Dix Gambiens, dont l'ancien chef du personnel des forces armées, ont été inculpés de "trahison", accusés d'avoir tenté de renverser en 2009 le président Yahya Jammeh au pouvoir depuis 15 ans, a annoncé jeudi le ministère de la Justice dans un communiqué.
Selon l'accusation, le groupe "a conspiré pour organiser un coup d'Etat et renverser le président Yahya Jammeh et le gouvernement démocratiquement élu de la République de la Gambie par la force des armes".
Les dix hommes sont notamment accusés d'avoir acheté des armes et recruté des mercenaires en Guinée.
Parmi eux, le général de brigade Omar Bun Mbye, présenté comme le meneur du coup d'Etat, a fui le pays, de même que l'homme d'affaires Omar Camara.
Huit autres inculpés avaient été arrêtés en novembre 2009 et écroués.
Le général Omar Bun Mbye avait déjà été accusé d'avoir fomenté un coup d'Etat en 2006, pour lequel onze personnes ont été emprisonnées. Quatre ont été condamnées à la prison à vie et sept à des peines de 20 ans d'emprisonnement.
Sous le couvert de l'anonymat, certaines sources militaires expriment cependant des doutes sur la réalité de ces complots.
Ils estiment que ces arrestations témoigneraient plutôt d'une "paranoïa" du chef de l'Etat qui avait lui-même pris le pouvoir par un coup d'Etat sans effusion de sang, quand il avait 29 ans.
Yahya Jammeh règne en maître sur l'ancienne colonie britannique depuis le coup d'Etat militaire du 22 juillet 1994.
Selon un analyste politique gambien, les hommes arrêtés étaient de très proches alliés du président et "personne n'aurait jamais pensé que ces personnes très loyales envers Jammeh seraient un jour arrêtées et emprisonnées".
"C'est comme si Jammeh voulait ainsi se débarrasser de tous ceux qui représentent une menace pour son régime", a-t-il ajouté, sous couvert de l'anonymat.
Récemment, onze hauts responsables -dont les chefs de la police et de la Marine, l'ancien ministre de la Pêche ainsi que le numéro 2 de l'armée- ont été interpellés dans le cadre d'une enquête sur un présumé trafic de drogue.
En début d'année, Amnesty International avait de nouveau épinglé le régime pour des "arrestations et des détentions illégales d'opposants, réels ou présumés". – AFP