Par Ejike E. Okpa
En dépit des apparences, le continent est toujours embourbé dans des conditions qui semblent inextricables. Ainsi, beaucoup de publicité et de bruit sont faits autour des transferts de l’étranger vers l’Afrique. Les nations africaines se trompent en croyant qu’elles attirent des ressources et des mannes tombées du ciel.
Chacun doit faire la différence entre l'argent destiné à consommation et celui destiné à l'investissement. Le premier, provenant de petits transferts, n’aide pas à stabiliser la nature fluctuante de la monnaie locale des pays bénéficiaires. L'argent est est beaucoup plus productif lorsqu’il est canalisé vers des emplois productifs. L'argent transféré directement aux familles est une assistance à court terme qui génère de la dépendance à long terme. Cet argent facile n’incite absolument pas à des activités.
Le Nigeria, par exemple, reçoit le plus grand montant de transferts vu le grand nombre de Nigérians travaillant à l’étranger. Mais sa monnaie locale le Naira n'a pas été en mesure de se stabiliser même lorsque le pétrole et le gaz se vendaient à des prix forts. Aujourd'hui, un million de naira vaut uniquement 4 500$, alors qu’au milieu des années 1980, un million de Naira valait presque 2 millions de dollars. L’étendue de la dégringolade est abyssale.
L'Occident a trouvé un moyen de freiner les pays dits émergents et les « nations » en voie de développement. Puisque nous vivons tous dans un monde global, ne serait-il pas plus judicieux de commercer dans une devise unique ? Si cela se produisait, les économies occidentales n’auraient aucune chance de survivre parce que la main d’œuvre bon marché qui lui est offerte grâce à l’immigration baisserait de manière drastique. Le travail est le facteur le plus critique dans tous les facteurs de production et c’est l'avantage que détient l’occident sur les économies à base de matières premières. Il n'y a pas besoin d'un doctorat en économie pour comprendre cela.
A l’époque coloniale, les monnaies locales africaines étaient en parité parfaite avec celles des colonisateurs, ce qui a permis de garder les indigènes chez eux. Mais, à partir des indépendances, les colonisateurs n’ont plus pu se permettre de rémunérer les dépôts de leurs colonies détenus en leur nom [un tiers des actifs de chaque pays devaient être tenu dans les établissements financiers du colonisateur], ils ont introduit la dévaluation pour freiner la « croissance » des nations nouvellement indépendantes et les accrocher.
Singapour, a été l’ancienne colonie qui a dénoncé avec véhémence une telle politique vicieuse et a opté pour le Commonwealth. Aujourd'hui, la preuve des effets pervers d’un tel leadership destructeur est que Singapour possède le revenu par habitant le plus élevé parmi les anciennes colonies et même supérieur à celui du Royaume-Uni, son ancien colonisateur.
C’est un coup de bambou sur la « tête » de l'ancien colonisateur, et surtout c’est ce qui est nécessaire pour qu’un pays puisse émerger. Au lieu de cela, les Africains jubilent lorsque la Reine leur décerne le titre de chevalerie (Sir). Il n’en faut pas beaucoup pour impressionner les gens qui manquent d’ambition et de confiance.
Dans les années 1980, l’occident a convaincu ses anciennes colonies naïves (en l’occurrence africaines) de mettre en place des économies orientées vers l’exportation. On leur demandait de produire et d'exporter afin qu'elles puissent gagner des devises étrangères qui devaient être placées en une devise étrangère comme une mesure pour les comptes courants pour importation (balance des paiements) pour revenir aux pays producteurs. Malheureusement, les pays africains naïfs ont échoué à cause de cela car ils pensaient qu'ils pourraient colmater les différents trous par la seule vente des minerais. Ça n’a jamais été possible, d’autant que les prix des produits de base ne sont pas déterminés par les pays producteurs. Pour atténuer l’impact de leurs sauvages erreurs, ils ont émis des reconnaissances de dette. En d'autres termes, même quand ils ne produisent pas assez, ils sont autorisés à importer des marchandises, tandis que les dettes sont émises sur la base des revenus futurs de ce qu'ils produiront. Il s’agit de machinations et de manipulations « voo-doo », et les nations se trouent ainsi accrochées.
Jusqu'à ce que les pays africains réduisent ou éliminent leurs 54 devises dépareillées et faibles, c’est-à -dire trois ou quatre monnaies et demandent pour chacune le traitement partiel ou entier de ce qu'ils produisent dans le pays avant l'exportation de devises, ils resteront toujours là où ils sont. Du nouveau vin dans une vieille bouteille, c’est seulement du changement d'étiquette.
Je n’écris pas pour apaiser ou pour plaire mais pour défier les pensées. Le dollar américain ou la livre sterling britannique ne leur ont pas été transférés par Dieu. Ces monnaies sont toutes imprimés et mis en circulation légalement, comme des réserves privilégiées de la richesse. Eh bien, si c’est le cas, comment se fait-il que lorsque les Africains impriment leurs propres monnaies, celles-ci soient sans valeur?
Ejike E. Okpa, analyste pour African Executive