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Dadis candidat à la présidentielle en Guinée: de plus en plus un secret de polichinelle

Sep 11, 2009

Il semble que le président guinéen, Moussa Dadis Camara, n’hésite plus à glisser à l’oreille de certains diplomates un secret qui n’en est plus un : sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Après avoir laissé ses thuriféraires préparer le terrain à travers la technique bien connue des manifestations populaires réclamant sa candidature, le président Dadis essaie donc de séduire le monde diplomatique avec qui il a maille à partir.

Mais on sait que cette opération de charme du chef de la junte aura peu de chance de succès. Le groupe international de contact sur la Guinée, composé de divers pays, est intransigeant et tient à la neutralité du président Dadis. Récemment encore, le président de la commission de la CEDEAO, Mohamed Ibn Chambas, s’est montré intraitable : « Le président Moussa Dadis Camara ne doit pas prêter l’oreille à ceux qui le poussent à se porter candidat », a-t-il conseillé au maître de Conakry.

La communauté internationale aussi élève le ton. Bref, de toutes parts, se dresse un rempart anti-candidature de Dadis. Mais ce dernier ne semble nullement impressionné. Il s’en moque d’ailleurs. Qu’est-ce qui lui donne tant d’assurances et lui permet de défier la communauté internationale ? Car des menaces de sanctions sont même brandies mais elles n’inquiètent pas outre mesure les militaires de Conakry. Il n’est pas à exclure que la junte bénéficie de soutiens occultes au sein de dirigeants africains.

S’il arrive à opérer une brèche dans l’unanimisme officiel qui se dresse contre sa candidature, Dadis peut se frotter les mains. Or en Afrique, quand on devient chef d’Etat (par les armes ou par les urnes), on se fait des amis, des soutiens. C’est le fameux syndicat des chefs d’Etat. Si la CEDEAO, en tant qu’entité, peut se prononcer et récuser la candidature de Dadis, on n’a cependant pas entendu un seul chef d’Etat de la région lever le petit doigt. Ils ne le feront pas. Tout comme ils n’ont pas osé broncher dans des cas similaires, que ce soit en Mauritanie ou au Niger, dans le milieu, c’est la loi de l’omerta qui prévaut.

Bien sûr, ce silence consentant donne des ailes au président guinéen. Sa contre-attaque, pour clouer le bec à tous ses détracteurs à l’intérieur du pays ne s’est pas fait attendre. Et le voilà déterrant le dossier des audits, mis entre-temps en veilleuse. Dadis s’était assis dessus tant qu’il filait le parfait amour avec la classe politique et la société civile. Maintenant que le divorce avec ces forces vives est consommé, il se rappelle au bon souvenir de ces audits.

A quelles fins ? Certainement pas uniquement pour rétablir la vérité sur la gestion du précédent régime dont il loue d’ailleurs à longueur de journée le défunt inspirateur, Lansana Conté. Non, Dadis, comme nombre de ses pairs africains, utilise ces audits comme une arme de destruction politique, sachant que ceux qui lui dénient toute possibilité de se présenter à la présidentielle traînent, pour la plupart, des casseroles. Mais audit pour audit, Dadis devrait aussi faire le ménage au sein des forces armées, dont des éléments ont contribué à asseoir et à maintenir la dictature de Conté. Rien qu’avec ces audits, Dadis peut en tout cas calmer les ardeurs de certains de ses adversaires. Mais il ne pourra pas faire oublier son serment initial de ne jamais briguer la magistrature suprême en Guinée. – Le Pays 

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