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Les Gabonais élisent le successeur d'Omar Bongo dans un climat tendu

Aug 31, 2009

Pour la première fois depuis des décennies, un scrutin présidentiel n'est pas joué d'avance au Gabon. Deux mois après la mort d'Omar Bongo, décédé en juin après 41 ans de pouvoir sans partage, les Gabonais se rendaient aux urnes dimanche pour élire son successeur parmi 18 candidats, dont son propre fils, Ali Bongo Ondimba.

Les résultats officiels ne sont pas attendus avant mercredi. La journée semble s'être déroulée sans incident mais l'un des candidats de l'opposition a dénoncé des risques de violences post-électorales. Cassimir Oye Mba s'est d'ailleurs retiré de la compétition dimanche après-midi, sans pour autant soutenir un autre candidat. Il dit avoir renoncé à se présenter "pour ne pas être responsable de ce qui va se passer" ensuite.

Le candidat d'opposition Bruno Ben Moubamba, 42 ans, qui s'est mis en grève de la faim pendant deux semaines, pour protester contre ce qu'il a qualifié de "coup d'Etat électoral" d'Ali Bongo et de son parti, a déclaré s'attendre à des émeutes si Ali Bongo était annoncé vainqueur. "Après 41 ans, les gens sont fatigués. Ils veulent du changement. Nous sommes dans une situation de violence latente. Comme si le pays tout entier était aspergé d'essence", a-t-il mis en garde.

La plupart des autres candidats ont choisi de ne pas s'exprimer dimanche, devant le million et demi de Gabonais du pays, dont 816.000 appelés aux urnes. Des groupes d'électeurs ont précisé avoir collecté des preuves de votes multiples pour certains citoyens gabonais.

René Aboghe Ella, qui préside la Commission électorale, a reconnu que les listes d'électeurs semblaient avoir été gonflées mais il a affirmé que des membres de la sécurité avaient empêché les gens de voter plus d'une fois.

Ali Bongo Ondimba, 50 ans, fils aîné du président défunt, a dominé la campagne électorale, grâce à d'importants moyens financiers qui lui ont permis de sillonner ce petit pays d'Afrique de l'Ouest, à bord d'un jet privé pendant plusieurs semaines et de recouvrir la capitale, Libreville, d'affiches à son effigie, une tous les neuf mètres, sur les principaux axes.

Ali Bongo Ondimba, ancien ministre de la Défense et candidat du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), a pour principaux adversaires trois candidats de l'opposition: André Mba Obame, Pierre Mamboundou et Casimir Oye Mba.

Trois jours avant le scrutin, André Mba Obame, ancien ministre de l'Intérieur et ex-membre du PDG, passé dans l'opposition, a bénéficié du ralliement de cinq autres candidats indépendants autour de son nom, ce qui pourrait faire de lui un sérieux rival pour Ali Bongo.

De son côté, Pierre Mamboundou, figure de proue de l'opposition à Omar Bongo pendant une vingtaine d'années, à tel point qu'il fut un temps contraint à l'exil au Sénégal, est l'un des rares candidats à n'avoir aucun lien avec le régime Bongo. Il pourrait donc attirer les partisans d'un changement radical.

Enfin, Casimir Oye Mba, ancien Premier ministre et adversaire d'Ali Bongo pour l'investiture du PDG, a quitté le parti, après que ses membres ont décidé de choisir Ali Bongo pour le représenter à la présidentielle.

Pour beaucoup, même si Ali Bongo part favori, le scrutin est ouvert. "C'est un moment historique. C'est la première fois depuis les années 1960 que l'on ne sait pas quel sera le résultat de l'élection. C'est également la première fois depuis les années 1960 que le nom 'Omar Bongo' n'apparaît pas sur les bulletins de vote", s'est félicité Anacle Bissielo, ministre du Développement et professeur de sociologie à l'Université Omar Bongo de Libreville.

Toutefois, les observateurs craignent que le mode de scrutin ne réduise la légitimité du futur président. Le vainqueur de l'élection de dimanche sera en effet élu à la majorité simple au premier tour et n'a donc pas besoin d'obtenir 50% des voix pour l'emporter. Avec 18 candidats en lice, il n'est pas impossible que le successeur d'Omar Bongo ne soit élu qu'avec 20% des voix, a prédit René Aboghe Ella.

Un tiers de la population gabonaise vit sous le seuil de pauvreté. De nombreux habitants de Libreville en sont réduits à nourrir leurs enfants avec des déchets. Les autres zones du pays sont coupées de la capitale par une jungle épaisse et ne sont accessibles que par avion.

Dans les années 70, le Gabon était bien placé parmi les pays producteurs de pétrole dans le monde. Omar Bongo est accusé d'avoir dilapidé cette manne financière en construisant un palais présidentiel au luxe indécent, ainsi qu'un chemin de fer peu emprunté, le transgabonais, au lieu de privilégier des infrastructures plus basiques mais indispensables dans le pays. - AP

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