Au moins deux personnes sont mortes lors des troubles au Gabon depuis l'annonce jeudi de l'élection d'Ali Bongo à la présidence, alors que Libreville était sous haute surveillance samedi avant le match de football Gabon-Cameroun où sont attendues des milliers de personnes.
L'AFP a pu voir le corps d'une des victimes à l'hôpital N'Tchengue, au sud de Port-Gentil, la ville la plus touchée par les violences, et s'est entretenu avec le frère d'une autre victime. Le corps se trouvant encore à l'hôpital est celui de Thierry Mombo, un élève de 18 ans. Touché par balle à la poitrine vendredi soir, alors qu'il était "sorti téléphoner dans la rue", il "a succombé à l'hôpital", a affirmé son frère, Urbain Ndongo. L'autre mort est Mbadinga Boulingui, 33 ans. Selon son frère, il a reçu une balle dans la tête jeudi vers 16H00 (15H00 GMT) au quartier de La Balise alors qu'il tentait de rentrer chez lui. Il est décédé vendredi. Un élu national originaire de Port-Gentil, joint par l'AFP, a confirmé la mort de deux personnes. "Différentes sources crédibles nous rapportent qu'il y a deux morts mais nous n'avons pas encore reçu les rapports issus de nos services. Donc, je ne démens pas qu'il y a deux morts", a affirmé un porte-parole du ministère de l'Intérieur samedi matin. Il a ajouté que le ministère allait dépêcher une mission sur place lundi. L'AFP a également rencontré un blessé grave, Dimitri Moukali, 30 ans, touché à la poitrine, au cou, au visage et au bras droit, sans qu'on puisse déterminer s'il avait été atteint par des balles en caoutchouc ou réelles. "Je veillais sur la quincaillerie (familiale) pour la protéger des pillards. J'ai pris des balles perdues", a-t-il affirmé. Le magasin se trouve dans la zone périphérique de Port-Gentil. La nuit de vendredi à samedi a été particulièrement violente dans cette ville, capitale économique du Gabon qui abrite les sièges des principales compagnies pétrolières. Des habitants de la ville ont entendu des tirs pendant une grande partie de la nuit. Le Foyer Roger Buttin, un centre sportif et social de Total au sud de Port-Gentil, a été incendié. Un couvre-feu de 20H00 à 06H00 locales est en place à Port-Gentil jusqu'à nouvel ordre. A Libreville, le match Gabon-Cameroun à 15h30 locales (14h30 GMT) était au centre de tous les esprits, 20.000 personnes étant attendues. Le résultat du match pourrait susciter des troubles, selon des observateurs, ou au contraire des réjouissances pouvant éclipser la contestation dans les rues de Libreville et Port-Gentil. "Le match est maintenu", a déclaré le ministre de l'Intérieur et de la Défense, Jean-François Ndongou qui a pris "toutes les dispositions pour assurer la sécurité de ce match". "Pour ceux qui oseront remettre en cause la sécurité de ce match, la loi s'appliquera dans toute sa rigueur", a-t-il prévenu. La mairie de Libreville a pris des mesures exceptionnelles en n'autorisant pas l'ouverture des marchés et débits de boissons dans plusieurs quartiers, dont certains très populaires, autour du stade samedi. - AFP