La police ougandaise a interpellé jeudi les deux principaux adversaires déclarés du chef de l'Etat Yoweri Museveni à la présidentielle de 2016, a-t-on appris auprès de la police.
L'ancien premier ministre Amama Mbabazi a été arrêté dans le centre de l'Ouganda, alors que Kizza Besigye, un des principaux responsables de l'opposition, a été appréhendé chez lui, en périphérie de la capitale Kampala.
Les deux hommes, qui ont récemment annoncé leur candidature au scrutin présidentiel de l'an prochain, étaient apparemment en route pour des meetings de campagne.
Âgé de 70 ans, Yoweri Museveni, accusé par ses opposants de vouloir s'accrocher à un pouvoir qu'il détient depuis 1986, a déjà été désigné par les dirigeants du parti au pouvoir NRM comme son candidat pour 2016. Cette candidature doit encore être confirmée par un congrès du parti, mais qui devrait être une pure formalité.
MM. Mbabazi et Besigye sont tous les deux d'anciens proches du président Museveni.
Le premier est tombé en disgrâce l'an dernier, après avoir fait campagne au sein du NRM contre l'investiture du chef de l'Etat pour la prochaine présidentielle. Il avait dans la foulée, et en quelques mois, été limogé de ses postes de secrétaire général du parti présidentiel puis de chef du gouvernement.
Le porte-parole de la police Fred Enanga a déclaré que M. Mbabazi avait été empêché d'organiser un meeting illégal, dans la mesure où il n'avait pas été autorisé par la commission électorale.
Il n'a pas respecté nos consignes et a donc été arrêté, a indiqué M. Enanga, ajoutant que la fille du responsable politique avait également été interpellée. Il sera inculpé s'il y a des preuves.
L'épouse de M. Mbabazi, Jacqueline, a confié que son mari s'attendait à son arrestation.
C'était prévisible, venant de ce gouvernement (...) Cela montre que la dictature règne dans notre pays, où les gens n'ont pas la liberté d'exercer leurs droits, a-t-elle estimé.
La police a averti à plusieurs reprises que les rassemblements politiques sans autorisation ne seraient pas tolérés. Les organisateurs doivent soumettre tous les détails d'un rassemblement à la police, trois jours au moins avant leur tenue.
Le porte-parole de la police a également confirmé l'arrestation de M. Besigye, ancien médecin personnel de Museveni qu'il a déjà affronté à trois reprises lors de présidentielles, y compris lors du dernier scrutin de 2011.
Après son échec à la présidentielle il y a quatre ans, M. Besigye avait tenté d'organiser une série de manifestations contre le gouvernement. Ces manifestations, interdites, lui ont valu de nombreuses interpellations.
Brièvement arrêté le mois dernier par la police, un autre opposant de premier plan, le général David Sejusa, s'est présenté jeudi devant le poste de police où M. Mbabazi était détenu pour appeler au rassemblement de l'opposition.
Faire partir Museveni va relever de la guerre de tranchée, a-t-il lancé à la presse.
Ceux qui prétendent que nous pourrons obtenir un changement par des voies démocratiques, devraient se remettre à réfléchir, a-t-il ajouté. - AfricaLog avec agence