En apprenant que Barack Obama avait obtenu le prix Nobel de la paix, de nombreux Américains se sont interrogés pour comprendre quelles raisons avaient valu cette distinction à leur président.
"Ce serait merveilleux si je pouvais saisir pourquoi il a gagné", dit Claire Sprague, octogénaire rencontrée à New York dans les rues du Greenwich Village. "Ils voulaient j'imagine lui décerner un honneur, mais je ne vois pas pourquoi", poursuit cette ancienne professeur d'anglais. Itya Silverio, une Brooklyner de 33 ans, est tout aussi surprise. "A première vue, il l'a eu parce qu'il est noir. Qu'a-t-il fait de si grand? Il n'a même pas fini son mandat", dit-elle. Couronné en 2002, l'ancien président Jimmy Carter estime, lui, que le choix du comité Nobel illustre l'espoir que Barack Obama a fait naître dans le monde entier. "C'est une audacieuse déclaration de soutien international à sa vision et à son engagement en faveur de la paix et l'harmonie dans les relations internationales", écrit l'ancien président dans un communiqué. Mais cette opinion est loin de faire l'unanimité. Robert Schultz, 62 ans, est un ancien fonctionnaire, un ancien du Viêtnam aussi. Quand on l'informe qu'Obama a décroché le Nobel de la paix, il dit: "Pour avoir fait quoi?" "Ce gars n'a réglé aucun conflit où que ce soit, comment peut-il alors remporter le prix de la paix? Mais si nous ne le réélisons pas la prochaine fois, nous passerons tous pour des idiots parce que le monde l'a consacré", ajoute ce Texan qui vit non loin de Dallas. RÉCOMPENSE OBJECTIVE OU APPUI POLITIQUE ? Certains jugent que le choix d'Obama va nuire à la crédibilité du comité Nobel et de ce genre de distinction. "Ça ressemble moins à une récompense objective qu'à un appui politique", note William Jelani Cobb, qui enseigne l'histoire au Spelman College d'Atlanta et s'apprête à publier un essai sur le 44e président des Etats-Unis. "Guantanamo n'est pas encore fermé et ça lui complique la tâche pour accroître les effectifs militaires en Afghanistan", ajoute-t-il. Haag Sherman, qui dirige le fonds d'investissement Salient Partners à Houston, trouve pour sa part que le choix du comité Nobel politise ce prix. "Ces dernières années, des dirigeants américains penchant largement à gauche ont été des lauréats de ce prix. Ce sera à l'évidence interprété comme des décisions politiques par la droite." A l'inverse, la jeune cantatrice Carissa March, 30 ans, reconnaît avoir été surprise en écoutant les informations du matin mais estime que cette victoire pourrait aider Obama à mener à bien une partie des chantiers qu'il a ouverts. "Parfois, lorsque des choses de ce genre se produisent, elles nous contraignent à voir la réalité plus positivement alors espérons que les autres dirigeants à travers le monde prendront (les offres de dialogue d'Obama) avec un peu plus de sérieux et un peu plus d'ouverture", dit-elle. - Reuters