Lors de sa deuxième étape africaine au Nigeria, Theresa May et sa délégation ont signé plusieurs accords bilatéraux concernant la lutte contre l'immigration illégale et la sécurité, notamment contre le groupe djihadiste Boko Haram, ainsi qu'un accord commercial, pour compenser les pertes économiques attendues du Brexit.
La première ministre britannique a rencontré à Abuja le président nigérian, Muhammadu Buhari, qui lui a assuré que les prochaines élections générales, prévues en février 2019, seraient «libres, transparentes et crédibles».
Les deux responsables n'ont fait aucune déclaration à la presse, et l'accès aux journalistes a été particulièrement restreint.
Citée dans un communiqué de la présidence nigériane, Mme May a insisté sur la « coopération de sécurité et de défense pour faire face au problème de Boko Haram et du groupe État islamique en Afrique de l'Ouest».
«Je suis très reconnaissant au gouvernement britannique pour son aide à maintenir la sécurité [au Nigeria], et particulièrement à leur équipe de formation en place à Kaduna », dans le nord du pays, a noté le président Buhari, qui avait fait de la lutte contre l'insurrection de Boko Haram la priorité de son mandat.
Theresa May et Muhammadu Buhari ont signé un accord prévoyant «non seulement une formation militaire [pour l'armée nigériane], mais aussi un soutien pour le respect des droits de la personne et une coopération étroite entre nos deux pays », a expliqué le ministre nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama, à la presse.
Mais, côté britannique, la priorité de cette visite était sans aucun doute portée sur les accords commerciaux, «dans le contexte du Brexit, alors que la Grande-Bretagne sort de l'Union européenne», a rappelé le ministre nigérian.
«Les Britanniques se sentent plus libres désormais de s'engager avec des pays à un niveau bilatéral et de sceller des accords commerciaux avec eux», a souligné M. Onyeama, sans dévoiler le montant de l'enveloppe d'investissements prévus au Nigeria.
Mme May, qui prépare la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne (UE), doit trouver de nouveaux alliés économiques et renégocier les accords commerciaux hors UE. Elle est accompagnée de 27 hommes d'affaires, dont plus de la moitié dirigent des petites et moyennes entreprises.
Mardi, lors d'une première étape en Afrique du Sud, Mme May a annoncé vouloir fonder «un nouveau partenariat» avec l'Afrique et devenir le premier investisseur occidental sur ce continent où aucun premier ministre britannique ne s'était rendu depuis 2013.
«Les échanges commerciaux entre le Nigeria et la Grande-Bretagne s'élevaient à 4,2 milliards de livres (envrion 7 milliards de dollars) en 2017», notait lundi une diplomate, Laure Beaufils, au consulat de Lagos lors d'une conférence de presse.
«Nous projetons de plus doubler ce chiffre d'ici 2030», a indiqué Mme Beaufils. La Chine, avec près de 7 milliards de dollars d'échanges commerciaux, est actuellement le premier partenaire du Nigeria, marché géant de 180 millions d'habitants et première puissance pétrolière du continent.
Autre priorité de cette visite : la lutte contre l'immigration illégale. Toujours citée dans le communiqué de la présidence nigériane, Mme May a invité M. Buhari à «profiter de sa position à la tête de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest pour maintenir la question de la traite humaine au premier plan dans la sous-région».
À Lagos, mégalopole économique de 20 millions d'habitants, où la première ministre s'est rendue dans l'après-midi, elle a dévoilé un plan de soutien contre «l'esclavage moderne» et veut se placer comme «leader mondial de la lutte contre ce crime».
«Aujourd'hui, nous accélérons notre partenariat avec les autorités nigérianes pour trouver les trafiquants et les amener devant la justice », a-t-elle ajouté, dans un communiqué du Commonwealth.
Cette aide devra aider à la lutte contre le trafic de drogue et d'êtres humains, et rapatrier 1700 ressortissants nigérians bloqués en Libye sur leur chemin vers l'Europe : une goutte d'eau par rapport aux 36 000 Nigérians bloqués en Libye et au Niger (chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations [OIM]).
En 2017, 18 000 Nigérians étaient arrivés sur les côtes italiennes, selon les chiffres de l'OIM, un chiffre en forte baisse pour les six premiers mois de l'année 2018.
Theresa May doit également se rendre au Kenya, autre pays du Commonwealth, après l'Afrique du Sud et le Nigeria, pour la dernière étape de sa tournée. Ce sera la première fois depuis 30 ans qu'un premier ministre britannique se rend dans cette ancienne colonie. - AfricaLog avec agence
La chancelière allemande Angela Merkel a entamé mercredi au Sénégal une tournée africaine qui la mènera également au Ghana et au Nigeria, au moment où Berlin mise sur le développement du continent pour endiguer les flux migratoires et renforcer la lutte contre la menace jihadiste.
Mme Merkel, accompagnée d'une dizaine de capitaines d'industrie allemands, a été accueillie sur le tarmac de l'aéroport Blaise Diagne, à une cinquantaine de kilomètres de Dakar, par le président sénégalais Macky Sall.
