Le clash au sein de l’UDG entre le Président et le Secrétaire général. «Maintenant, je veux être récompensé», c’est en ces termes que le leader de l’Union pour le Développement de la Guinée (UDG) a attiré l’attention sur sa formation politique. El hadj Mamadou Sylla a même fait croire à un chantage qu’il était en train de faire à l’endroit du Président de la République.
En effet tout est parti d’un acte de suspension du Secrétaire général de l’UDG «pour faute lourde». Suite à cette décision, le Président du parti a été entrepris par les médias. C’est au cours de ses explications que l’homme a éventé les confidences qu’il a eues avec le Chef de l’Etat. Notamment la promesse qui lui a été faite par Alpha Condé d’user de tout pour qu’il occupe le poste de 1er Vice-président de la future Assemblée nationale.
Dans ses explications Mamadou Sylla a clairement dit: «On a fait alliance pour que le RPG Arc-en-ciel remporte le maximum de sièges. Et puisque j’ai engagé mon parti à fond et avec des fonds, au point qu’il a obtenu trois (3) sièges même si je devais avoir pas moins d’une dizaine, maintenant, je veux être récompensé. Et je veux être 1er Vice-président de l’Assemblée nationale. Quand je suis rentré de Paris, je me suis entretenu avec le Président Alpha Condé qui me l’a fermement promis».
Quelle n’aurait été sa surprise lorsqu’il a appris une autre nouvelle en provenance de Conakry pendant qu’il était en séjour à Boké, selon lui. Le Président de l’UDG avance que son Secrétaire général, Soriba Sorel Camara a pris part à une réunion du parti RPG Arc-en-ciel ; rencontre présidée par Alpha Condé. «Ce jour, rapporte-t-il, Soriba, en tant que Secrétaire général de l’UDG, a dit que moi, j’ai fait alliance des deux (2) partis sans aucune condition ». Ce qui l’a fâché. Il fera un retour précipité à Conakry pour « convoquer une réunion extraordinaire d’urgence du Bureau politique du parti. A l’unanimité, ses propos ont été condamnés et l’instance dirigeante a décidé de sanctionner Soriba Sorel pour faute lourde», précise-t-il.
A la question de savoir pourquoi le parti n’a pas observé la liberté d’expression vis-à -vis du Secrétaire général ainsi. Mamadou Sylla a rétorqué que «les propos de Sorel sont très graves ! Alors pourquoi, a-t-on fait alliance?» s’est-il interrogé avant de signifier qu’«un parti politique, c’est la discipline » de la formation politique en question. Surtout que « je lui avais défendu, avant de quitter Conakry pour Boké, toute déclaration engageant le parti pendant cette période. Je suis déjà en pourparlers avec le Président de la République», s’est-il empressé d’ajouter.
Naturellement, AfricaLog a cherché à connaître la version du mis en cause, en l’occurrence Soriba Sorel Camara.
Ce dernier sentant à coup sûr la menace qui le guette ainsi, ne s’est pas fait prier pour montrer sa loyauté vis-à -vis du parti présidentiel, le RPG Arc-en-ciel: «J’ai été surpris d’apprendre ma suspension sur les antennes de sa radio [la radio de Mamadou Sylla ; NDLR]. Moi, j’étais allé samedi dernier [samedi 15 décembre 2013 ; NDLR] au siège du RPG Arc-en-ciel pour exprimer le soutien de notre parti, l’UDG, qui est allié au RPG avec la même liste nationale pour la députation».
Et le Secrétaire général de l’UDG d’enfoncer: «Mon président du parti qui est obsédé par le poste de 1er Vice-président de l’assemblée nationale, a menacé que ses députés ne voteront pour le candidat proposé par le RPG, M. Kory Kondiano comme Président de l’Assemblée qu’à condition qu’il [Mamadou Sylla, NDLR] obtienne la Vice-présidence. Il m’a dit: "Sorel compte tenu de cela, je ne veux pas que tu prennes une décision tant que nous n’avons pas ce que nous demandons"».
