Le procureur général de Guinée-Bissau, Luis Manuel Cabral, a déclaré mardi à l'AFP qu'il était "sans moyens financiers pour continuer l'enquête" sur le double assassinat du président bissau-guinéen et du chef d'Etat-major de l'armée dans la nuit du 1er au 2 mars à Bissau.
"Nous sommes sans moyens financiers pour continuer notre travail d'investigation sur le double crime contre le chef d'Etat major (Batista) Tagmé Na Waie et le président Joao Bernardo Vieira" a affirmé Manuel Cabral. Selon lui, "les investigations ne pourront pas continuer si des moyens financiers" ne sont pas mis à sa disposition. Une commission d'enquête nationale, dirigée par Luis Manuel Cabral, a été mise sur pied au lendemain de l'assassinat de Vieira avec cinq policiers, trois magistrats et deux militaires qui ont commencé à travailler le 12 mars avec un premier mandat d'un mois. Elle est chargée de faire la lumière sur la mort, dans la nuit du 1er au 2 mars, du général Tagmé Na Waie dans un attentat à la bombe, puis quelques heures plus tard de celle du président Vieira. "J'ai exposé la situation au Premier ministre en présence du ministre de la Défense Artur Silva et du secrétaire d'Etat au Trésor public Carlos Casimiro pour qu'ensemble nous trouvions une solution au problème", a affirmé le procureur. "J'aurais souhaité que les investigations aboutissent avant la fin de mon mandat à la tête du ministère public et peut être même avant les élections présidentielles du 28 juin" en Guinée-Bissau, a-t-il ajouté. Joint mardi par l'AFP, Me Boucounta Diallo, avocat de la veuve du président Vieira a estimé "grave qu'un Etat dise qu'il ne peut mener la plus petite enquête faute de moyens financiers". "C'est une démission de l'Etat (bissau-guinéen) et un Etat a l'obligation de faire fonctionner ses juridictions", a ajouté Me Diallo du barreau de Dakar. Me Diallo avait peu avant, dans un communiqué transmis à l'AFP, "appelé les autorités judiciaires de Guinée-Bissau, les pays amis et l'Union africaine afin qu'ils pèsent de tout leur poids, avant que la justice occidentale ne nous administre une nouvelle fois une bonne preuve d'indépendance, en se chargeant du dossier" de l'assassinat du président Vieira. Par ailleurs, la commission militaire chargée de l'enquête sur l'attentat qui a tué le général Tagmé Na Waie peu avant la mort du président, a remis mercredi dernier un rapport d'investigations au procureur général. Ce dossier d'une centaine de pages comprend des dépositions écrites et des déclaration enregistrées sur cassettes audio des auteurs présumés de l'attentat qui a été perpétré dans une enceinte militaire. Six officiers - cinq hommes et une femme - ont été arrêtés dans le cadre de cet attentat. - AFP