Le Premier ministre français, François Fillon, a débuté jeudi à Yaoundé sa première visite en Afrique pour promouvoir des relations "rénovées" avec le continent, en commencant par le Cameroun de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
Point d'orgue de cette visite de deux jours dans le pays, les responsables français ont signé jeudi un accord de défense "nouvelle génération", qui ne prévoit plus d'intervention militaire française en cas d'agression contre le Cameroun, comme cela était prévu depuis l'indépendance de ce pays. Lors d'un déjeuner offert par Paul Biya, partenaire traditionnel de la France dans la région, François Fillon a souligné qu'il devenait "urgent de moderniser notre coopération" dans ce domaine. Alors que les précédents textes en vigueur, déja revus en 1974, étaient restés en partie secrets, ceux-ci seront "parfaitement transparents", ont assuré les responsables français. Le secrétaire d'Etat français à la Défense Jean-Marie Bockel, qui a paraphé l'accord avec son homologue camerounais, a salué un texte qui "respecte strictement" l'indépendance du pays. "On essaie de sortir d'une relation paternaliste pour entrer dans un partenariat stratégique", s'est félicité le secrétaire d'Etat à la Coopération, Alain Joyandet. La révision des accords de défense liant la France à certaines de ses ex-colonies est l'un des points clé de la nouvelle politique africaine de la France, détaillée en février 2008 au Cap par Nicolas Sarkozy. Déja les accords militaires avec le Togo ont été modifiés. La Centrafrique et les Comores doivent suivre. Au cours de la même cérémonie, le ministre de l'Immigration, Eric Besson, a signé avec les autorités camerounaises un accord de gestion "concertée" des flux migratoires, destiné notamment à lutter contre l'immigration illégale. "C'est le premier accord de ce type que je signe depuis mon entrée en fonction, mon prédécesseur Brice Hortefeux en avait signé huit", a dit Besson. Le Cameroun est le premier pays d'Afrique subsaharienne pour les flux annuel d'immigration vers la France (4.800 titres de séjour par an) et occupe le 4ème rang en terme d'importance de sa communauté présente sur le sol français (36.000 personnes en 2007), selon son ministère. Un troisième accord portant sur la santé a également été signé. Arrivé la veille au soir, François Fillon avait brièvement assisté à une réception dans le gigantesque palais présidentiel de Paul Biya sur les auteurs de Yaoundé, où 7.000 personnes étaient réunies pour la fête nationale camerounaise. Après une visite de chantier jeudi matin, il a eu un tête à tête d'une heure et demi avec le président camerounais. Les autorités avaient longtemps espéré une visite du président Nicolas Sarkozy, annoncée par Paul Biya lui-même au retour de l'un de ses déplacements à Paris. Selon un diplomate "le fait que ce ne soit pas le président lui-même qui fasse le déplacement a un peu déçu les Camerounais, d'autant plus qu'il est venu récemment dans la région". Paul Biya, attendu en France en juillet prochain, a récemment fait passer une réforme lui permettant de briguer un nouveau mandat en 2011. Vendredi à la mi-journée, François Fillon s'envolera pour le Nigeria, où il restera jusqu'à samedi. Il a prévu notamment de se rendre dans le delta du Niger, région pétrolifère en proie ces dernières semaines à un regain de violences. - AFP