La société civile place ses espoirs pour la présidentielle en Jacqueline Lohouès-Oble, déclare le président de la Ligue ivoirienne des Droits de l'homme (Lidho), André Banhouman Kamaté, contacté par la MISNA à Abidjan, pour commenter l'apparition inattendue sur la scène politique de l'ancienne ministre de la Justice et professeur agrégée de droit à l'Université de Cocody.
"La candidature d'une femme très compétente dans le secteur juridique et à la longue expérience politique est une nouveauté historique dans le panorama ivoirien et la preuve d'un grand changement au sein de notre société patriarcale", précise l'interlocuteur de la MISNA. La candidature de Mme Oble aux prochaines élections présidentielles - les premières depuis la tentative de coup d'État de 2002 et la guerre civile conséquente qui a divisé le pays en deux pendant plus de sept ans - a été saluée par la presse locale, qui y donne un grand écho, comme une mini-révolution, dans la mesure où il s'agit de la première femme à se porter candidat à des présidentielles dans le pays. Alors que la campagne électorale bat son plein depuis fin août, d'immenses affiches ont été placardées ces derniers jours dans les rues d'Abidjan pour soutenir l'aspirante présidente, dont la candidature éventuelle alimentait depuis plusieurs semaines les rumeurs. Outre le slogan raffiné de sa campagne, “Noble, mon espoir pour la Côte d’Ivoireâ€, l'équipe électorale de Mme Oble serait déjà au grand complet avec une prédominance féminine et le soutien assuré de la société civile. Son parcours mêle carrière universitaire et politique : doyenne de la faculté de droit de l'Université d'Abidjan, experte de la Banque ouest-africaine de développement, députée, ministre de la Justice, conseillère du Premier ministre Charles Konan-Banny et ex-présidente du Réseau des femmes ministres et parlementaires de Côte d'Ivoire (Refamp-ci). L'hypothèse de sa candidature avait été initialement promue par la Coalition des Femmes leaders de Côte d'Ivoire (Cfelci), avant d'être soutenue par de nombreuses associations de femmes qui ont choisi Mme Oble pour représenter leurs instances plutôt que de miser sur le système des partis ou sur les "dinosaures" de la politique ivoirienne. Pourtant, Mme Oble a rempli les fonctions de secrétaire nationale du Rassemblement des Républicains (Rdr, parti de l'opposant Alassane Ouattara), jusqu'à sa démission en conflit avec la direction en juillet 1999. Pendant son expérience au sein du Rdr, elle avait travaillé en étroite collaboration avec Simone Ehivet-Gbagbo, épouse du président, avec laquelle elle a par la suite entretenu de bons rapports. À l'heure actuelle, ce sont les locaux des Facultés universitaires privées d'Abidjan (Fupa) qui abritent son quartier général, dans le quartier d'Angré. Actuellement en France à l'occasion d'un congrès international de juristes, Mme Oble devrait formellement déposer sa candidature à son retour au pays. Les candidats à la présidentielle pourront présenter leurs dossiers de candidature jusqu'au 16 octobre et c'est au Conseil constitutionnel qu'il incombera de les valider en dernière instance. Des sources locales de la MISNA indiquent que le climat politique et social dans le pays est très détendu et que la population attend avec impatience que les listes électorales provisoires soient diffusées le 15 septembre, avant que ne débute le délai d'un mois pour présenter d'éventuels recours. - Misna