Les deux dirigeants ont passé en revue une garde d'honneur composée d'une unité de la marine en uniforme blanc et liseré rouge. Après les hymnes nationaux, la fanfare militaire a joué deux airs très populaires en Allemagne, dont l'un, "Schöne Maid, hast Du heut' für mich Zeit", peut se traduire par "Jeune fille, as-tu du temps pour moi aujourd'hui?"
Mme Merkel a ensuite retrouvé Macky Sall au palais présidentiel de Dakar, avec qui elle s'est entretenue avant un dîner.
Au cours d'une conférence de presse conjointe, Macky Sall a annoncé l'électrification par le solaire de 300 villages sénégalais, grâce à un financement de l'Allemagne dont le montant n'a pas été précisé. - AfricaLog avec agence
La tension est repartie à la hausse en République démocratique du Congo où la candidature de l'ex-chef de guerre Jean-Pierre Bemba a été jugée "irrecevable" vendredi par la commission électorale, ce qui a suscité la colère de l'opposition contre le président Joseph Kabila et un "simulacre" d'élection.
La commission électorale nationale et indépendante (Céni) a officiellement rejeté la candidature de M. Bemba, adversaire du président Kabila depuis 2006, en raison de sa condamnation par la Cour pénale internationale dans une affaire annexe de subornation de témoins.
M. Bemba avait fait un retour triomphal à Kinshasa le 1er août après son acquittement en juin par la CPI dans l'affaire principale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité (18 ans de prison).
Début juillet, l'affaire pour subornation de témoins est revenue devant un procureur de la CPI qui a requis un maximum de cinq ans de prison. Les avocats de M. Bemba plaident la relaxe, mettant en avant ses dix ans déjà passés derrière les barreaux.
A Kinshasa, le cas Bemba est avant tout politique.
Juste avant l'annonce de la commission électorale, l'ensemble de l'opposition au président Joseph Kabila avait lancé un appel à la "mobilisation générale" en accusant "le pouvoir en place" de vouloir "exclure" plusieurs de ses candidats.
L'opposition exige "que monsieur Kabila et sa famille politique libèrent le processus électoral, en arrêtant de donner des injonctions à la commission électorale", lit-on dans ce communiqué signé par M. Bemba, l'opposant en exil Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi.
Au total, la commission électorale a écarté six candidats sur les 25 qui avaient déposé leur dossier à l'élection présidentielle prévue le 23 décembre.
Outre M. Bemba, la commission a écarté trois anciens premiers ministres de M. Kabila, Samy Badibanga, Adolphe Muzito, et Antoine Gizenga, 92 ans, ex-frère d'armes du héros de l'indépendance Patrice Lumumba en 1960.
"Ces invalidations sont inacceptables et montrent encore une fois l'instrumentalisation totale de la Céni par Kabila", a réagi sur Twitter Moïse Katumbi.
Ex-gouverneur du Katanga passé à l'opposition en 2015, M. Katumbi affirme avoir été lui-même empêché de rentrer en RDC pour déposer sa candidature lorsqu'il s'est présenté les 3 et 4 août au poste-frontalier entre la Zambie et le Congo.
Il vit depuis mai 2016 en Belgique et a été condamné en son absence à trois ans de prison. "Un fugitif", pour le ministre de la Justice, qui fait état d'un mandat d'arrêt international contre lui.
"Avec la population, l'opposition, la société civile, et nos partenaires, faisons front, augmentons la pression, refusons le simulacre d'élections kabilistes", ajoute M. Katumbi.
Les six candidats écartés peuvent saisir la Cour constitutionnelle dans les 48 heures. La commission électorale doit publier la liste définitive -après recours- des candidats le 19 septembre.
La commission a en revanche retenu le dossier de Félix Tshisekedi, président du parti historique d'opposition UPDS, et fils de son fondateur, Etienne Tshisekedi, décédé à Bruxelles le 1er février 2017.
Elle a aussi validé la candidature de l'ex-ministre de l'Intérieur et chef du parti présidentiel PPRD Emmanuel Ramazani Shadary, le "dauphin" désigné par le président Kabila et sa coalition Front commun pour le Congo (FCC).
Le retrait de M. Kabila, qui ne pouvait plus se représenter mais que ses adversaires soupçonnaient de vouloir passer en force, avait été perçu comme un signe encourageant par certains observateurs.
"Le renoncement de M. Kabila à un troisième mandat inconstitutionnel ne constituait pas la fin du combat dans la quête d'élections inclusives, transparentes, crédibles et apaisées", préviennent les opposants dans leur communiqué.
Plus grand pays d'Afrique sub-saharienne (2,3 millions de km2, quelque 80 millions d'habitants), la RDC n'a jamais connu de transition pacifique du pouvoir.
Le pays regorge de coltan, cobalt cuivre, or...mais le revenu moyen de ses habitants est de 1,25 dollar par jour.
La commission électorale a aussi validé 15.222 candidatures aux élections législatives, en écartant 283 dossiers.
Les trois élections présidentielle, législatives, et provinciales doivent se tenir le 23 décembre. Elles ont été deux fois reportées depuis décembre 2016, date de la fin officielle du deuxième et dernier mandat de M. Kabila. - AfricaLog avec agence
John Sidney McCain III, décédé samedi à l'âge de 81 ans des suites d'un cancer du cerveau, n'aura eu qu'un employeur au cours de sa carrière: les Etats-Unis d'Amérique.
