Le recomptage des voix de la présidentielle contestée du 30 août au Gabon par la Cour constitutionnelle débutera mercredi avec une journée de retard et sans l'opposition qui n'a pas obtenu que ses représentants assistent à l'opération.
Initialement prévu mardi à 14H (13HGMT) le recomptage des voix a été retardé par des discussions entre les membres de la Cour constitutionnelle et les candidats de l'opposition gabonaise, auteurs de recours en annulation de la présidentielle. Les pourparlers ont achoppé sur la présence à la fois d'un huissier et d'un représentant de chaque candidat dans la salle de recomptage alors que la Cour n'admettait que la présence d'un huissier par requérant, refusant celle de représentants des requérants. Les huissiers que devaient désigner les candidats requérants "devaient en même temps être auxiliaires de justice et également représentants de ces requérants", a répondu la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie Madeleine Mborantsuo, qui a déploré l'attitude des opposants. Alors que les travaux devaient commencer, "à notre grande surprise, certains requérants (...) ont assiégé la Cour, avec avocats, représentants (...) s'imposant aux membres de la Cour et voulant participer à cette séance qui est une séance interne à la Cour", a-t-elle dit. La Cour constitutionnelle "n'est pas un organe politique ou les acteurs politiques peuvent venir imposer leur point de vue", a critiqué Mme Mborantsuo. N'ayant pas obtenu gain de cause, les candidats ont annoncé mardi en fin de journée leur décision de ne pas participer au recomptage et de n'envoyer aucun huissier. "La Cour nous a dit qu'elle faisait un travail interne et qu'elle voulait que les huissiers soient là pour attester qu'elle a vraiment fait ce travail. Ce recomptage n'a pas de valeur pour nous, ni pour la vérité que nous recherchons", a affirmé à la presse l'ex-ministre de l'Intérieur André Mba Obame, officiellement classé 2e (25,88%) et qui revendique la victoire. "Nous sommes prêts à participer au recomptage à condition qu'il corresponde à ce que nous demandons: qu'il y ait confrontation des procès-verbaux (des résultats de chaque bureau de vote), des listes d'émargement et des feuilles de dépouillement des 2.815 bureaux en présence des représentants des candidats", a affirmé M. Mba Obame. "La Cour nous a dit que ça (le recomptage dans les conditions demandées) peut se faire plus tard. Nous avons confiance dans la Cour", a-t-il conclu. "La Cour entend examiner les requêtes avec sérénité" et "n'entend pas recevoir des exigences de qui que ce soit", a quant elle commenté Mme Mborantsuo, précisant que "le recomptage des voix est une chose et l'instruction des griefs en est une autre". Ali Bongo, fils du président Omar Bongo décédé en juin après 41 ans au pouvoir, a été été déclaré vainqueur du scrutin à tour unique du 30 août avec 41,73% des suffrages devant M. Mba Obame et l'opposant historique Pierre Mamboundou (3e, 25,22%), qui revendiquent lui aussi la victoire. Onze requêtes en annulation de la présidentielle dont celles de MM Mba Obame et Mamboundou ont été introduites auprès de la Cour constitutionnelle. L'annonce, le 3 septembre, des résultats a été suivie par des incidents à Libreville, d'émeutes et pillages à Port-Gentil (ouest), où trois personnes sont mortes selon un bilan officiel. L'opposition, elle, a recensé 5 morts lors des troubles et une 6e personne tuée par la suite dans cette ville, capitale économique et fief de l'opposition. M. Mba Obame arrive en tête à Libreville alors que M. Mamboundou était arrivé en tête à Port-Gentil, selon les résultats officiels. - AFP