Le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro a déclaré avoir "du mal à imaginer" que l'élection présidentielle se tienne après le 7 août 2010, date du cinquantenaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, dans un entretien à l'hebdomadaire Jeune Afrique à paraître lundi.
Interrogé sur la date du scrutin, M. Soro répond: "J'ai du mal à imaginer que le 7 août prochain, jour de notre fête nationale et du cinquantième anniversaire de notre indépendance, la Côte d'Ivoire n'aura pas encore dépassé cette échéance".
"Dans le cas contraire, la fête risque d'être bien triste", ajoute le chef du gouvernement et de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), sans toutefois avancer une date précise.
Sans cesse reportée depuis la fin du mandat du président Laurent Gbagbo en 2005, cette élection est censée clore la crise née du coup d'Etat manqué de 2002, qui a coupé le pays en un nord rebelle et un sud loyaliste.
Le processus électoral est en outre bloqué depuis le début de l'année, à la suite d'accusations de "fraude" sur la liste des inscrits portées contre l'ancien président de la commission électorale (CEI) par le chef de l'Etat.
Depuis plusieurs semaines, camp présidentiel et opposition s'affrontent sur les modalités du traitement des contentieux concernant cette liste, tandis que les pro-Gbagbo s'opposent aux Forces nouvelles sur une autre question très sensible, en faisant du désarmement des ex-rebelles un préalable à l'élection.
"Le chef de l'Etat, que je sache, n'a jamais fait du désarmement un préalable à l'élection", affirme Guillaume Soro, rappelant que dans tous les pays sortant d'un conflit, "on n'attend pas que le dernier soldat ait déposé son arme pour aller voter".
"S'il s'agit de rassurer le camp présidentiel (...), j'ajoute ceci: au nom des Forces nouvelles, je m'engage à ce que, le jour J, aucun électeur ne soit empêché d'aller déposer son bulletin dans l'urne et qu'aucune urne ne soit escamotée", ajoute-t-il.
Interrogé sur l'attitude de certains commandants des FN que la réunification de l'armée, qui devrait suivre l'élection, pourrait ne pas satisfaire, Guillaume Soro affirme qu'"il serait vain de s'opposer à la dynamique de l'unité retrouvée et au respect de l'autorité de l'Etat".
"La récréation est finie", assure le chef des FN, prévenant que "ceux qui seraient tentés d'enrayer la marche de l'Histoire l'apprendront à leurs dépens".
Ces dernières crispations avaient rendu purement théorique la dernière échéance, de "fin avril-début mai", fixée pour la présidentielle. – AFP