Le président intérimaire du Burkina Faso Michel Kafando ainsi que le Premier ministre Isaac Zida et deux ministres étaient retenus mercredi au Palais présidentiel à Ouagadougou. Ils étaient détenus par la garde prétorienne de l'ex-président Blaise Compaoré.
Les revendications des militaires n'étaient pas connus dans l'immédiat mais sans attendre, plusieurs centaines de personnes ont convergé vers le Palais Présidentiel aux cris de "Libérez Kosyam (nom du palais présidentiel)" ou "A bas les RSP", le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), a constaté un journaliste sur place.
Peu après 19h00, des coups de feu ont été tirés par des soldats aux abords du palais présidentiel, pour disperser ces centaines de manifestants. Il n'était pas possible dans l'immédiat de savoir si ces coups de feu à l'arme automatique étaient à balles réelles ni s'ils ont fait des blessés. A la suite de ces tirs, les manifestants ont reflué vers le centre-ville.
Les militaires ont fait "irruption dans la salle du Conseil des ministres à 14h30 et ont pris en otage le président du Faso Michel Kafando, le Premier ministre Isaac Zida" et deux ministres (Fonction publique Augustin Loada, Urbanisme René Bagoro)", selon le président du Conseil national de la transition (assemblée de transition) Cheriff Sy.
"Le devoir nous appelle car la nation burkinabè est en danger. (...) Nous en appelons au devoir de solidarité des forces vives, des forces politiques, de la société civile et de la communauté internationale avec tout le peuple burkinabé pour faire échec à cette opération", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Cette irruption du RSP est "une atteinte grave à la République et ses institutions. J'appelle tous les patriotes à se mobiliser pour défendre la mère patrie", a-t-il aussi ajouté. Les chefs de l'armée tentent désormais de négocier avec les militaires, a-t-il encore affirmé.
Le Burkina Faso est dirigé depuis la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014 par des autorités intérimaires, menées par le président Michel Kafando et le Premier ministre Zida. Elles doivent rendre le pouvoir à l'issue d'élections présidentielle et législatives en octobre. Le premier tour de ces scrutins est prévu le 11 octobre.
Aucun partisan de l'ancien président Compaoré n'a lui pu se présenter au scrutin au nom d'une loi électorale très controversée rendant "inéligibles" ceux qui ont soutenu un "changement inconstitutionnel".
Le RSP, garde prétorienne de l'ancien président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par la rue après avoir voulu modifier la Constitution pour faire sauter la limitation des mandats présidentiels, a déjà à plusieurs reprises perturbé la transition en cours au Burkina.
Lundi, la Commission nationale de réconciliation et des réformes (CRNR) avait d'ailleurs recommandé la dissolution de cette unité de quelque 1300 hommes, considérée comme la troupe la mieux formée de l'armée burkinabè.
Fin juin, le RSP avait provoqué une brève crise politique en exigeant la démission du Premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, également numéro 2 de ce régiment et qui avait demandé publiquement la dissolution "pure et simple" du régiment avant d'y renoncer. - AfricaLog avec agence