C'était une tradition familiale. Il descendait en ligne directe, selon lui, d'un capitaine de l'état-major de George Washington durant la guerre d'indépendance, et comme son père et son grand-père, deux amiraux quatre étoiles nommés chacun John McCain, il a mis sa vie au service de son pays: d'abord comme pilote de chasse, puis comme parlementaire jusqu'à sa mort des suites d'un cancer du cerveau découvert à l'été 2017.
Il serait peut-être devenu amiral, lui aussi, si un missile sol-air de fabrication soviétique n'avait, le 26 octobre 1967, stoppé sa trajectoire.
Ce jour-là , lors du 23e raid de sa carrière, son chasseur A-4 Skyhawk est abattu au-dessus d'Hanoï. McCain s'éjecte et s'abîme dans un lac au milieu de la ville, quasiment lynché par une foule. Ses deux bras et son genou droit sont cassés. Il restera prisonnier plus de cinq ans, alors que son père commande les forces américaines dans le Pacifique. Il est libéré après les accords de Paris, mais les séquelles physiques de ses fractures sciemment mal soignées, et des tortures en prison, lui coûteront sa carrière de pilote.
"Mon heure n'était pas venue, et je me suis dit, pour cette raison, que j'étais destiné à autre chose", a-t-il dit dans une interview en 1989, sur la chaîne CSPAN.
Ce sera donc la politique: après quelques années comme officier de liaison de la Marine au Sénat, il s'installe dans l'Arizona, l'Etat de sa seconde épouse, où il est élu à la Chambre des représentants en 1982, auréolé de sa carrière militaire. Il passe vite au Sénat, le club le plus puissant d'Amérique. Sa seconde maison pendant plus de trente ans.
Le McCain politique cultive, longtemps, une image de républicain non-conformiste, défiant son camp sur l'immigration ou le financement électoral. Il n'aime guère la discipline de parti, conforté par ses épisodes passés de rébellions -- lorsqu'il était un jeune élève rebelle de l'académie navale, ou lorsque, tête brûlée, il provoquait ses geôliers vietnamiens.
"Survivre à mon emprisonnement a renforcé ma confiance en moi, et mon refus d'une libération anticipée m'a appris à me fier à mon instinct", écrit-il en 1999 dans un livre autobiographique.
C'est ce McCain peu orthodoxe, dédaigneux des demi-mesures et presque arrogant, qui brigue l'investiture républicaine pour la Maison Blanche, en 2000. Adepte autoproclamé du franc-parler, il offre aux Américains une voie de centre-droit, gardant à distance l'aile conservatrice chrétienne draguée par son principal adversaire, George W. Bush.
Il perd, mais solidifie sa stature et reprend au fil des années le flambeau républicain des mains d'un président Bush devenu impopulaire. En 2008, il a fait la paix avec l'establishment de son parti et remporte l'investiture.
Le voilà aux portes de la Maison Blanche. Mais le candidat fonctionne toujours à l'instinct. Beaucoup de ses amis ne lui pardonneront jamais d'avoir choisi pour colistière, sans vraiment la connaître, la novice Sarah Palin, gouverneure de l'Alaska. Un choix précurseur du Tea Party et de la montée d'un populisme plus tard incarné par Donald Trump - et qu'il regrettera.
Barack Obama le bat facilement dans les urnes. John McCain répète, depuis, toujours la même plaisanterie: après sa défaite, il a dormi comme un bébé: "deux heures de dodo, réveil en pleurant, deux heures de dodo, réveil en pleurant”.
John McCain savait régaler ses auditoires. Au Congrès, il tenait cour avec la presse dans les couloirs. Il était parfois lapidaire et impatient: "votre question est idiote". Souvent sarcastique, donnant dans l'autodérision: "je ne suis pas très intelligent".
Et volcanique sur ses grandes causes: les armées, l'exception américaine et dans les dernières années de sa vie, la menace posée par la Russie de Vladimir Poutine, un "voyou" et un "assassin".
Ses adversaires républicains ont souvent raillé ses réflexes interventionnistes, affirmant qu'il n'avait jamais refusé une guerre. Le sénateur n'a-t-il pas chantonné, sur l'air des Beach Boys, "Bomb bomb Iran”?
John McCain est resté jusqu'au bout cet enfant des années 1950. Il croyait que l'Amérique avait des valeurs à défendre dans le monde entier et sautait régulièrement dans un avion pour Bagdad, Kaboul, Taipei ou Kiev, reçu quasiment comme un chef d'Etat.
"Je veux appeler les Américains aussi longtemps que je le pourrai à se souvenir que cette dévotion aux droits de l'Homme forme notre véritable héritage et commande notre loyauté la plus importante", écrivait-il dans ses derniers mémoires, publiés en mai 2018, "The Restless Wave".
Sur la Russie ou la Syrie, la voix de John McCain portait, à l'évidence. Mais le sénateur aura été, in fine, un général sans armée, habitué des batailles solitaires.
