L'armée turque a annoncé samedi la fin de la tentative de putsch de la part de militaires rebelles, qui a fait plus de 200 morts. Mais le président Recep Tayyip Erdogan exhortait la foule à rester dans les rues pour faire face à une éventuelle "nouvelle flambée".
Le coup d'Etat avorté en Turquie, mené dans la nuit par des militaires rebelles, a fait 161 tués et 1440 blessés, dont un Suisse, sans compter les putschistes. L'armée a annoncé que 104 putschistes avaient été abattus, portant le total des morts à près de 200.
Le Premier ministre Binali Yildirim, qui s'exprimait devant la presse à Ankara, a indiqué que 2839 militaires avaient été arrêtés en lien avec cette tentative, qu'il a qualifiée de "tache" sur la démocratie turque. La situation est "entièrement sous contrôle", a-t-il ajouté.
Malgré cette annonce, le président Erdogan a demandé aux Turcs de rester dans les rues. "Nous devons continuer à être maîtres des rues (...) car une nouvelle flambée est toujours possible", a-t-il déclaré sur Twitter.
Les affrontements, avec avions de chasse et chars, ont donné lieu à des scènes de violence inédites à Ankara et Istanbul depuis des décennies.
Des dizaines de milliers de personnes, brandissant souvent des drapeaux turcs, ont bravé les militaires rebelles, grimpant sur les chars déployés dans les rues ou se rendant à l'aéroport d'Istanbul pour accueillir M. Erdogan. Le président a dû rentrer précipitamment de vacances dans la mégalopole dont il fut longtemps maire et qui est son fief.
C'est peu avant minuit (23h00 en Suisse) qu'un communiqué des "forces armées turques" avait annoncé la proclamation de la loi martiale et d'un couvre-feu dans tout le pays, après des déploiements de troupes notamment à Istanbul et dans la capitale Ankara.
Les putschistes ont justifié leur "prise de pouvoir totale" par la nécessité d'"assurer et restaurer l'ordre constitutionnel, la démocratie, les droits de l'Homme et les libertés et laisser la loi suprême du pays prévaloir".
Parallèlement, M. Erdogan, cible ces dernières années de nombreuses critiques l'accusant de dérive autoritaire, a accusé les soldats rebelles d'être liés à son ennemi juré l'imam Fethullah Gülen, un ancien allié exilé depuis des années aux États-Unis.
Dans la foulée, le chef d'état-major de l'armée turque a été pris otage au quartier général de l'armée. Il est délivré au petit matin. Mais de nombreux hauts responsables militaires s'étaient désolidarisés publiquement dans la nuit des putschistes, dénonçant "un acte illégal" et appelant les rebelles regagner leurs casernes.
Le général Umit Dündar, chef de l'armée turque par intérim, a promis "de nettoyer l'armée des membres de structures parallèles", dans une référence évidente aux fidèles de M. Gülen.
Samedi au petit matin, des dizaines de soldats se rendaient aux forces de sécurité sur un des ponts sur le Bosphore à Istanbul, où les rebelles avaient dans la nuit ouvert le feu sur des civils.
Dans la capitale, un avion avait largué tôt samedi une bombe près du palais présidentiel, aux abords duquel des avions de chasse F-16 ont bombardé des chars de rebelles, selon la présidence, et M. Erdogan a déclaré que l'hôtel où il se trouvait en vacances avait été bombardé après son départ. - AfricaLog avec agence