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50 ans d’indépendance en Afrique : recul démocratique chez les francophones

Apr 06, 2010

« Bâtard de bâtardise », éructait le personnage de « Fama, descendant des Doumbouya » contre les indépendances en Afrique dans l’œuvre romanesque Les Soleils des Indépendances d’Ahmadou Kourouma. Il pestait ainsi contre l’autonomie accordée à son pays, laquelle octroyait un droit aux populations à disposer d’elles-mêmes, ce qui lui avait ôté à lui, Fama, certains privilèges. Au demeurant, une question centrale est posée dans cet ouvrage : que nous ont apporté les indépendances ?

En tout cas en Afrique, 17 pays vont fêter, en cette année 2010, les noces d’or de leur indépendance. Le Sénégal a été le premier à ouvrir le bal en commémorant le 4 avril dernier le cinquantenaire de son indépendance. Au-delà des effets d’annonce comme celle mettant fin à la coopération militaire avec la France qui avait jusque-là cours (ce qui était prévu depuis le discours de Sarkozy au Cap en Afrique du Sud), il y a eu l’inauguration du Monument de la renaissance africaine intervenue la veille, 3 avril, sur le site des Mamelles.

Pour les uns c’est un pur gâchis, car tandis que des habitants de quartiers tels Gueule Tapée ou Colobane, pour ne citer que ceux-là, ne mangent pas à leur faim, voilà que le président Abdoulaye Wade injecte 15 milliards CFA dans du bronze. Et on les comprend : « primere vivere diende phisophare », vivre d’abord, philosopher ensuite. Pour les autres, tous ceux qui pensent ainsi font dans du misérabilisme africain qui ramène tout à l’œsophage.

Ces derniers estiment que le chef de l’Etat a ainsi son empreinte et que, quoi qu’on dise, l’Histoire tranchera en sa faveur. Cet homme et sa compagne tenant un enfant qui montre du doigt l’immense océan, le tout émergeant des abysses, est le symbole d’une renaissance prévue pour durer 120 ans, ce qui n’a rien à voir avec les monuments nains du Burkina où l’on semble voir les choses en petit.
Cela dit, un petit tour d’horizon de ces pays indépendants depuis un demi-siècle permet d’affirmer qu’il y a un véritable recul démocratique dans les pays francophones, où prolifèrent des tripatouilleurs de Constitution ou des tripatouilleurs potentiels si ce ne sont des instaurateurs de pouvoirs dynastiques. Pratique aux antipodes des pères de l’indépendance qui, bien qu’ils eussent instauré le parti unique, n’avaient jamais pensé à céder le pouvoir à leurs fils.

Sur les 17 nations qui prétendent avoir acquis ce précieux outil de développement, une dizaine sont ainsi dans cette situation de « tripatouillite aiguë » : Burkina Faso, Togo, Niger, Gabon, Tchad, RD Congo, Cameroun... On l’aura constaté, ça patine chez plus de la moitié des pays francophones et on peut se poser légitimement la question sur la valeur du maître sans pour autant absoudre ces mauvais élèves prompts à rejeter tout sur l’enseignant.

Finalement un adage des comptoirs, si les anglophones ont appris à leurs colonisés à travailler, les lusophones à b... (d’où la kyrielle de métis dans ces pays), nos ancêtres les Gaulois nous auront appris la rhétorique ; qu’on se souvienne d’André Malraux éclairant d’une torche le discours du Tchadien François Tombalbaye du balcon d’un immeuble.

Cependant le disque est rayé depuis Maltisalus, selon lequel c’est ce passé colonial qui explique ce surplace ou ce recul démocratique. Non ! Les démocraties de façade sur le continent sont d’abord voulues par certains Africains. 50 ans après les indépendances « Tcha-tha », les boucs émissaires se raréfient et il va falloir que les Africains assument leur retard sur tous les plans pour pouvoir...rebondir. – L’observateur Paalga

 

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