L'élection de Donald Trump a sonné comme une défaite pour les combats chers au sénateur, consterné par le discours de repli nationaliste et protectionniste du milliardaire, son flirt avec Vladimir Poutine, son mépris pour les normes du comportement présidentiel - et même l'exemption de conscription du jeune Trump lors de la guerre du Vietnam, pour des excroissances osseuses à un pied.
John McCain avait tenu à rester au Sénat le plus longtemps possible, peut-être en pensant à son grand-père, mort quelques jours après avoir rendu son uniforme, peu après la capitulation du Japon.
Mais le cancer a été plus fort, le forçant depuis décembre 2017 à rester chez lui, en Arizona, où il recevait à l'abri des caméras ses proches et vieux amis du Sénat venus faire leurs adieux. Le 24 août 2018, sa famille avait annoncé qu'il cessait tout traitement.
Il souhaitait, confiait-il dans ses mémoires publiés en mai 2018, être enterré dans le Maryland, près d'un ancien compagnon militaire, Chuck Larson. Une façon pour John Sidney McCain de rester, à jamais, un soldat. - AfricaLog avec agence
Donald Trump semble à court d'options face à l'étau judiciaire qui se resserre autour de ses proches et à une hypothétique procédure de destitution, publiquement évoquée jeudi matin par le président américain.
Le locataire de la Maison-Blanche a vécu un mardi noir avec deux de ses anciens proches sur les bancs de la justice, l'un reconnu coupable, l'autre plaidant coupable et impliquant directement le milliardaire républicain.
Ces deux affaires ne sont pas directement liées à la tentaculaire enquête russe menée par Robert Mueller sur les soupçons de collusion entre l'équipe de campagne de Trump et Moscou, mais les attaques incessantes du président suggèrent au minimum que ce dernier est extrêmement inquiet.
La question de l'impeachment, procédure de destitution du président par le Congrès, a par ailleurs été publiquement évoquée par M. Trump, interrogé par Fox News lors d'une interview jeudi matin.
Selon les experts, le dirigeant dispose de trois options stratégiques. Aucune n'est idéale.
Donald Trump ne cesse de répéter qu'aucun crime n'a été commis, dénonçant «une chasse aux sorcières». Mais il évite depuis des mois d'être interrogé par M. Mueller.
«Il devrait absolument adopter et embrasser une stratégie de transparence», suggère à l'inverse Eric Freedman, professeur de droit constitutionnel à l'université Hofstra dans l'État de New York.
Une telle option signifierait cesser les critiques récurrentes contre cette enquête et ne plus soutenir son ancien directeur de campagne Paul Manafort, reconnu coupable de fraude bancaire et fiscale.
Pour Robert Bennett, avocat pénaliste ayant travaillé aux côtés de l'ancien président Bill Clinton dans les années 90, cette stratégie n'est cependant plus d’actualité.
Donald Trump et son entourage «ont décidé il y a longtemps d'attaquer le procureur spécial. Il serait difficile maintenant d'avoir une volte-face», confie ce juriste.
«Selon moi, il ne pourrait pas coopérer honnêtement sans se compromettre lui-même», avance-t-il également.
Coopérer pourrait aussi mettre le président dans une position difficile à tenir, si, comme beaucoup l'imaginent, son fils Donald Trump Jr. et d'autres membres de sa famille sont dans le viseur du procureur.
L'autre option est donc de jeter toutes ses forces dans la bataille des élections législatives de novembre pour éviter que l'une des deux chambres du Congrès repasse aux mains des démocrates et s'épargner ainsi la menace de la procédure de destitution.
Sa stratégie actuelle est de tenter de convaincre que l'enquête Mueller est en réalité une opération des démocrates.
La Maison Blanche exige par ailleurs que l'équipe Mueller respecte une politique du ministère de la Justice voulant que les procureurs n'entament aucune action pouvant être défavorable à tout candidat dans les 60 jours précédant une élection.
«Je ne vois personne dans les élections de novembre liée à ceux visés par l'enquête», tempère cependant Michael German, ancien agent du FBI et expert au Brennan Center for Justice.
Pour M. Bennett, une stratégie possible est celle de la diversion.
«Mon boulot était de faire sortir cette affaire Jones de la couverture médiatique quotidienne», raconte cet ancien avocat de Bill Clinton à propos de Paula Jones qui poursuivait le président pour harcèlement sexuel.
Si Donald Trump, ou quelqu'un de sa famille fait face à des accusations, la stratégie de bloquer le dossier pour des questions constitutionnelles pourrait permettre au camp du président de gagner du temps, éventuellement jusqu'à la fin de son mandat.
«Peu importe le dénouement, ce serait probablement mieux pour lui», parie M. Bennett.
Donald Trump pourrait aussi renvoyer M. Mueller et mettre fin à l'enquête. Il l'a répété à plusieurs reprises sans s'avancer concrètement vers une «option nucléaire» qui rappelle aux républicains de mauvais souvenirs.
En octobre 1973, Richard Nixon avait ainsi fait renvoyer le procureur spécial responsable de l'affaire du Watergate. Le soutien au président s'est effrité par la suite et son remplaçant a poursuivi les investigations.
