La société civile et les principaux mouvements des travailleurs de Guinée ont demandé jeudi à la junte au pouvoir depuis le coup d'Etat du 23 décembre que la "transition" devant mener à des élections "n'excède pas 12 mois à partir de la prise du pouvoir".
Dans une déclaration commune, ils exigent un "engagement formel et sans ambiguïté" des putschistes pour que la transition "n'excède pas 12 mois à partir de la prise du pouvoir avec la communication immédiate d'un chronogramme (calendrier) concret, incluant échéances électorales et réformes institutionnelles". Le texte est signé du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSCG) et de l'inter-centrale syndicale CNTG (confédération nationale des travailleurs de Guinée)/USTG (Union syndicale des travailleurs de Guinée). Après leur prise du pouvoir, juste après la mort du président Lansana Conté (1984-2008), les putschistes avaient promis des élections en décembre 2010, mais ce délai avait été jugé trop long par la communauté internationale. Selon un communiqué de l'Union africaine, en date du 31 janvier, la junte s'est engagée à organiser des élections en 2009, auxquelles ses membres ne participeront pas. Mais cet engagement n'a jamais été confirmé en public par la junte. La société civile et les syndicats demandent aussi la constitution "dans les plus bref délais d'un organe de transition regroupant des représentants de toutes les forces vives de la Nation" et doté d'un "réel pouvoir législatif durant la période transitoire". Ils veulent également "le renforcement du processus électoral par la consolidation des acquis de la Commission électorale (...) etla mise à disposition immédiate de ressources suffisantes afin de garantir le déroulement des élections dans le respect des échéances de la transition". Ils demandent en outre la levée de la suspension des activités politiques et syndicales, "entrave aux libertés individuelles et collectives", la relance de la commission d'enquête indépendante sur les massacres survenus en 2006 et 2007, la poursuite des audits, à "condition de les réaliser sans exclusion et dans le respect des droitset de la dignité des personnes". Une commission d'enquête indépendante avait été mise en place en mai2007 pour faire la lumière sur les massacres de civils lors des manifestations contre le régime du président Lansana Conté enjuin 2006 et janvier-février 2007 qui ont fait officiellementprès de 200 morts. Mais cette commission n'a jamais fonctionné.