Le médiateur mandaté par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour résoudre la crise guinéenne, Blaise Compaoré, a reçu une délégation d’une vingtaine de membres du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) au pouvoir en Guinée, ce mardi 10 novembre 2009 à Ouagadougou.
Le président du Faso, Blaise Compaoré, a reçu une délégation du CNDD à la salle polyvalente du Palais présidentiel de Kosyam. Les émissaires du président Moussa Dadis Camara étaient conduits par le colonel Moussa Kéïta, ministre secrétaire permanent du CNDD, qu’accompagnait une vingtaine de personnes: des civils, des ministres et des militaires. Après une prise de contact à laquelle la presse a pu assister, Blaise Compaoré s’est ensuite entretenu à huis-clos avec ses hôtes venus de la Guinée Conakry. A la sortie des échanges avec le médiateur, Moussa Kéïta, le chef de la délégation fraîchement nommé Colonel, a expliqué qu’il s’agissait d’une première prise de contact. «Le président Compaoré nous a présenté comment il devait conduire cette médiation, ses inquiétudes, ses préoccupations», a-t-il confié aux journalistes. A la question de savoir comment les choses devraient se dérouler pour la suite, l’officier qui conduit la délégation de la junte à répondu, après un éclat de rire, cela devait se passer «dans la transparence, dans l’esprit de dialogue». A propos de la transition, le chef de la délégation de la junte au pouvoir en Guinée affirme avoir «indiqué au facilitateur que le président du CNDD, Moussa Dadis Camara est disposé au dialogue, à discuter afin de trouver une solution rapide et durable à la crise». Le CNDD se dit même disposé à partager le pouvoir. «Nous avons été les premiers à proposer cela», a conclu l’officier supérieur. Blaise Compaoré s’est voulu fidèle à sa méthode: prendre contact, exposer sa méthode de travail puis recevoir le lendemain le mémorandum de la partie présente. Ce mémorandum, selon le schéma du facilitateur, devrait servir à élaborer un document final qui sera soumis aux protagonistes de la crise guinéenne, réunis autour d’une même table. «Nous avons eu l’occasion de les écouter, en vue de faire l’évaluation de la situation, mais aussi de les inviter à s’inscrire dans le processus de dialogue», a déclaré Blaise Compaoré à la sortie des échanges. Le facilitateur doit recevoir les propositions de la junte ce mercredi 11 novembre 2009. - Fasozine
Blaise Compaoré, Président du Faso : “J’ai souhaité la bienvenue à ces distingués dirigeants de la Guinée et salué la disponibilité du président Dadis Camara et du CNDD pour le dialogue en vue de trouver une solution politique à la crise guinéenne. J’ai eu l’occasion de les écouter et de faire une évaluation de la situation. Ils ont montré à nouveau leur disponibilité à s’inscrire dans le processus du dialogue politique. Je leur ai donné rendez-vous demain, car ils auront quelques heures à passer à Ouagadougou pour finaliser le document sur les questions de la transition à savoir, la configuration de l’autorité nouvelle de transition, le chronogramme des activités. Nous sommes là pour introduire un dialogue”. Colonel Moussa Keita, ministre, secrétaire permanent du CNDD: “Pour le moment, c’est le premier contact. Nous avons introduit tout simplement et les échanges vont se poursuivre demain. Certainement, nous allons évoquer le fond des questions ensemble. Ce soir, nous nous sommes étalés sur la manière dont les échanges vont évoluer et ensuite les inquiétudes, les préoccupations de la délégation sur la situation des échanges. Les choses vont se passer dans un esprit de dialogue. Nous avons dit au médiateur que le président guinéen est disposé au dialogue, afin de trouver une solution rapide de sortie de crise. Aucune question ne sera occultée et nous comptons livrer les résultats de nos travaux à travers une conférence de presse à Ouagadougou avant notre départ”. Alexandre Cece Loua, ministre des Affaires étrangères: “Nous sommes venus avec un esprit de dialogue. Pour les premiers moments, nous avons écouté un exposé introductif du président du Faso sur les grandes lignes, les enjeux de la réussite de médiation pour sortir le pays de la situation actuelle. A la suite de cet exposé, le chef de la délégation guinéenne a présenté le dossier et ses grandes lignes. Il y a eu des échanges au cours desquels certains membres de la délégation sont intervenus. Les fruits de ces échanges seront consignés dans un document qui va être signé par le médiateur. Au cours de son exposé, le président du Faso a aussi situé la crise guinéenne dans le contexte international. Vous savez que maintenant les sanctions viennent de partout comme la CEDEAO, l’Union africaine, l’Union européenne et d’autres partenaires. Tout cela est de nature à nous amener à réaliser que nous sommes obligés de trouver une solution. Nous n’avons pas souhaité ce qui est arrivé, mais quand quelque chose se passe dans un pays, le pouvoir est le premier interpellé. C’est pourquoi la responsabilité première nous incombe. Toute une batterie de mesures sont donc mises en place : des commissions nationale et internationale d’enquête ont été installées et une coopération avec le Tribunal pénal international en cas de besoin. Ceux qui veulent que le président Dadis Camara quitte le pouvoir ne sont pas réalistes. On ne peut pas commencer la négociation par demander le départ du pouvoir. Dans ce cas, ils vont négocier avec qui ? Dans une négociation, il y a toujours deux parties. Il faut chercher à comprendre pourquoi l’armée a pris le pouvoir”. Mme Niépou Traoré, deuxième conseiller aux affaires diplomatiques et politiques du président de la république : “Tout le monde se réjouit du bon début des travaux. Jusqu’à présent, le président du Faso a réussi toutes les facilitations qu’il a eu à faire et nous espérons qu’il va réussir une sortie de crise en Guinée. Quand on fait des médiations, il faut toujours faire des concessions”. - Sidwaya