Près d'un an plus tard, M. Nixon a démissionné devant la menace d'une probable destitution. - AfricaLog avec agence
L'opposant malien Soumaïla Cissé, officiellement battu à la présidentielle, a affirmé jeudi "ne pas reconnaître" la réélection du président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, qui de son côté l'a enjoint d'arrêter de se bercer "d'illusions" deux semaines après le scrutin.
"Je rejette catégoriquement et sans équivoque les résultats proclamés par la cour constitutionnelle. Par conséquent, je ne reconnais pas élu le président déclaré par elle", a déclaré sans surprise, lors d'une conférence de presse dans un hôtel de la capitale, M. Cissé, qui ne s'était pas encore exprimé publiquement depuis l'annonce des résultats définitifs lundi.
M. Keïta, 73 ans, a obtenu 67,16% des suffrages au second tour le 12 août, pour 32,84% à Soumaïla Cissé, un ancien ministre des Finances de 68 ans, avait annoncé lundi la plus haute juridiction du pays, en rejetant toutes les recours de l'opposition, les jugeant irrecevables ou infondées par manque de preuves.
"Cette institution s'est discréditée en se constituant prisonnière volontaire d'un régime autocratique", a accusé jeudi Soumaïla Cissé, qui, à la présidentielle de 2013, avait rapidement concédé sa défaite face à Ibrahim Boubacar Keïta.
M. Keïta, qui a reçu les félicitations de nombreux dirigeants étrangers depuis l'annonce de sa réélection, avait dit lundi "tendre la main" à son "jeune frère" de l'opposition car "le Mali doit pouvoir compter sur toutes ses filles et tous ses fils".
"Il serait convenable et souhaitable qu'ici et maintenant, on prenne la main que j'ai tendue à mon jeune frère Soumaila Cissé pour qu'il gère le réel et non des illusions", a-t-il déclaré jeudi depuis Nouakchott, où il a effectué un bref déplacement, le premier depuis l'annonce de sa réélection.
"Je crois tout ce que j'ai fait ces cinq dernières années valait quand même un peu de reconnaissance et je sais gré des Maliens de l'avoir su", a ajouté en Mauritanie le président sortant, dans le français châtié qui le caractérise.
"IBK n'a pas forcé la main aux Maliens, n'a pas bourré les urnes comme on le dit. C'est d'un ridicule tellement achevé que je ne voudrais même pas m'appesantir là -dessus", a-t-il déclaré en réponse aux accusations de fraude massive lancées par l'opposition.
"Il n'a pas passé son temps dans les couloirs des hôtels à Bamako à inviter la presse internationale et nationale à passer son temps lyncher le président IBK", a-t-il poursuivi, parlant de lui à la troisième personne.
C'est justement depuis les salons d'un hôtel de la capitale malienne que Soumaïla Cissé a lancé jeudi un nouvel appel à la "mobilisation" et à la "constitution d'un large front pour la sauvegarde de la démocratie", invitant les Maliens à manifester "pacifiquement et sans violence" samedi à Bamako, dans les autres villes du Mali et au sein de la diaspora.
Un rassemblement samedi dernier dans le centre de Bamako avait réuni un gros millier de partisans de M. Cissé.
Pour son deuxième mandat de cinq ans, qui débutera le 4 septembre, Ibrahim Boubacar Keïta aura la lourde tâche de relancer l'accord de paix conclu en 2015 avec l'ex-rébellion à dominante touareg.
L'accord avait été signé après l'intervention de l'armée française qui, en 2013, avait repris le contrôle du nord du Mali, où les jihadistes avaient instauré la charia pendant un an.
Sa mise en oeuvre accumule les contretemps et n'a pas empêché les violences de se propager du nord vers le centre du pays et vers le Burkina Faso et le Niger voisins. - AfricaLog avec agence
De son Afrique natale à l'Amérique, les grands dirigeants rendaient hommage samedi à l'ancien secrétaire général de l'ONU et prix Nobel de la paix Kofi Annan, décédé en Suisse à l'âge de 80 ans, après avoir été au centre de la diplomatie mondiale pendant une décennie troublée.
Kofi Annan est "décédé paisiblement samedi 18 août après une courte maladie", a annoncé "avec une immense tristesse" sa fondation dans un communiqué de Genève, indiquant que son épouse et ses enfants étaient à ses côtés pour ses derniers jours en Suisse où il vivait.
Les hommages ont afflué, du Ghana, son pays natal, à l'actuel secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui a souligné "une force qui guidait vers le bien", en passant par l'ex-président américain Barack Obama et les grands dirigeants européens.
Koffi Annan "a fait entrer les Nations unies dans le XXIe siècle en définissant un programme ambitieux qui a fait de l'ONU un outil indispensable pour la paix, la prospérité et la dignité humaine partout dans le monde", a déclaré dans un communiqué Ban Ki-moon, qui lui a succédé au secrétariat général.
"Kofi Annan a voué sa vie à faire du monde un endroit plus pacifique", a soutenu l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, louant un diplomate ayant "oeuvré inlassablement pour nous unir".
L'ancien président américain Bill Clinton, à la Maison Blanche lors de l'entrée en fonction de Kofi Annan à la tête de l'ONU à la fin des années 90, a loué un homme fidèle "à ses racines ghanéennes", qui a "toujours traité les autres avec respect et dignité".
