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Guinée: la junte veut imposer le silence après le massacre de lundi

Sep 30, 2009

Rassemblements "subversifs" interdits, volonté de museler médias et opposition: la junte au pouvoir en Guinée tentait mercredi d'imposer le silence, deux jours après le massacre dans un stade de Conakry où les forces de l'ordre ont tué plus de 150 personnes selon une ONG.

Dans le même temps, l'Union européenne (UE) se réunissait à Bruxelles pour discuter de nouvelles sanctions contre les putschistes après un des pires carnages perpétrés dans le pays depuis un quart de siècle.

"Il y a une volonté de faire taire toutes les contestations et arrêter tous ceux qu'ils estiment être les leaders de la manifestation" de lundi, a dénoncé mercredi Mamadi Kaba, président de la branche guinéenne de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho).

"La répression dans le sang ne peut pas arrêter la volonté du peuple d'accéder à la démocratie", a-t-il dit depuis Conakry dans un entretien téléphonique avec l'AFP à Dakar.

Mardi soir, lors d'une intervention à la télévision nationale, le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, a décrété mercredi et jeudi "journées de deuil national" et interdit "tout regroupement de quelque nature que ce soit à caractère subversif".

Il a ensuite "invité le conseil religieux (regroupant dirigeants chrétiens et musulmans), les responsables des partis politiques, les organisations de la société civile et les mass médias à sabstenir de propos et actes de nature à troubler lordre public et de nature à ébranler le fondement même de la nation guinéenne".

"Les fauteurs de troubles et les commanditaires seront sévèrement punis", a-t-il menacé.

Selon l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme, plus de 150 personnes ont été tuées et plus de 1.200 blessées lors de la répression par les forces de sécurité, marquée par des viols et des scènes de barbarie, d'une manifestation pacifique d'opposants à une éventuelle candidature à la présidentielle de janvier du chef putschiste.

Celui-ci a tenté mercredi de minimiser sa responsabilité, après les condamnations venues du monde entier, en assurant qu'il ne contrôlait pas son armée.

"L'événement m'a débordé. Cette armée, je ne contrôle pas toutes ses activités", a-t-il déclaré sur la radio française Europe 1.

Pour le défenseur des droits de l'Homme Mamadi Kaba, le capitaine Camara "sait que la population n'a pas baissé les bras, les gens entendent continuer à manifester". "Mais il veut que la fête de l'indépendance du 2 octobre (vendredi) se passe bien".

Mercredi matin, l'activité avait timidement repris à Conakry, notamment la circulation automobile, alors que la capitale ressemblait la veille à une ville morte.

Certaines station-services ont rouvert mais la majorité des boutiques et commerces restaient fermés par crainte de pillages. Aucun nouvel incident n'avait été rapporté mercredi à la mi-journée.

A la demande de la France, ex-puissance coloniale, les représentants des pays de l'UE se réunissaient mercredi à Bruxelles "pour examiner les mesures complémentaires, notamment individuelles, qui pourraient être prises rapidement", selon le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner.

La Belgique a annoncé qu'elle allait plaider pour l'adoption de sanctions "additionnelles", en plus du gel de l'aide européenne au développement décidé au printemps.

Paris avait suspendu dès mardi sa coopération militaire avec la Guinée et annoncé le réexamen de l'ensemble de son aide bilatérale.

Les "responsables des massacres" à Conakry "doivent répondre de leurs actes", rien ne "justifiant le déferlement de violences", a réaffirmé mercredi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. - AFP 

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