L'avertissement de Barack Obama n'a pas suffi. Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi a été accueilli en véritable héros jeudi soir en Libye. Condamné pour l'attentat de Lockerbie, l'homme de 57 ans est arrivé dans son pays après sa libération pour raisons médicales par le gouvernement écossais.
Al-Megrahi a atterri à 20 h 30 (heure française) à l'aéroport de Tripoli à bord d'un avion spécialement affrété par la Libye. Habillé d'un costume noir, il est sorti de l'avion avec Seif Al-Islam, un des fils du dirigeant libyen, qui lui tenait la main. Des centaines de personnes ont agité des drapeaux libyens et écossais, alors que des haut-parleurs diffusaient l'hymne national. Selon une source proche de la délégation accompagnant Al-Megrahi d'Écosse en Libye, celui-ci devait assister à un grand rassemblement au coeur de Tripoli. Après la remise en liberté d'Al-Megrahi, Barack Obama a souhaité que la Libye l'assigne à résidence et qu'il ne soit pas accueilli en héros. Un porte-parole du département d'État, Philip Crowley, a prévenu qu'un tel accueil "pourrait potentiellement affecter" leur "relation future". Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, a, quant à lui, jugé cet accueil "profondément troublant et affligeant". "Le comportement du gouvernement libyen dans les prochains jours (...) sera capital dans la manière dont le monde considérera le retour de la Libye dans la communauté civilisée des nations", a-t-il prévenu. "Nous sommes naturellement sensibles aux sentiments des familles des victimes, qui ont certainement été heurtés par l'accueil réservé à M. Al-Megrahi", a réagi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Éric Chevallier. Les familles des victimes américaines ne sont justement pas en reste. Elles voient dans l'attitude de la Libye la preuve d'une erreur du gouvernement écossais. "C'est de la naïveté de penser que d'une manière ou d'une autre, libérer cet homme était la bonne chose à faire. Nous avons vu qu'il a été accueilli comme un héros à Tripoli ce soir", a déclaré à CNN Stéphanie Bernstein, dont le mari figure parmi les 270 personnes tuées dans l'attentat. – Le Point