Barack Obama a lui salué "l'intégrité, la détermination, l'optimisme" de l'ex-N.1 de l'ONU qui a aussi contribué à "motiver et inspirer" la "prochaine génération de leaders".
"Nous n'oublierons jamais son regard calme et résolu, ni la force de ses combats", a tweeté le président français Emmanuel Macron, alors que son homologue russe Vladimir Poutine a déclaré avoir "sincèrement admiré la sagesse et le courage" du diplomate.
La Première ministre britannique Theresa May a rendu hommage à "un grand leader et réformateur de l'ONU" tandis que la chancelière allemande Angela Merkel a insisté sur une "voix" qui "va beaucoup nous manquer à une époque où la recherche en commun de solutions aux problèmes mondiaux est plus urgente que jamais".
"Il ne tient qu'à nous de continuer le travail qu'il a commencé", a renchéri le Premier ministre canadien Justin Trudeau.
Kofi Annan fut le premier secrétaire général issu de l'Afrique sub-saharienne, et le Ghana, où il était né, a décrété une semaine de deuil à partir de lundi.
"Il a considérablement contribué au renom de notre pays par sa position, par sa conduite et son comportement dans le monde", a déclaré le président ghanéen Nana Akufo-Addo.
En Afrique du Sud, le parti au pouvoir, l'ANC, s'est souvenu d'un "fils éminent de l'Afrique" qui a oeuvré "en faveur (des pays) du Sud en développement".
Un autre prix Nobel de la paix, l'archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu, a de son côté évoqué "un remarquable être humain qui a représenté notre continent et le monde avec une immense grâce, intégrité et distinction". "Mon ami, mon héros, mon inspiration", a résumé la Nigériane Amina J. Mohammed, vice-secrétaire général de l'ONU.
La Ligue arabe a aussi rendu hommage à Kofi Annan, tandis que le ministère égyptien des Affaires étrangères l'a qualifié d'"icône et source de fierté pour tous les Africains et les amoureux de la paix".
Diplomate de carrière, Kofi Annan a contribué à rendre l'ONU plus présente sur la scène internationale pendant ses deux mandats, de 1997 à 2007.
Il a dirigé l'organisation pendant la période troublée de la guerre en Irak, avant de voir son bilan terni par des accusations de corruption dans l'affaire "pétrole contre nourriture”.
A son départ, il était cependant un des dirigeants de l'ONU les plus populaires. Conjointement avec l'organisation, il a reçu en 2001 le Prix Nobel de la Paix pour ses "efforts en faveur d'un monde mieux organisé et plus pacifique".
"J'ai essayé de placer l'être humain au centre de tout ce que nous entreprenons: de la prévention des conflits au développement et aux droits de l'homme", avait-il déclaré en acceptant le Nobel.
Lorsqu'il dirigeait le département de maintien de la paix, l'ONU a connu deux des épisodes les plus sombres de son histoire: le génocide rwandais et la guerre en Bosnie.
Les Casques bleus se sont retirés en 1994 du Rwanda en proie au chaos et aux violences ethniques. Et un an plus tard, l'ONU n'a pas su empêcher les forces serbes de massacrer plusieurs milliers de musulmans à Srebrenica, en Bosnie.
Kofi Annan s'était vite adapté à son nouveau rôle, multipliant les apparitions à la télévision et les participations aux dîners mondains à New York. Jusqu'à devenir une vedette, qualifié par certains de "rock star de la diplomatie".
Il avait irrité Washington en estimant "illégale" l'invasion de l'Irak en 2003, qui n'avait pas été entérinée par le Conseil de sécurité.
Né en avril 1938 à Kumasi, au Ghana, fils d'un cadre d'une filiale du groupe anglo-hollandais Unilever, Kofi Annan avait étudié à l'université de Kumasi, puis dans une université américaine, avant d'entrer à l'Institut des hautes études internationales de Genève.
En février 2012, il est choisi pour mener une médiation dans la guerre en Syrie, mais il jette l'éponge après cinq mois. Il accusera les grandes puissances, qui lui rendent hommage aujourd'hui, d'avoir par leurs dissensions transformé sa médiation en "mission impossible”. - AfricaLog avec agence
Le président sortant du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, a été réélu pour un nouveau mandat de cinq ans avec 67,17% des voix au second tour, contre 32,83% à l'opposant Soumaïla Cissé, a annoncé jeudi le ministre de l'Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf.
Selon ces résultats officiels complets, qui devront encore être validés par la cour constitutionnelle, M. Keïta a obtenu 1 798 632 voix, pour 879 235 au chef de file de l’opposition.
Le taux de participation au scrutin du 12 août a été de 34,54%, a précisé le ministre sur la télévision publique ORTM.
Avec ses 41,70% des suffrages récoltés au premier tour le 29 juillet, M. Keïta disposait d'une confortable avance sur Soumaïla Cissé, qui n'avait été crédité que de 17,78% des voix et n'a pas su réunir l'opposition derrière sa bannière.
M. Keïta entrera en fonction le 4 septembre avec la lourde tâche de relancer l'accord de paix conclu en 2015 avec l'ex-rébellion à dominante touareg, dans un pays toujours confronté à la menace djihadiste malgré cinq années d'interventions militaires internationales.
