Comme une tache d'huile, le terrorisme est en train de se répandre dans la bande sahélo- saharienne. Et le Mali n'échappe pas à cette menace. Après avoir maîtrisé la rébellion touareg, les autorités maliennes doivent aujourd'hui faire face aux actes terroristes des éléments d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Au Mali, la menace terroriste s'est traduite, ces derniers mois, par des enlèvements de touristes occidentaux revendiqués notamment par AlQaïda au Maghreb islamique (AQMI). C'est le nom pris par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien depuis le 25 janvier 2009. Des actes suivis de l'assassinat d'un officier des renseignements généraux du Mali à Tombouctou en juillet 2009. Ce dernier était l'un des principaux acteurs des premiers coups portés à l'AQMI par l'armée malienne. Face à cette menace, le Mali n'a pas tardé à réagir. L'armée malienne n'a pas hésité à donner l'assaut, en juin dernier, à une base d'Al Qaïda au Maghreb à la frontière avec l'Algérie. Et le 17 juin dernier, l'armée malienne avait annoncé avoir tué 26 " combattants islamistes" en attaquant, pour la première fois, une base de la branche maghrébine d'Al Qaïda sur son sol. L'opération avait été menée dans l'extrême nord du Mali, à la frontière avec l'Algérie. Cette offensive avait eu lieu un peu plus de deux semaines après l'assassinat par l'AQMI d'un otage occidental, le Britannique Edwin Dyer. Il avait été capturé en janvier au Niger voisin, en même temps que trois autres touristes qui ont finalement été libérés. Au début de juillet 2009, AQMI avait riposté en déclarant avoir tué 28 soldats maliens lors d'une attaque dans le nord du pays. Et le groupe extrémiste menaçait aussi de lancer d'autres attaques et de s'en prendre au président malien, Amadou Toumani Touré (ATT), qu'il accuse d'avoir engagé son armée contre ses éléments avec le soutien des "Croisés" (terme utilisé pour désigner les Occidentaux) . "C'est une lutte totale contre Al Qaïda que nous menons actuellement. Je dis bien totale. Sur le terrain, dans la bande sahélo-saharienne, les salafistes et leurs complices qui sont les auteurs de multiples trafics, sont nos ennemis", avait réagi le chef de l'Etat malien. Certes, l'armée malienne n'est pas assez outillée pour faire face aux terroristes lourdement armés. Mais le Mali dispose de plus en plus du soutien de pays amis comme l'Algérie, la France et les Etats-Unis. Paris a récemment fourni à Bamako 28 véhicules de transport, deux avions légers d'observation à l'armée malienne. La France forme aussi des militaires maliens en la matière depuis quelques années. Et le gouvernement algérien ne cesse d'intensifier sa coopération avec le Mali sur des projets de développement en vue de couper la route aux terroristes du réseau Al Qaïda. Depuis de nombreuses années, les Etats-Unis contribuent aussi à la formation et à l'équipement des militaires maliens dans leur lutte contre les terroristes. L'Algérie, la Libye et le Mali viennent également de décider d'unir leurs efforts pour barrer la route à ce phénomène. Comme le dit l'une de nos sources au ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, "la tolérance zéro est désormais décrétée contre les attentats, les assassinats, les enlèvements et toutes les autres actions subversives dans nos pays. Cette initiative est à saluer car elle traduit une prise de conscience du danger du terrorisme". "Nous avons décidé de mettre en commun nos moyens militaires et de renseignement pour combattre ce problème", a affirmé le président Amadou Toumani Touré du Mali, de retour de la Libye où il avait participé à un sommet de l'Union africaine en juillet dernier. Mais, pour être efficace, cet engagement antiterroriste doit être général car aucun pays ne peut faire face à cette menace de façon isolée. "Le Mali fait toujours face aux menaces. Nous les combattons quotidiennement. Les quantités d'armes, de munitions et la drogue que nous interceptons régulièrement sont la preuve de nos engagements sur le terrain. Les bandes frontalières du Mali sont immenses au nord : 1200 km de frontière avec l'Algérie, 2000 km avec la Mauritanie et 900 km avec le Niger. Est-ce facile de maîtriser tous ces espaces avec le peu de moyens que nous avons? Raison pour laquelle je dis que la solution ne peut être que collective", avait a déclaré le président ATT lors d'un entretien accordé à la presse internationale. On comprend alors aisément la volonté des autorités maliennes d'organiser une conférence sur la sécurité dans la bande sahélo- saharienne. "Aujourd'hui, tout le monde est d'accord pour dire qu'il est temps d'aller à la conférence, à partir du moment où chacun de nous a des difficultés pour gérer les menaces qui sont transfrontalières", avait souligné le président Amadou Toumani Touré à son retour de Syrte (Libye) pour le sommet de l'Union africaine. Longtemps annoncé, ce sommet est finalement programmé après le Ramadan qui a commencé au Mali ce samedi. Ce sommet doit réunir les chefs d'Etat du Mali, du Niger, du Burkina, de l'Algérie, de la Libye et du Tchad voire du Soudan. Après plusieurs reports, cette date sera-elle la bonne ? Rien n'est moins sûr ! En attendant, tout laisse croire que l'AQMI prépare d'autres fronts pour déstabiliser la région sahélo- saharienne. - Xinhua