Neuf personnes de confession musulmane ont été débarquées d'un vol entre Washington et la Floride après des propos jugés suspects par d'autres passagers. L'un d'eux a rapporté que tout avait commencé lorsque son frère avait observé à haute voix que les réacteurs de l'appareil se trouvaient près de son hublot.
Un porte-parole de la compagnie AirTran, Tad Hutcheson, a confirmé que les neuf passagers musulmans avaient dû quitter l'appareil, évoquant un "malentendu". Il a assuré que la compagnie avait suivi strictement les consignes fédérales. Les passagers en question ont rapporté que la compagnie n'avait pas voulu leur réserver d'autres places jeudi et qu'ils avaient dû prendre des billets chez une autre compagnie. Dans les colonnes du "Washington Post", l'un d'eux, Kashif Irfan, raconte que les ennuis ont commencé après que son frère a fait remarquer que les réacteurs étaient près de son hublot. "Mon frère et sa femme discutaient de la sécurité de l'aéroport", a-t-il expliqué. "La seule chose que mon frère ait dit c'était: 'ouah, les réacteurs sont juste à droite de mon hublot'." Deux autres passagers auraient ensuite signalé à l'équipage ce qu'ils considéraient comme des propos suspects. Des responsables des forces de l'ordre fédérales ont alors fait descendre les 104 passagers de l'avion pour un nouveau contrôle avant d'autoriser l'appareil à décoller. Kashif Irfan estime que son frère et les autres musulmans débarqués ont éveillé les soupçons en raison de leur apparence. Les hommes avaient une barbe et les femmes portaient des voiles traditionnels. Kashif Irfan, 34 ans, est anesthésiste et son frère est juriste. Né tous deux à Detroit (Ohio), ils vivent à Alexandria (Virginie) avec leur famille. Les deux hommes voyageaient avec leur épouse, la belle-soeur d'Irfan et les trois garçons de ce dernier, âgés de deux, quatre et sept ans. Un ami de la famille s'était joint à eux pour se rendre dans un lieu religieux. La famille débarquée a dénoncé le fait qu'AirTran n'ait pas autorisé les passagers musulmans à réserver un autre vol. C'est à bord d'un avion de la compagnie US Airways qu'elle a pu finir son voyage. "Les agents du FBI nous ont blanchis", a souligné sur CNN Inayet Sahin, l'un des exclus du vol d'AirTran. "Ils ont agi à notre demande et ont dit à la compagnie: 'il n'y a là aucune activité suspecte, ils sont en règle, laissez-les prendre un vol pour qu'ils puissent se rendre en vacances', mais ils ont quand même refusé." Tad Hutcheson et une porte-parole de l'administration fédérale de sécurité des transports ont pour leur part jugé que le pilote avait eu raison de retarder le décollage de son appareil. "Des personnes sont montées à bord et ont fait des commentaires qu'ils n'auraient pas dû faire dans un avion, et d'autres personnes les ont entendues", a résumé Hutcheson. Or, a-t-il reconnu, "elles ont mal interprété leurs paroles". "Il se trouve que ces personnes sont de confession et d'apparence musulmanes. Il s'est produit une escalade, la situation a dérapé et des précautions ont été prises", a ajouté le porte-parole d'AirTran. L'un des passagers débarqués, Abdur Razack Aziz, envisageait d'engager des poursuites contre cette compagnie. AP