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Guinée Bissau : le président Sanha investi six mois après l'assassinat de Vieira

Sep 09, 2009

Le nouveau président élu de la Guinée-Bissau, Malam Bacaï Sanha, a été investi mardi au cours d'une grande cérémonie à laquelle participaient cinq dirigeants africains, six mois après l'assassinat par des militaires de son prédécesseur Joao Bernardo Vieira.

A 62 ans, M. Sanha devient le septième dirigeant de ce petit pays instable d'Afrique de l'Ouest, ex-colonie portugaise qui avait obtenu son indépendance en 1974 au terme d'une longue lutte armée, et a connu depuis une série de coups d'Etat, d'insurrections militaires et d'assassinats politiques.

Le nouveau président, qui avait fait campagne sur la nécessité de créer un climat "de paix, de réconciliation et de stabilité", a fait s'envoler une colombe à son arrivée dans le stade du 24-septembre archi-comble.

Plus de 15.000 personnes s'y étaient massées sous une pluie battante et des parapluies multicolores. Des groupes rivalisaient d'ardeur musicale pour représenter les ethnies - balantes, foulas, mandjaques, etc. - du pays.

Le président sénégalais Abdoulaye Wade, dont M. Sanha est proche et qu'il appelle "papa", côtoyait le Gambien Yaya Jammeh, le Burkinabè Blaise Compaoré, le Nigérian Umaru Yar'Adua et le Cap-Verdien Pedro Pires. Dans son discours d'investiture, le nouveau chef d'Etat a "condamné avec véhémence le double assassinat" début mars du chef d'état-major des forces armées Batista Tagmé Na Waie, tué dans un attentat à la bombe, et du président Joao Bernardo Vieira, torturé et assassiné chez lui par des militaires.

"Je vous garantis que nous ferons tout pour que la lumière soit faite à propos de ces cas et des autres cas", a affirmé M. Sanha. Il semblait ainsi évoquer les derniers assassinats, en juin, de deux personnalités politiques, tuées par des militaires qui les accusaient de préparer un coup d'Etat.

Depuis Dakar, l'avocat de la veuve du président Vieira, Boukounta Diallo, a "interpellé le nouveau président élu afin qu'il puisse dès maintenant donner priorité au traitement du dossier de l'assassinat de son prédécesseur et des meurtres qui ont suivi".

L'avocat juge que "ce qu'on peut appeler une enquête n'a jamais débuté à Bissau", puisque que Mme Vieira et les autres témoins directs de l'assassinat du président "n'ont jamais été entendus".

"Les commanditaires restent tapis dans les hautes sphères de l'Etat. Ce sont de hautes personnalités qui ont été dénoncées par la classe politique", a assuré Me Diallo, réclamant à nouveau "une enquête internationale". Malam Bacaï Sanha avait été largement élu le 26 juillet (63% des voix au second tour), sous la bannière du puissant Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-vert, que dirige le Premier ministre Carlos Gomes Junior.

Ce dernier s'est d'ailleurs fait acclamer en faisant un tour du stade, main dans la main avec l'opposant et ancien président Kumba Yala (renversé en 2003 par l'armée).

Trente-cinq ans après l'indépendance, la Guinée-Bissau, où les Portugais avaient peu investi, demeure l'un des pays les plus pauvres du monde, avec la noix de cajou comme principale ressource.

M. Sanha y a promis "de mener une lutte sans trêve contre la corruption rampante" et "de combattre sans merci le narco-trafic et le crime organisé".

Ces dernières années, les trafiquants sud-américains de cocaïne et leurs complices bissau-guinéens avaient pu facilement échapper à une justice démunie. – AFP

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