Du 18 au 20 mai dernier, le corps diplomatique et consulaire africain à Washington a célébré la journée de l’Afrique. A cette occasion, AfricaLog a rencontré M. Amadou Lamine Bâ, ambassadeur de la république du Sénégal aux Etats-Unis pour parler de l’importance de cet événement aux Etats-Unis.
AfricaLog: M. L’ambassadeur pourquoi célébrons-nous la semaine de l’Afrique aux Etats-Unis?
Ambassadeur Amadou Lamine Bâ: La célébration de la journée de l’Afrique a été mandatée par l’Union africaine qui souhaite que chaque année qu’un jour soit dédié pour célébrer l’Afrique. A notre niveau du groupe des Ambassadeurs à Washington, nous avons décidé d’utiliser une semaine entière pour faire la promotion de l’Afrique tant sur le plan économique que sur le plan culturel. Ceci nous permet également de nous attaquer à réduire l’image négative que les Américains se font de l’Afrique
AfricaLog: Quelle appréciation faites-vous de vos efforts dans le cadre de la promotion de l’Afrique aux Etats-Unis?
Ambassadeur Amadou Lamine Bâ: L’Afrique prend de plus en plus de l’importance aux Etats-Unis. Au cours des dernières années, nombreuses initiatives tant au niveau de l’administration qu’au niveau du congrès ont émergé dans le cadre de la promotion de l’Afrique. C’est ainsi que plusieurs lois ont été créée dans les domaines de l’agriculture, de l’éducation et celui de la santé publique. Au moment où nous parlons, un caucus vient de voir le jour au congrès pour faire exclusivement la promotion de l’Afrique au sein de cette institution. Ceci grâce aux efforts des honorables Bobby Rush et Donald Payne, respectivement législateurs des Etats de l’Illinois et du New Jersey.
Au plan des affaires, pour la première fois, la chambre du commerce américain a décidé d’organiser régulièrement des séminaires sur l’Afrique parce que les Américains réalisent de plus en plus que notre continent est une bonne destination pour les investisseurs.
AfricaLog: Quels sont les facteurs qui concourent à cet intérêt pour l’Afrique?
Ambassadeur Amadou Lamine Bâ: Je crois que cela est le résultat d’une combinaison de facteurs. Il y’a d’abord les conditions internationales de la crise financière. En plus, la présence des puissances comme la chine et l’inde en Afrique a également capté l’attention des Américains par rapport à leur stratégie mondiale que l’Afrique compte.
AfricaLog: Quelles sont vos Attentes de l’administration Obama?
Ambassadeur Amadou Lamine Bâ: On a espoir que Obama, avec ses origines africaines, va donner à l’Afrique certaines priorités. Je crois que les Africains n’ont pas tort d’avoir eu de l’espoir qu’un président d’origine africaine puisse donner plus d’attention à l’Afrique que d’autres qui n’ont aucun lien biologique avec le continent. Mais il y a les réalités de l’économie américaine et celles de la présidence américaine. Il y a aussi la réalité des structures institutionnelles et étatiques des Etats-Unis. Ce qui fait qu’un président ne peut jamais décider tout seul. Est-ce qu’il va augmenter l’aide publique à l’Afrique?
On sait que son prédécesseur, le président Bush, a fait beaucoup pour l’Afrique sur ce plan. Il a initié le MCA (Millenium Challenge Account). Ensuite, il a reconduit l’Agoa. Tout cela montre que Obama a un défi à relever. Je crois que le premier acte qu’il vient de poser, c’est à dire qu’en moins de 6 mois après sa prestation de serment qu’il décide d’aller en Afrique, est un signal fort et assez rassurant par rapport à ses intentions vis à vis de l’Afrique.
AfricaLog: La crise financière internationale affecte t-elle l’Afrique?
Ambassadeur Amadou Lamine Bâ: Dans un premier temps on pensait que l’Afrique serait immune de cette crise financière internationale compte tenu de ce que fait le continent. Les pays africains sont restés longtemps les bons élèves des institutions de Bretton Woods et ont suivi les dictats du FMI pour avoir un équilibre macro-économique, pour avoir une inflation très faible. Ceci a crée une croissance économique en Afrique. Le continent occupe présentement la deuxième place du point de vue de croissance économique, moyennant six pour cent par an.
Avec la crise actuelle, cette croissance a reculé pour s’établir autour de deux pour cent. On peut sentir déjà un effet sur l’économie. En plus, au niveau de chaque pays africain, on trouve des problèmes au niveau des exportations dû à la diminution de la demande, sans compter le problème d’investissement. Avec la crise, certains investisseurs potentiels ont suspendu leurs projets. Actuellement, on a moins de touristes qui vont en Afrique, alors que les ressortissants africains à l’étranger envoient moins d’argent à leurs pays respectifs. La liste est longue et tout cela combiné à un effet sur les revenus.
Heureusement que la communauté internationale est entrain de prendre des dispositions utiles dans ce sens. Je crois qu’il y a tout un ensemble de choses qui pourront nous aider à pouvoir affronter les effets déjà néfastes de la crise.
Propos recueillis par Alsény Ben Bangoura