La junte au pouvoir en GuinĂ©e depuis le coup d'Etat du 23 dĂ©cembre durcit le ton et a arrĂȘtĂ© plusieurs gĂ©nĂ©raux, dont l'ex-chef d'Ă©tat-major de l'armĂ©e, aprĂšs une fouille musclĂ©e par des militaires le 1er janvier du domicile d'un ancien Premier ministre.
"Inquiets Ă propos du coup militaire en GuinĂ©e", les Etats-Unis ont de leur cĂŽtĂ© annoncĂ© mardi la suspension de leur aide Ă ce pays d'Afrique de l'Ouest, "Ă l'exception de l'aide humanitaire et des programmes en faveur du processus dĂ©mocratique", appelant au "retour Ă un rĂ©gime civil". Le raidissement des nouvelles autoritĂ©s militaires intervient avant un sommet vendredi Ă Abuja de la CommunautĂ© Ă©conomique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CĂ©dĂ©ao) qui devrait Ă son tour officialiser la suspension de la GuinĂ©e, comme l'a dĂ©jĂ fait l'Union africaine (UA). Plusieurs gĂ©nĂ©raux mis Ă la retraite par la junte ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s depuis samedi et trois d'entre eux Ă©taient toujours dĂ©tenus mardi, a-t-on appris auprĂšs de leur entourage. Selon ces sources, l'ancien chef d'Ă©tat-major de l'armĂ©e, le gĂ©nĂ©ral de division Diarra Camara, l'ex-chef d'Ă©tat-major de la marine, le vice-amiral Ali DaffĂ©, ainsi que son adjoint le contre-amiral Fassiriman TraorĂ©, ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s dimanche. Ils Ă©taient toujours dĂ©tenus mardi au camp militaire Alpha Yaya Diallo, le plus important du pays, situĂ© en banlieue de Conakry et siĂšge de la junte dirigĂ©e par le capitaine Moussa Dadis Camara. D'autres gĂ©nĂ©raux, dont Kandet TourĂ©, ex-directeur de cabinet au ministĂšre de la DĂ©fense, ont Ă©galement Ă©tĂ© interpellĂ©s dimanche et lundi avant d'ĂȘtre libĂ©rĂ©s mardi, selon leurs proches. Le nombre total d'officiers Ă avoir Ă©tĂ© interpellĂ©s n'est pas connu. Plusieurs responsables de partis politiques et de la sociĂ©tĂ© civile ont dĂ©clarĂ© mardi Ă l'AFP "ĂȘtre au courant" de cette vague d'arrestations mais se sont pour l'instant refusĂ©s Ă tout commentaire. Aucune explication officielle n'a Ă©tĂ© fournie sur ces interpellations au sein de l'armĂ©e, qui constituait le socle du pouvoir du gĂ©nĂ©ral Lansana ContĂ©, dĂ©cĂ©dĂ© le 22 dĂ©cembre Ă 74 ans, aprĂšs avoir gouvernĂ© le pays d'une main de fer pendant 24 ans. Le putsch du 23 dĂ©cembre a toutefois mis en Ă©vidence des divisions au sein de l'armĂ©e entre les gĂ©nĂ©raux et la troupe. Le 28 dĂ©cembre, la junte avait ainsi mis Ă la retraite 22 gĂ©nĂ©raux "ayant atteint la limite d'Ăąge et d'anciennetĂ© de service", dont le gĂ©nĂ©ral Diarra Camara.
Ce dernier était apparu à la télévision le 23 décembre aux cÎtés du chef du gouvernement pour annoncer la mort du président Conté. Resté loyaliste, il avait ensuite contesté le coup d'Etat, affirmant que les putschistes étaient "minoritaires". Le 31 décembre, la junte avait annoncé une promotion au grade supérieur pour tous les militaires et paramilitaires allant de simple soldat à adjudant-chef. Une source proche de la junte avait alors indiqué à l'AFP qu'il s'agissait de "remercier les soldats pour leur adhésion sans faille au coup d'état". Mais le 1er janvier, la tension était montée d'un cran aprÚs qu'une vingtaine de militaires lourdement armés eurent fouillé la résidence de l'ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo à la "recherche" d'armes et de mercenaires sur une indication anonyme. L'une des ONG les plus influentes en Afrique, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho), basée à Dakar, avait immédiatement exprimé "sa vive préoccupation face au premier faux pas (...des) hommes du capitaine Moussa Dadis Camara". Le 2 janvier, la junte avait regretté cet "acte hautement répréhensible", mettant en cause des "éléments incontrÎlés" de l'armée. Le sommet de la Cédéao se déroulera donc dans un climat tendu, d'autant plus que la communauté internationale fait pression pour la tenue d'élections au premier semestre 2009, soit avant la date de "fin décembre 2010" fixée par les putschistes. - AFP