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La présidente du Brésil proche de la destitution

Mar 29, 2016
La présidente du Brésil proche de la destitution

Le grand parti centriste brésilien PMDB a fait voler en éclats mardi la coalition chancelante de Dilma Rousseff, infligeant un revers cinglant sinon fatal à la présidente de gauche sur le fil du rasoir d'une destitution.

La direction nationale du parti du vice-président Michel Temer, qui succèdera à la chef de l'Etat si elle est destituée, a officialisé sa sortie immédiate du gouvernement, appelant ses ministres à en démissionner.

Première force parlementaire avec 69 députés sur 513 et 18 sénateurs sur 81, le Parti du mouvement démocratique brésilien était le principal allié de la coalition au pouvoir, dirigée par le Parti des travailleurs (PT, gauche) et faisait partie depuis 2004 du gouvernement.

Cet abandon pourrait s'avérer fatal pour Mme Rousseff, 68 ans, très affaiblie par l'embrasement de la crise politique brésilienne au mois de mars, envenimée par le scandale de corruption Petrobras.

En grand péril à bientôt deux semaines d'un vote crucial des députés sur sa destitution, Mme Rousseff a annulé un voyage aux Etats-Unis où elle devait participer jeudi et vendredi à un sommet sur la sécurité nucléaire à Washington.

A partir d'aujourd'hui, (...), le PMDB se retire de la base du gouvernement de la présidente Dilma Rousseff et personne dans ce pays n'est autorisé à exercer un poste fédéral au nom du PMDB, a annoncé le vice-président du parti, Romero Juca.

Temer président!, Dehors le PT, ont alors exulté les dirigeants du grand parti centriste lors d'une réunion expédiée en trois minutes dans une salle de l'Assemblée à Brasilia.

Le PMDB est lui-même éclaboussé au plus haut niveau par le scandale des détournements de fonds au sein de Petrobras. Le nom du vice-président Temer est cité sans qu'il soit encore officiellement visé par l'enquête, contrairement au président du Congrès des députés Eduardo Cunha et au président du Sénat Renan Calheiros.

Privé du PMDB, le gouvernement de Dilma est fini, s'était félicité par avance le chef de l'opposition, le sénateur de centre-droit Aecio Neves, candidat malheureux au second tour de la présidentielle de 2014 remportée par Mme Rousseff.

M. Neves s'est dit prêt à soutenir un éventuel gouvernement de transition autour d'un programme d'urgence.

Homme d'appareil discret, M. Temer, 75 ans, ne dissimule plus son ambition de succéder rapidement à Mme Rousseff. Cet avocat de formation a orchestré ces derniers jours en personne le débarquement du PMDB d'un navire présidentiel au bord du naufrage.

Arbitre de toutes les majorités au Brésil depuis 1994, le PMDB comptait encore ce weekend sept ministres dans le gouvernement. Lundi soir, le ministre du Tourisme, Henrique Alves, a anticipé le mouvement en démissionnant.

Les partisans d'une destitution devront obtenir au moins deux tiers des voix des députés (342 sur 513) pour que soit prononcée la mise en accusation de Mme Rousseff devant le Sénat, qui aura le dernier mot.

Le PMDB espère entraîner dans son sillage plusieurs partis indécis du grand centre mou de la coalition de Mme Rousseff pour précipiter sa chute et livrer la présidence sur un plateau à son chef Michel Temer.

Le PP (centre-droit), troisième formation parlementaire avec 49 députés, doit prendre position mercredi. Et le PSD (centre-gauche), divisé entre pro et anti-destitution, a donné lundi soir la liberté de vote à ses 34 députés.

Dans un climat de débandade générale, le camp présidentiel cherche à stopper l'hémorragie en tentant de convaincre les parlementaires, député par député, de ne pas voter la destitution. Ce vote crucial est attendu à la mi-avril.

Il propose en contrepartie des portefeuilles ministériels et les quelque 600 postes divers que va laisser vacants le PMDB au sein de la machine gouvernementale.

Cette décision arrive à un bon moment parce qu'elle donne le temps à la présidente Dilma de recomposer son gouvernement et sa majorité avant le vote des députés, a commenté son chef de cabinet Jaques Wagner.

Mme Rousseff est accusée d'avoir fait supporter temporairement à des banques publiques des dépenses incombant au gouvernement, afin, selon l'opposition, de dissimuler l'ampleur des déficits publics, en 2014, année de sa réélection, et en 2015.

Elle se serait ainsi rendue coupable d'un crime de responsabilité administrative, prévu par la Constitution.

La présidente répond que tous ses prédécesseurs ont eu recours à cette pratique et dénonce une procédure sans fondement légal, masquant une tentative de coup d'Etat institutionnel.

La présidente a vu en 2015 s'effondrer sa côte de popularité à un niveau historiquement bas de 10%.

Selon un récent sondage, 68% des Brésiliens veulent son départ. – AfricaLog avec agence

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