Deux Palestiniens ont été tués dans des heurts avec les forces israéliennes, des milliers de manifestants et des frappes israéliennes à Gaza: la déclaration par les États-Unis de Jérusalem capitale d'Israël, a ravivé vendredi les tensions entre Israéliens et Palestiniens.
L'ONU est «particulièrement inquiète des risques d'une escalade violente», a affirmé Nickolay Mladenov, coordonnateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Proche-Orient, lors d'une réunion en urgence du Conseil de sécurité à New York.
Les Palestiniens étaient appelés à Jérusalem, en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza à un «jour de rage». Ils ont par milliers affronté les soldats et policiers israéliens, des heurts qui ont fait des dizaines de blessés et deux morts.
Vendredi soir, l'armée israélienne a indiqué avoir intercepté une roquette tirée de Gaza vers son territoire. Elle a répliqué en frappant des positions militaires du mouvement islamiste Hamas dans cette enclave palestinienne. Bilan: 14 blessés, selon le ministère de la Santé palestinien à Gaza. L'armée a fait état un peu plus tard d'un nouveau tir de roquette de Gaza ayant touché le territoire israélien.
Des dizaines de milliers de personnes ont aussi manifesté dans différents pays musulmans et arabes. Un peu partout, les protestataires ont brûlé ou piétiné des portraits du président américain Donald Trump.
Sans être pour l'instant massive dans les Territoires palestiniens ou le monde musulman, cette protestation nourrit la crainte de la communauté internationale que M. Trump n'ait ouvert la boîte de Pandore tant Jérusalem, avec ses lieux saints juifs, chrétiens et musulmans, constitue un sujet passionnel.
Rejetant «les sermons et les leçons», l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley a répété que M. Trump n'avait «pas pris position sur les limites ou les frontières» et que le «statu quo est maintenu sur les lieux saints». Elle a assuré que les États-Unis restaient engagés dans le processus de paix.
Tournant le dos à des décennies de diplomatie américaine et internationale, M. Trump a unilatéralement déclaré mercredi Jérusalem capitale d'Israël et annoncé le transfert de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem.
Une décision qui «ne favorise pas la perspective de paix dans la région» et «n'est pas conforme aux résolutions du Conseil de sécurité», ont affirmé vendredi les ambassadeurs de France, Royaume-Uni, Italie, Suède et d'Allemagne à l'ONU.
Dans différentes villes de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, des manifestants, pour beaucoup des jeunes le visage ceint d'un foulard, ont lancé des pierres sur les soldats israéliens qui répliquaient à distance par des tirs de balles en caoutchouc et de balles réelles, et des gaz lacrymogènes.
Dans la bande de Gaza, Mahmoud al-Masri, 30 ans, a été tué par des tirs de soldats israéliens à l'est de Khan Younès alors qu'il participait à la contestation près de la barrière fermant hermétiquement les frontières d'Israël avec ce territoire, a dit le ministère gazaoui de la Santé.
La mort d'un second Palestinien tué dans les heurts a été annoncée dans la soirée.
Les autorités médicales palestiniennes ont fait état de dizaines de personnes blessées.
À Jérusalem même, de vigoureuses empoignades ont mis aux prises manifestants palestiniens et policiers israéliens dans et autour de la vieille ville où Israël avait déployé des renforts sécuritaires importants.
Jérusalem et l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam également révéré par les juifs comme le mont du Temple, restent un cri de ralliement pour les Palestiniens. L'esplanade, située à Jérusalem-Est, catalyse les tensions avec les Israéliens.
Israël s'est emparé de Jérusalem-Est en 1967 et l'a annexée. Il proclame tout Jérusalem sa capitale «éternelle et indivisible». L'ONU n'a jamais reconnu cette annexion.
Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l'État auquel ils aspirent.
Selon les dirigeants palestiniens, la reconnaissance par M. Trump de Jérusalem comme capitale d'Israël préempte les négociations sur le statut de la ville, l'une des questions les plus épineuses et passionnelles d'un éventuel règlement du conflit israélo-palestinien.
Pour eux, celui qui a pris ses fonctions en proclamant sa volonté de présider à l'accord diplomatique «ultime» ne peut plus assumer le rôle historique des États-Unis de médiateur dans le processus de paix.
«Nous savons tous que Jérusalem est la capitale de la Palestine et non pas d'Israël. Israël est une puissance occupante», disait Omar, 20 ans, en se rendant à la prière sur l'esplanade des Mosquées.
Alors que le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou parle d'acte «historique» pour son pays, l'initiative de M. Trump continue à susciter la réprobation internationale.
Depuis la création d'Israël en 1948, la communauté internationale s'est gardée de reconnaître Jérusalem comme capitale. Elle considère que le «statut final» de la ville doit être négocié.
«Aucun des problèmes de la région ne sera réglé par des décisions unilatérales, la loi du plus fort», a déclaré le président français Emmanuel Macron. - AfricaLog avec agence