Le géant minier anglo-australien Rio Tinto et le groupe chinois Chinalco ont signé un accord pour développer conjointement un projet d'exploitation de l'une des plus grandes réserves de fer au monde en Guinée, a annoncé vendredi Rio Tinto dans un communiqué.
Chinalco va verser 1,35 milliard de dollars américains pour une participation initiale de 47% dans le projet.
"Nous avons longtemps pensé que Rio Tinto et Chinalco pouvaient travailler de concert sur des projets majeurs, pour leur bénéfice mutuel", a déclaré Tom Albanese, directeur général de Rio Tinto dans un communiqué.
La signature de cet accord intervient après des relations tendues entre les deux groupes. L'an dernier, Chinalco devait recapitaliser Rio à hauteur de 19,5 milliards de dollars US, mais l'opération avait finalement échoué.
En juillet, un dirigeant australien de Rio Tinto, Stern Hu, et trois collègues chinois ont été arrêtés à Shanghai sous l'accusation initiale de vols de secrets d'Etat et d'espionnage.
Ils seront jugés à partir de lundi à Shanghai pour corruption et "violation de secrets commerciaux",.
Le ministre australien du Commerce, Simon Crean, a assuré vendredi que les relations entre l'Australie et la Chine, son premier partenaire commercial, ne seraient pas entravées par ce procès. "Il s'agit de deux sujets différents", a-t-il déclaré.
Le Premier ministre australien Kevin Rudd a cependant prévenu jeudi Pékin que le "monde" entier regarderait comment le procès allait être "mené".
Selon les analystes, Rio Tinto veut profiter de l'expertise et de l'influence de la société d'Etat Chinalco dans ce pays d'Afrique de l'Ouest pour faire avancer l'exploitation du gisement Simandou, censé renfermer 2,5 milliards de tonnes de minerai de fer.
Selon Rio Tinto, le projet qui prévoit la construction d'une mine, d'une voie de chemin de fer et d'un port, va créer des dizaines de milliers d'emplois durant la phase de construction et 4.000 postes à temps plein durant la phase d'exploitation.
La Guinée a signé le 10 octobre un accord de partenariat dans le secteur minier avec le China International Fund (CIF) prévoyant des investissements de plus de 7 milliards de dollars (4,5 milliards d'euros) dans des projets d'infrastructures.
L'opposition guinéenne a critiqué la signature de cet important contrat minier entre une entreprise privée chinoise et la junte au pouvoir, y voyant une manière de "profiter des circonstances pour réaliser en Guinée des affaires obscures et juteuses".
La signature controversée de ce contrat est intervenue quelques semaines après la répression sanglante d'une manifestation de l'opposition le 28 septembre à Conakry, qui a fait plus de 150 morts selon l'ONU. - AFP