposants (...) c'est très inquiétant», a réagi sur France 24 M. Bemba, investi par son parti le Mouvement de libération du Congo (MLC) comme candidat à la présidentielle de décembre, qui doit désigner le successeur de M. Kabila, dont le second mandat aurait dû s'achever en décembre 2016 et qui n'avait pas le droit de se représenter.
Nous allons «assister à une parodie d'élection» en décembre, a-t-il estimé.
«La Cour constitutionnelle est aux ordres du pouvoir en place (...). Tout ça n'est qu'une mise en place qui veut que le candidat du pouvoir puisse ne pas avoir de candidat sérieux devant lui», a affirmé M. Bemba, en référence à l'ex-ministre de l'Intérieur et chef du parti présidentiel PPRD, Emmanuel Ramazani Shadary, désigné comme candidat au scrutin par le président Kabila et sa coalition Front commun pour le Congo (FCC).
Président du MLC, M. Bemba passait pour l'un des favoris à la succession du président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001.
Il avait déposé sa candidature début août après un retour triomphal à Kinshasa et son acquittement en appel par la CPI de sa condamnation à dix-huit pour des crimes de guerre et contre l'humanité commis par sa milice en Centrafrique.
Il a été condamné dans une affaire annexe pour subornation de témoins par la CPI, qui prononcera sa peine le 17 septembre.
Le dossier de M. Bemba avait été déclaré «irrecevable» par la Céni. L'opposant avait alors saisi la Cour constitutionnelle contre cette décision.
Pour la Cour constitutionnelle congolaise, «la subornation de témoins est une circonstance aggravante dans l'infraction de corruption» en RDC. «C'est en bon droit que la CÉNI a conclu à l'inéligibilité de M. Jean-Pierre Bemba».
Les partisans de M. Bemba affirment au contraire que la subornation de témoins est différente de la corruption et ne fait pas partie des motifs d'invalidation d'une candidature, selon la loi électorale.
Figure de l'ouest du pays face aux «Katangais» du pouvoir, Jean-Pierre Bemba, 55 ans, ancien vice-président de la RDC, n'a pas encore donné un mot d'ordre à ses partisans. Mais son parti a appelé la représentation de la CPI en RDC à mettre fin à la «confusion» autour de l'arrêt le condamnant pour «subornation des témoins».
«Le dernier mot n'appartient pas à la Cour constitutionnelle, mais au peuple congolais» tempête Jean-Jacques Ntula, habitant de Mbandaka chef-lieu de la province de l'Équateur (nord-ouest), l'un des fiefs de l'ex-chef de guerre.
À Kinshasa, une réunion du bureau politique du MLC est convoquée en vue «de tirer les conséquences» de l'exclusion de leur chef de la course à la présidentielle.
L'exclusion de Jean-Pierre Bemba de la course à la présidentielle n'éloigne pas le spectre des violences, malgré le calme enregistré après l'annonce de la cour constitutionnelle.
À Gemena, le fief familial de M. Bemba, des heurts avaient opposé samedi ses partisans avec ceux du ministre des Transports, lui aussi ressortissant de la province du Sud-Ubangi (nord-ouest).
Des militants du MLC s'étaient opposé aux partisans du ministre José Makila, qui battait campagne en faveur de Ramazani Shadary.
Rival malheureux de M. Kabila à l'élection présidentielle de 2006, M. Bemba avait quitté Kinshasa sous escorte des Nations unies en avril 2007 après des combats entre sa milice et l'armée qui avaient fait entre 200 et 300 morts. - AfricaLog avec agence