En 2013, les deux hommes s'étaient déjà affrontés au second tour et M. Keïta, dit «IBK», l'avait emporté avec 77,6%» des suffrages.
Dans les heures qui ont précédé l'annonce des résultats, l'accès à Internet était inaccessible à Bamako sur les réseaux mobiles des principaux opérateurs du pays. - AfricaLog avec agence
Le président des États-Unis a lancé une nouvelle bordée d'injures contre une ex-conseillère qui dans un livre à paraître ce mardi l'accuse de racisme et de misogynie, la traitant de «chienne» et de «crapule».
«Quand tu donnes sa chance à une crapule foldingue et pleurnicheuse et que tu lui donnes un boulot à la Maison Blanche, je me dis que ça n'a simplement pas marché. Une bonne chose que le général Kelly ait rapidement viré cette chienne!», a tweeté le président tôt mardi matin.
La colère de Donald Trump est dirigée contre Omarosa Manigault Newman, 44 ans, une ancienne candidate à l'émission de téléréalité du président devenue ensuite une de ses conseillères à la Maison Blanche. Elle a été limogée par John Kelly, le secrétaire général du 1600 Pennsylvania Avenue.
La virulence du ton de Donald Trump est frappante, même pour un président qui a pour habitude d'insulter régulièrement ses adversaires.
L'équipe de campagne de M. Trump entend quant à elle poursuivre en justice Omarosa Manigault Newman pour avoir violé un accord de confidentialité, ont rapporté des médias américains.

«Raciste», «intolérant», «misogyne», souffrant d'une «grave déficience mentale» et inapte à tenir la fonction suprême: Mme Manigault, dont la personnalité abrasive avait fait les délices de l'émission de téléréalité The Apprentice du milliardaire, n'épargne pas son ancien mentor dans son livre à venir.
Elle a provoqué un tollé ce week-end en dévoilant l'enregistrement de sa conversation avec le général Kelly quand il l'a licenciée, alors qu'ils se trouvaient dans une des salles ultra-sécurisées de la Maison Blanche.
Lundi, elle n'a pas hésité à rendre public un bref enregistrement d'une conversation avec M. Trump après son limogeage pour démontrer, selon elle, que le président ne sait pas ce qui se passe dans son équipe.
Le président l'avait déjà traitée de «foldingue» lundi et procédé à une attaque en règle, tout en reconnaissant que son ton n'était pas «présidentiel». Il s'est justifié en affirmant que c'est pour contrecarrer les médias «Fake News». - AfricaLog avec agence
Lorsque, sur les bancs de la fac de médecine, Isima Sobande avait entendu parler de mères décolorant la peau de leurs bébés, elle avait cru à une légende urbaine. Mais elle ne tarda pas à le voir de ses propres yeux.
Peu de temps après son affectation dans un centre médical de Lagos, capitale économique du Nigeria, un nourrisson de deux mois, se tordant de douleurs, a été admis "avec de très gros furoncles sur tout le corps".
La jeune médecin découvre alors que sa mère lui appliquait une crème de stéroïdes mélangée à du beurre de karité, une "recette de base" connue de nombreux Nigérians.
"J'étais horrifiée", raconte-t-elle. "Cela m'a vraiment atterrée."
"Notre société est conditionnée par le fait qu'avoir la peau claire est une manière de trouver un bon travail, d'avoir une relation amoureuse,... et pour beaucoup, c'est très important", poursuit la jeune femme de 27 ans avec une voix douce. "Ca nous ronge de l'intérieur."
En Afrique, le blanchiment de la peau n'a rien de nouveau. Les experts médicaux mettent en garde contre les risques pour la santé de ces méthodes d'éclaircissements cutané depuis de nombreuses années.
Les chantres de la conscience noire s'indignent depuis bien longtemps contre cet héritage néfaste et ce lavage de cerveau du à des siècles d'esclavage et de colonisation.
Mais paradoxalement, ils ont sans doute plus d'échos et d'influence dans le reste du monde que sur le continent africain et le phénomène ne cesse d'amplifier.
"L'utilisation de produits pour se blanchir la peau est croissante, en particulier chez les adolescents et les jeunes", explique Lester Davids, professeur de biologie humaine à l'Université de Pretoria en Afrique du Sud.
"L'ancienne génération utilisait des crèmes, la nouvelle génération utilise des pilules et des injections", note-t-il.
Des nouveaux modes d'administration encore plus inquiétants: "Nous ne savons même pas ce que ces produits, encore plus concentrés, vont avoir comme conséquence sur le long terme."
Avec une population en pleine expansion et très jeune, le marché africain est en pleine expansion. Deuxième spécificité du continent, le marché est très peu réglementé et n'importe quelle compagnie, artisanale ou multinationale peut y accéder.
"De plus en plus de nos clients (marques cosmétiques, ndlr) veulent avoir des informations sur le marché du blanchiment de la peau", confie Rubab Abdoolla, analyste chez Euromonitor International, cabinet de conseil en consommation.
Rien qu'au Nigeria, géant de quelque 180 millions d'habitants, 77% des femmes - soit plus de 60 millions de personnes - utilisent régulièrement des produits éclaircissant (OMS, 2011).
