Les putschistes au pouvoir en Guinée depuis quelques jours ont annoncé dimanche sur la radio publique que tous les généraux de l'ancien régime étaient dégradés. Selon la déclaration lue par le porte-parole des militaires au pouvoir, Nouhou Thiam, une vingtaine de chefs de l'armée, y compris ceux qui dirigeaient les forces terrestres, aériennes et maritimes, ainsi que les responsables de la force de sécurité, sont concernés.
Les putschistes ont précisé que les responsables dégradés se verraient assigner d'autres tâches dans l'armée. La junte qui a revendiqué le coup d'Etat mardi dernier, après la mort du dictateur Lansana Conté, semble être en mesure de contrôler le pays, diffusant ses messages via la radio et la télévision publique, tenant des conférences de presse et organisant mardi prochain une rencontre avec des diplomates étrangers. . Reste à savoir si le capitaine Moussa Camara, qui s'est auto-proclamé mercredi chef du gouvernement par intérim, est capable de contrôler la pléthore d'unités militaires créées durant les 24 ans de dictature de l'ancien président. . Dimanche, un peu plus tôt dans la journée, des soldats aux ordres des putschistes guinéens ont encerclé la résidence d'un militaire de haut rang fidèle au pouvoir déchu, et fouillé sa maison à la recherche d'armes. . L'inspecteur Mamady Touré, membre de la junte au pouvoir, a annoncé que les putschistes avaient reçudes informations les conduisant à faire fouiller la demeure du général Ibrahima Diallo. Interrogé sur un éventuel lien avec la préparation d'un éventuel contre-coup d'Etat, il a répondu: "Je vous le ferai savoir dès que je le saurai".. Deux camions remplis de soldats sont arrivés devant la résidence du général Diallo, et un groupe est entré à l'intérieur de la maison. Le sous-lieutenant Claude Pivi, l'un des principaux leaders des putschistes, était avec eux. Ibrahima Diallo ne semblait pas être chez lui à ce moment, et ne pouvait être joint par téléphone. Les soldats sont ressortis en transportant des bouteilles d'eau minérale et des meubles. . Le capitaine Camara, quasiment inconnu jusqu'au putsch, paraît bénéficier d'un large soutien populaire. Plusieurs milliers de personnes, dont des responsables syndicaux et des figures de l'opposition, sont venues assister à son discours prononcé samedi depuis ses casernes militaires. . La foule l'a ovationné lorsqu'il a promis de laisser les responsables syndicaux proposer le nom d'un Premier ministre et d'exécuter toute personne détournant des fonds publics. Les experts soulignent toutefois que des détachements militaires lourdement armés sont basés dans différentes parties du territoire guinéen, isolés par de mauvaises routes et des liaisons téléphoniques peu fiables. Depuis la mort de Lansana Conté, ces bataillons ne reçoivent plus les ordres d'un commandement centralisé, et ils pourraient créer des troubles dans le pays. . Une autre inconnue concerne le statut de la garde présidentielle. Elle était farouchement acquise à la cause de l'ancien président et est accusée d'être responsable de l'exécution de dizaines de personnes durant une manifestation massive contre le régime, il y a deux ans. AP