Trente organisations pour la liberté de la presse ont appelé l'Unesco à "rejeter l'argent" du président équato-guinéen, qui finance un prix à son nom devant être attribué en juin.
Ces organisations expriment leur "grave préoccupation concernant le don de 3 millions de dollars par le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema pour l'institution d'un prix (pour la recherche) en sciences de la vie" par l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) dans une lettre adressée à Irina Bokova, directrice générale de cette agence.
Le texte, daté de jeudi, a été obtenu vendredi par l'AFP.
En 2008, l'Unesco a créé ce prix, financé par M. Obiang et qui, selon plusieurs ONG, doit être remis pour la première fois à la fin juin, malgré des appels à son annulation par de nombreuses associations et personnalités protestant contre les violations des droits de l'Homme en Guinée équatoriale.
"En tant qu'institution majeure qui préconise d' +autonomiser les populations via la libre circulation des idées et par l'accès à l'information et au savoir+, l'Unesco ne devrait pas accepter de fonds d'un des pires violateurs de la liberté de la presse en Afrique", écrivent dans leurs lettres ces organisations, parmi lesquelles figurent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters Sans Frontières (RSF), la Fédération internationale des journalistes (FIJ).
Elles l'appellent à "rejeter l'argent d'Obiang", dénonçant sa "poignée de fer" sur les médias dans son pays. Elles expliquent notamment que les correspondants locaux de la presse internationale y sont harcelés, et les journalistes des médias d'Etat réduits au silence par les autorités "s'ils manifestent la moindre parcelle d'objectivité".
"Nous croyons que la mise en oeuvre de ce prix causera un grave tort à la crédibilité de l'Unesco en tant qu'organisation de défense de la liberté d'expression. (...) Nous vous invitons à soumettre ce cas directement au Conseil exécutif (de l'Unesco), afin d'inverser cette tendance", ajoutent-elles, promettant également de saisir cette instance.
Il y a deux semaines, une trentaine d'ONG dont Human Rights Watch (HRW), avaient réclamé l'annulation du prix.
Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat Teodoro Obiang Nguema dirige son pays d'une main de fer depuis 1979.
La Guinée équatoriale est le troisième producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne mais la majorité de sa population (environ un million d'habitants) continue à vivre dans la pauvreté. L'opposition estime que les revenus pétroliers sont illégalement utilisés par des responsables de son régime. - AFP