Si les consommateurs les plus aisés peuvent se permettre d'acheter des produits testés, les autres achètent des crèmes qui contiennent des niveaux dangereux de produits freinant la production de mélanine.
Ceux-ci incluent l'hydroquinone (dérivé du glucide interdit dans les produits cosmétiques dans l'Union européenne), les stéroïdes, et même le plomb, qui a d'ailleurs tué nombre de courtisans de la reine Elizabeth, adeptes en leur temps des poudres blanches et du teint blême.
Les autorités peinent souvent à encadrer les innovations en matière de blanchiment, qui sont de plus en plus souvent prises sous forme d'injections ou de pilules.
L'organisme de surveillance pour les consommateurs américains Food and Drug Administration n'a autorisé aucune de ces injections aux Etats-Unis, arguant que ces produits "sont potentiellement dangereux et pourraient contenir des ingrédients nocifs inconnus".
Le Nigeria, l'Afrique du Sud et le Kenya ont totalement interdit ceux à forte concentration d'hydroquinie et de mercure, et l'Etat sud-africain du Kwazulu-Natal a demandé à ses habitants de "rejeter toute forme de la beauté coloniale".
En juillet, le gouvernement du Ghana a également publié un message préventif pour avertir des dangers que courent les foetus lorsque les femmes enceintes prennent ces traitements, notamment pour que la peau de l'enfant soit plus claire à la naissance.
Mais les traitements restent facilement accessibles et peu contrôlés dans les marchés, sur internet ou dans des cliniques spécialisées et les
consommateurs deviennent "totalement accro sans mĂŞme s'en rendre compte".
Dabota Lawson, icône nigériane des réseaux sociaux, a monté sa propre marque de cosmétique et vante les mérites de ses crèmes et injections qui soignent également l’acné.
"En fait c'est comme la chirurgie esthétique... Ce n'est jamais assez", reconnaît-elle.
De son côté, Pela Okiemute, ou "le roi de la Beauté" tel qu'il se surnomme lui-même, est devenue la grande star des produits de blanchiment de peau sur Internet avec sa crème "Blancheur russe", promettant une "meilleure tenue de la peau, une beauté infinie et un teint de métisse".
Sa crème "Royale Cléopâtre", qui est présentée par la photo d'Elizabeth Taylor dans le rôle de la reine d'Egypte, rend la peau "claire et radieuse" avec des résultats visibles dès deux semaines.
"Beaucoup de mes clients ont utilisé de mauvais produits avant", raconte-t-il, assurant que ses produits ne sont pas nuisibles pour la santé, bien que très efficaces. "Ils viennent vers nous parce qu'ils ont des problèmes, et nous leur offrons des solutions", poursuit-il en faisant glisser des photos "avant-après" sur son téléphone.
Aranmolate Ayobami est lui, chirurgien esthétique. "Maître es. fessiers" plus exactement. Mais dans sa clinique à la périphérie de Lagos, derrière un restaurant chinois abandonné, il propose également un traitement de cinq semaines à base d'injections de glutathion pour 150.000 nairas (350 euros).
Il est catégorique: le produit qu'il utilise, importé des Emirats Arabes Unis et des Etats-Unis, n'est pas dangereux pour la santé, et surtout, il ne dépasse jamais les cinq semaines de traitement.
"Parfois, les clients me ramènent des produits de moins bonne qualité et me supplient de leur inculquer", dit-il. "Ils me disent 'mais Docteur, je suis prêt à prendre ce risque!'. Nous tentons vraiment de décourager ces pratiques", assure la médecin.
"Le blanchiment de la peau est une manière d'accéder au pouvoir et aux privilèges associés aux Blancs", analyse Yaba Blay, professeure auxiliaire en sciences politiques à l'Université centrale de Caroline du Nord, et spécialiste de la question.
"Les gens veulent être perçus comme ayant plus de valeur, et cela passe par la couleur de la peau", poursuit-elle. En Afrique, au-delà de la comparaison avec l'ancien colon, la peau claire suggère un travail dans un bureau, non exposé au soleil, et est donc un signe de richesse.
Les récents mouvements de "conscience noire" tentent de changer ces perceptions. Le hashtag #Melaninpoppin ('La mélanine, c'est tendance') célèbre la peau noire sur les réseaux sociaux, le film "Black Panther" avec son casting presque exclusivement noir, avec des costumes inspirées des tenues traditionnelles et des cheveux afro naturels, a fait évoluer les consciences et sont des signes de recul de la vision très euro-centrée des canons de beauté.
Mais nous sommes encore loin d'un phénomène de masse.
"La vérité c'est que ma beauté était davantage acceptée à l'étranger que dans mon propre pays", regrette Ajuma Nasenyana, mannequin kényane, qui a représenté les marques de Victoria's Secret ou encore Vivienne Westwood.
"Dans l'univers de la mode en Afrique, plus ta peau est claire, plus tu es considérée comme jolie", se confie-t-elle. "Mais heureusement, les choses sont un peu en train d'évoluer."
La jeune médecin Dr Sobande, perçoit aussi ce changement "positif" de l'autre côté du continent, au Nigeria.
"Mais il va falloir faire beaucoup d'efforts pour changer les mentalités.” - AfricaLog avec agence