Une centaine de personnes a manifesté ce samedi à Paris, pour contester l'élection d'Ali Bongo et le soutien que lui accorde la France.
Une fillette s’avance au-dessus de la barrière, une rose blanche à la main, et la tend au gendarme qui lui fait face. Les manifestants de ce samedi, Gabonais pour la plupart réunis à Paris, ont fait dans le symbole. Pour certains vêtus de costumes et de lunettes noires, les quelque 150 manifestants ont joué un cortège funéraire, celui de la mort de la Françafrique - ces relations troubles entre la France et les pouvoirs africains-, dix jours après l’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo au Gabon. Les roses blanches devaient même échouer sur le parvis du palais de l’Elysée; c’était sans compter un dispositif policier important, et des barrières, pour contenir le mouvement aux abords de l’avenue des Champs-Élysées. Dans le cortège, les slogans sont sans équivoque: «La Françafrique, c’est fini». Une pancarte brocarde le ministre des affaires étrangères, «Docteur Kouchner, Dictatologue Sans Frontières», alors que Robert Bourgi, conseiller Afrique officieux de Nicolas Sarkozy, qui a fait état sans scrupules de la nature de ses relations avec les chefs d’Etat africains il y a quelques jours, est lui aussi au centre des quolibets. Ali Bongo, récemment élu et contesté à la tête du Gabon, est considéré comme «le nouveau-né de la Françafrique». «Je trouve inconcevable que la France n’ait pas pris plus de distance avec Bourgi, qu’elle ne condamne pas ses propos», explique Renée Clément, qui organise le rassemblement. Il est pour eux le symbole de la Françafrique, qui aurait poussé Ali Bongo au pouvoir. Ce qui a été l’événement de trop, à leurs yeux. Alors quand Nicolas Sarkozy félicite son nouvel homologue, il est vu comme un complice. «Il faut que Sarkozy ait un positionnement franc. Il conteste l’élection en Iran, et pas au Gabon, alors que c’est la même chose: un vol», s’indigne M. Mengoune, de la Diaspora Gabonaise Unie. A côté de là , des hommes prédisent l’explosion de la francophobie, au Gabon. «De plus en plus de Gabonais ont le sentiment que leur pays est occupé par la France, explique Jules-Florent. Vous allez tout perdre.» Guy, l’étudiant qui s’était mis en grève de la faim devant l’ambassade du Gabon à Paris, est aussi de la partie. Il a mis fin à son action. «On ne voulait pas lui faire prendre de risque pour sa santé», explique Michael. «Le combat va être long.» - Libération