Sept journalistes au total ont été arrêtés lundi après la publication d'un communiqué du Syndicat de la presse gambienne (Gambian Press Union, GPU) critiquant le président Yahya Jammeh, a indiqué mardi une source policière.
Les dernières arrestations lundi soir de Sam Farr, rédacteur en chef du journal d'opposition Foroyaa, et Abubacarr Saidykhan, un reporter du journal, portent à sept le nombre total d'arrestations. Lundi, une source policière avait évoqué cinq arrestations. Les membres de la GPU arrêtés sont tous journalistes soit à Foroyaa, soit au journal The Point, les deux seuls médias gambiens à avoir diffusé le communiqué du Syndicat de la presse gambienne. La police a mené lundi dans la journée un raid dans les locaux de l'organisation de défense des droits de la presse et arrêté les cinq journalistes présents. Quelques heures plus tard elle a arrêté les deux autres reporters. L'opération a été menée après la publication par le GPU d'un communiqué qualifiant de "provocateurs" les propos du président concernant l'enquête sur l'assassinat en 2004 du journaliste gambien, Deyda Hydara, correspondant de l'AFP et de Reporters sans frontières (RSF). M. Jammeh a, la semaine dernière, démenti toute implication de son gouvernement dans cet assassinat, laissant entendre que sa mort était liée à une histoire d'amour ayant mal tourné. Deyda Hydara a été abattu par des inconnus circulant dans un taxi, alors qu'il se trouvait au volant de sa voiture, le 16 décembre 2004, dans un faubourg de Banjul. Les organisations de défense des droits de l'Homme et de liberté de la presse ont soulevé une éventuelle implication des services secrets gambiens dans cet assassinat. Dans son communiqué le GPU appelle le gouvernement à mener une véritable enquête. MM. Farr et Saidykhan et les autres journalistes arrêtés - le vice-président du GPU Sarata Jabbi-Dibba, son secrétaire général Emil Touray, son trésorier Pa Modou Faal, et quatre membres Pap Saine, Ebrima Sawaneh, Sam Farr et Abubacarr Saidykhan - risquent d'être inculpés pour sédition ou incitation à la haine contre l'autorité. "La presse gambienne vit dans un climat de peur permanent, mais rarement la répression orchestrée par le chef de l'Etat et son gouvernement n'a été aussi forte", a réagi RSF. "L'intolérance de Yahya Jammeh envers les médias et les journalistes indépendants ne connaît pas d'égale en Afrique de l'Ouest", a poursuivi l'organisation. La Gambie figure à la 137e place, sur 173 pays, du classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. - AFP