L'opposant John Atta-Mills, 64 ans, a été élu président du Ghana selon les résultats annoncés samedi par la commission électorale, mettant fin à huit ans de pouvoir du Nouveau parti patriotique (NPP) de John Kufuor, le président sortant.
La nation d'Afrique de l'Ouest de 23,5 millions d'habitants sera désomais dirigée par le Congrès national démocratique (NDC) qui a également fait basculer la majorité du parlement en sa faveur lors des législatives du 7 décembre. "Sur la base des résultats officiels obtenus, il est de mon devoir de déclarer le professeur John Evans Atta-Mills président élu de la République du Ghana", a annoncé le chef de la commission électorale, Kwado Afari-Gyan. Après avoir remporté la dernière circonscription de Tain (centre-ouest), qui a voté vendredi pour le deuxième tour, M. Mills totalise 50,23% des suffrages face à son adversaire du NPP Nana Akufo-Addo, qui en a obtenu 49,77%. Vice-président du capitaine Jerry Rawlings de 1997 à 2000, John Atta-Mills, originaire de l'ouest du Ghana, tentait sa chance à la présidence pour la troisième fois consécutive. Juriste, il a enseigné le droit pendant 25 ans à l'université du Ghana (Accra) et est généralement surnommé "prof". Il succède à John Kufuor, 70 ans, l'un des présidents les plus respectés d'Afrique qui a tiré sa révérence au terme de deux mandats de quatre ans, comme le prévoit la Constitution. Nana Akufo-Addo, également un juriste âgé de 64 ans, avait remporté le premier tour de la présidentielle le 7 décembre, mais sans obtenir de majorité absolue. "La victoire de l'opposition est une victoire pour la démocratie", s'est exclamé Sekou Nkrumah, membre du NDC et fils du premier président Kwame Nkrumah, père de l'indépendance ghanéenne en 1957. "Après huit ans d'égarement, le NDC est de retour pour construire un meilleur Ghana", a-t-il déclaré à l'AFP. Le NDC avait aussi gouverné pendant huit ans avant l'arrivée au pouvoir en 2000 de John Kufuor. Un porte-parole du parti défait a indiqué que Nana Akufo-Addo s'exprimerait plus tard dans la journée. Dans les rues de la capitale, les partisans du NDC, vêtus des t-shirts blancs symbole de leur campagne, laissaient éclater leur joie, chantant et klaxonnant à tout va. Les deux partis qui étaient en lice ont chacun fait état d'irrégularités dans les bastions adverses lors des opérations de vote du second tour. Mais samedi, le président de la commission électorale a déclaré que celle-ci n'avait "pas estimé que les preuves fournies étaient suffisantes pour invalider les résultats". Le deuxième tour de la présidentielle s'était déroulé le 28 décembre dans 229 des 230 circonscriptions, la dernière, Tain, ayant dû attendre vendredi pour voter en raison de problèmes logistiques. Le NDC a remporté une large victoire dans ce district dont le suffrage était décisif. Vendredi, alors que des tensions étaient palpables, notamment du côté du NPP qui avait appelé au boycott du scrutin de Tain, M. Kufuor a appelé au calme et au respect des résultats finaux quels qu'ils soient. Malgré quelques incidents, le Ghana a été loué pour la tenue de cette élection qui s'est déroulée dans le calme et l'ordre, selon de nombreux observateurs, dans un continent coutumier des élections violentes et frauduleuses. Ancienne Gold Coast britannique, le Ghana est un grand producteur d'or et de cacao. Du pétrole a récemment été découvert au large de ses côtes, un enjeu qui a pesé dans cette course à la présidentielle. - AFP