Plusieurs milliers de personnes - plus de 25.000 selon les organisateurs, 21.000 selon la police - ont défilé samedi à Paris pour réclamer l'arrêt de l'opération militaire israélienne à Gaza, qui a fait plus de 430 morts côté palestinien en une semaine.
Des manifestations similaires étaient prévues dans une trentaine de villes en France à l'appel du "Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens". Dans la capitale, la tête de cortège s'est ébranlée vers 15h00 de la place de la République pour rejoindre la place Saint-Augustin, dans le VIIe arrondissement, mais une heure plus tard des manifestants n'avaient quitté le point de rassemblement. Les manifestants, dont beaucoup arboraient le keffieh traditionnel palestinien noir et blanc, brandissaient des drapeaux aux couleurs de la Palestine. "Enfants de Gaza, enfants de Palestine, c'est l'humanité qu'on assassine", "Israël assassin, Sarkozy complice", "Palestine, résistance", "Nous sommes tous des Palestiniens", scandaient les participants. Certains portaient des souliers masculins au bout de bâtons en bois -- une allusion à la chaussure lancée à la figure de George Bush par un journaliste irakien. Sadia a poussé le perfectionnisme jusqu'à choisir un mocassin de pointure 43, exactement la taille de celui qu'a évité le président des Etats-Unis en décembre. "Comment un pays qui se dit le plus puissant du monde peut ne rien faire contre les massacres", s'interroge-t-elle sur un trottoir des grands boulevards, où quelques hommes ont improvisé une prière musulmane, étalant leur manteau à même le sol. "Les USA et l'Europe donnent les armes à Israël", déplore de son côté Naïm, Français d'origine tunisienne. "L'Union européenne a une carte maîtresse avec les accords (commerciaux) avec Israël. Elle s'en prive. Sarkozy va perdre son temps là -bas", estime-t-il avant la tournée au Proche-Orient du président français. "C'EST LA HONTE!" Un jeune manifestant, perché sur un feu tricolore et le visage caché par un foulard, a brûlé deux drapeaux israéliens sous les applaudissements de la foule.
De nombreuses femmes, souvent voilées, ont pris part au défilé, brandissant des photos de jeunes Palestiniens. "Il faut arrêter le massacre des enfants. C'est notre famille, on est solidaires", explique Saïda, venue de Nanterre avec ses proches. "Cela fait 60 ans que la Palestine devrait avoir son territoire. Il y a eu des dizaines de résolutions qui n'ont jamais été respectées. Les pays occidentaux et l'Onu n'ont aucune crédibilité, c'est la honte", s'emporte Patricia, ancienne fonctionnaire internationale. Annick, à ses côtés, salue la présence du collectif "Pour une autre voix juive" dans le cortège. "Ce n'est pas une manifestation antisémite", fait valoir la sexagénaire pour qui "le Hamas est évidemment critiquable puisqu'il a tué aussi". Côté politique, le Parti communiste, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) le Nouveau parti anticapitaliste et Les Verts ont signé l'appel à manifester. Derrière la banderole de tête, Olivier Besancenot a évoqué "une des manifestations les plus importantes qu'on ait connu depuis des années en solidarité avec la Palestine". "On est là pour rappeler que la communauté internationale a voté une tonne de résolutions qu'elle n'a jamais appliquées parce que des gouvernement comme la France n'ont jamais voulu hausser le ton face à Israël", a ajouté le dirigeant d'extrême-gauche. A ses côtés, Denis Baupin, adjoint écologiste du maire de Paris, aurait aimé "que tous les gens qui se disent démocrates et défendent des valeurs de gauche soient présents aujourd'hui" - Reuters