La police française poursuivait mardi la traque du tireur qui a grièvement blessé la veille à Paris un homme dans le hall du quotidien Libération, ouvert le feu sur une tour du quartier de La Défense et pris en otage un automobiliste.
Elle dispose de nombreux éléments d'enquête mais le suspect, armé d'un fusil de chasse, n'avait toujours pas été identifié mardi après-midi, a-t-on précisé de source proche du dossier.
Plusieurs personnes ont été contrôlées dans le cadre de l'enquête, mais à chaque fois les vérifications n'ont rien donné. Un homme a été notamment interrogé au commissariat du VIIe arrondissement de Paris, avant d'être mis hors de cause.
Les experts ont également isolé de l'ADN dans la voiture de l'automobiliste pris en otage "mais rien ne dit que le profil génétique du suspect soit connu", a-t-on ajouté de même source.
La brigade criminelle tente toujours d'exploiter les centaines d'appels qui ont suivi la diffusion de photos du tireur extraites des caméras de vidéo-surveillance.
"Il y a eu 400 appels, dont 120 ont donné lieu à une fiche de renseignement, c'est-à -dire que ces informations seront vérifiées", dit-on à la police judiciaire.
Une quatrième photo du suspect, prise cette fois dans le métro et plus nette que les précédentes, a été diffusée mardi.
Elle a été prise à la station de métro Concorde après l'agression lundi dans le hall de Libération. Sur ce cliché, l'homme, qui est filmé de face, marchant dans un couloir, a un visage rond et a eu le temps de changer de vêtements.
Il porte une veste rouge sur un pull bleu ainsi qu'un bonnet beige, alors que les images prises près de Libération le montraient avec une parka kaki et une casquette de chasse.
Le procureur de la République François Molins avait décrit lundi un homme de type européen, âgé de 35 à 45 ans, mesurant 1,70 à 1,80 mètre, avec des cheveux poivre et sel, mais le doute subsiste sur son type de chevelure.
Les enquêteurs exploitent aussi le témoignage de l'automobiliste qui a été pris en otage lundi par le fugitif, entre La Défense, où il avait tiré sur une tour de la Société Générale, sans faire de blessé, et les Champs-Elysées.
Le fugitif, qui a échappé lundi à la mi-journée aux forces de l'ordre près de l'avenue la plus touristique de Paris, lui a raconté qu'il sortait de prison et qu'il avait une grenade.
"Les déclarations de l'homme sont en cours de vérification, car on ne sait pas s'il disait vrai. Il a pu vouloir intimider l'automobiliste. Tout cela prend du temps", dit-on à la PJ.
L'ensemble de la brigade criminelle de la PJ parisienne, soit une centaine d'hommes, est mobilisée sur l'affaire.
"Les Français peuvent compter sur la mobilisation de la police et de la gendarmerie. Nous trouverons l'auteur des actes pour qu'il soit jugé et condamné", a déclaré mardi matin à des journalistes le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.
François Molins a confirmé lundi la piste d'un tireur unique pour les attaques à Libération, à La Défense, mais aussi vendredi dernier dans les locaux parisiens de la chaîne BFM TV.
Les enquêteurs ont à chaque fois retrouvé sur les lieux des cartouches de calibre 12 contenant des chevrotines, mais aussi des munitions non percutées utilisées pour le gros gibier.
Ils s'interrogent sur les motivations du tireur, qui a agi très rapidement, en particulier dans le hall de Libération, sans justifier son geste.
"Il n'y a pas en l'état actuel dans les témoignages d'éléments qui conduisent à préciser une piste (..) et notamment il n'y a aucun contexte revendicatif", a dit François Molins.
L'assistant photographe de 23 ans blessé lundi matin au thorax à Libération a été opéré à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière. Il restait mardi matin "dans un état critique" malgré une légère amélioration, a dit sur France Inter Nicolas Demorand, directeur de la publication de Libération.
"Il va un petit mieux qu'hier", a-t-il précisé. – AfricaLog avec agence