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Gabon: Ali les bons tuyaux Bongo, chronique d’une élection annoncée

Sep 04, 2009

Les évènements n’ont pas dérogé au scénario bien ficelé. Ali Bongo succède à son père à la présidence du Gabon, le pays s’enflamme, les Français commencent à être évacués…

Tout roule comme prévu au Gabon de feu petit papa Bongo. Les trois candidats qui s’étaient proclamés vainqueurs du scrutin connaissent tous le sort qui leur était prédit.

Le fiston Ali a été proclamé vainqueur de la présidentielle du 30 août. L’opposant historique Pierre Mamboundou a été blessé « par les flics, l’armée ou la garde présidentielle », et l’ex-ministre de l’Intérieur André Mba Obame (AMO), « est en lieu sûr ». Quant à la population, elle fait « un peu de chahut » pour reprendre les termes d’un membre du premier cercle du nouveau président gabonais. Consulat de France de Port-Gentil incendié, premières évacuations de Français, manifestation réprimée par les forces de l’ordre à Libreville… Un peu plus que des gamins de cours d’école qui s’amusent.

« Les jeunes pensaient en avoir fini avec Bongo, et ils récupèrent le fils, ils expriment leur frustration, confie un membre du directoire de campagne d’André Mba Obame, mais nul ne peut prévoir ce qui va se passer. Les candidats même s’ils le voulaient ne pourraient pas appeler au calme, ils ne seraient pas écoutés ».

Nul ne sait encore si les heurts vont se prolonger, à l’instar de ce qui s’est passé en 1993. S’estimant volé de sa victoire par Omar Bongo, Paul Mba Abessole avait vu le pays s’enflammer après le scrutin. Notamment, déjà, la ville de Port-Gentil.

Heureusement dans sa grande sagesse, feu le mollah Omar n’avait jamais fait bitumer la route entre Libreville, la capitale, et Port-Gentil, le principal port du pays. Histoire de ne pas voir débarquer des hordes d’opposants vers le Palais du Bord de mer. Un petit legs pour aider son héritier à contenir le pays.

Bref, se dessine le scénario annoncé depuis que le vieux a cassé la pipe en juin dernier. Et conclu lors de ses obsèques.

Après des années de saga Borgia dans la famille, principalement entre Ali qui guignait le trône et Pascaline, la fille préférée, directrice adjointe de cabinet présidentiel et grande trésorière du pays qui poussait ses poulains, le grand pardon a eu lieu. Lors d’un repas funèbre. Le grand frère d’Omar, Fidèle Andjoua, les a gentiment enjoints à s’entendre.

Fini les émissaires respectifs à Paris qui déblatèrent sur les filiations douteuses, les tempéraments mesquins, ou les liens d’Ali avec la Corée du Nord, via son garde du corps, le redouté M. Park. Tous derrière Ali, pourvu que Pascaline veille toujours au grisbi. Signe du ralliement, Robert Bourgi, l’intermédiaire entre la France et les Palais africains, s’est même officiellement prononcé pour Ali.

Obame masqué, ohé, ohé

Principal perdant de ce grand pardon du Gabon, l’ami de 25 ans du fiston Bongo, et longtemps ministre de l’Intérieur, André Mba Obame. La famille, qui le soupçonne d’avoir instrumentalisé les plaintes des ONG contre Papa Bongo- ou du moins d’en avoir attisé la publicité- a posé son abandon comme seule condition.

Une fois la famille soudée, pas bien dur de mettre au pas l’armée, déjà bien nettoyée par le ministre de la Défense, un certain Bongo Ali, à l’automne dernier.

Ne manquait plus qu’à envoyer la cavalerie, une fois le scrutin contesté. Ci-fait, pour clore la chronique d’une élection annoncée. - Bakchich

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