Soriba Sorel relève d’autre part: «le samedi soir donc, le Président de la République devait recevoir tous les députés élus de la mouvance pour harmoniser les points de vue. Mais les bruits couraient déjà qu’il y a une dissidence de l’UDG qui réclame des postes. Et qu’au cas où il n’obtenait pas les postes, le parti a une alternative. Etant donc le Secrétaire général, je suis allé réaffirmer le soutien du parti au Chef de l’Etat ainsi qu’aux candidats élus du RPG Arc-en-ciel dont Kory Kondiano. C’est ça l’option de notre alliance surtout que dans le protocole d’alliance qu’on a signé dans le cadre des élections législatives du 28 septembre 2013, il n’y a aucun article qui stipule qu’en cas de victoire, il y aura de partage de postes», a-t-il rappelé.
D’après le Secrétaire général de l’UDG, il n’en fallait pas plus pour déclencher le courroux de son Président de parti contre lui et qui n’a pas tardé à prendre, depuis Boké «la décision par téléphone à sa radio pour faire un communiqué me suspendant. Ce qui constitue une violation de tous les principes démocratiques à cet égard, car un Secrétaire général du parti, pour le suspendre, il faut l’avis du Bureau politique et valider par le congrès national. Il a pris la décision de lui-même en disant que le statut l’autorise à prendre une décision entre deux congrès. Mais je crois que c’est l’analphabétisme qui fait ça, sinon, il y a un Bureau politique qui fonctionne. Il dit que le parti lui appartient et que d’ailleurs tous ceux qui sont du parti sont ses travailleurs. Si vous remarquez bien sur la liste des candidats à la députation qu’il a présentée, il n’a aligné que sa famille : son fils, sa femme, ses frères ainsi de suite», a-t-il lâché, très amer.
L’homme d’affaires et désormais leader de parti politique rappelle, de son côté, qu’«En 2010, il y avait un deal, un protocole d’accord entre les deux tours [de l’élection présidentielle ; NDLR]. Le deal est que, je devais être nommé par décret, Président du secteur privée. Ce protocole a été signé et j’ai les signatures avec moi. Mais hélas, je n’ai pas eu ça. J’ai patienté trois (3) ans durant sans rien avoir de l'accord. Alors, cette fois, je dois avoir le poste de Vice-président de l’Assemblée nationale. Le Président va accepter. J’ai travaillé pour ça, j’ai mis mon milliard là -dedans, le RPG ne m’a pas donné un sou, personne ne m’a aidé».
Le clash semble dorénavant évident entre Soriba Sorel et son mentor. Parlant de Mamadou Sylla, le Secrétaire général de l’UDG a commencé d’ailleurs à monter au créneau: «Moi, je vois un esprit de déviationnisme dans sa mentalité. Il est un habitué des faits. Quand on était aux Forces vives, à la limite des actions pour les conclusions, il nous a amenés à l’ANR de Bah Ousmane [actuel Ministre d’Etat aux TP et Transports et Président de l’UPR ; NDLR]. Alors c’est un habitué des faits».
Et boum! «Il [Mamadou Sylla; NDLR] commence à être fréquenté par les caciques de l’opposition pour lui demander qu’au cas où il n’obtenait pas le poste de vice président, de voter le candidat de l’opposition contre le candidat du RPG.
Moi je ne peux pas cautionner cela, car nous nous sommes engagés dans une alliance et c’est dans cet esprit que j’ai agi. Tant qu’il ne revient pas sur la ligne normale, tant qu’il ne se taille pas au poste de Vice-président, pour voir s’il le mérite ou pas, tant qu’il ne cesse pas de marchander le parti, tant qu’il ne sort pas le parti de son option familiale, tant qu’il veut imposer la dictature, je ne serais pas d’accord avec lui. Je ne vois pas d’autres alternatives, en tout cas moi je suis du RPG arc en ciel».
Est-ce le temps des déballages? Attendons de voir la suite.
En attendant, l'intérim est assuré par Alsény Kolia Sylla, le Secrétaire général adjoint du parti. Quant à Soriba Sorel Camara, il continue à qualifier l’acte qui le suspend de «décision unilatérale prise par Mamadou Sylla».
AfricaLog.com