La Haut-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU a annoncé mercredi à Paris avoir envoyé un "conseiller spécial" en Guinée pour enquêter sur le massacre par des militaires le 28 septembre de plus de 150 manifestants réunis à Conakry à l'appel de l'opposition.
"Nous avons envoyé un conseiller spécial pour les droits de l'Homme, qui est là -bas, sur le terrain, en train d'enquêter pour nous", a déclaré Navanethem Pillay à la presse. La responsable onusienne, qui avait déjà qualifié de "bain de sang" la violente répression orchestrée par les forces de l'ordre guinéennes, a affirmé que son bureau avait "reçu des informations sur de nombreux meurtres", notamment de jeunes hommes et sur le viol de femmes. Mme Pillay a précisé que "la question des récentes atrocités en Guinée" avait notamment été abordée lors de ses entretiens à Paris, successivement avec le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner et avec le secrétaire général de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf. "J'ai été exhortée, à la fois par le ministre des Affaires étrangères et par l'OIF, à user des pouvoirs de mon organisation pour lancer une enquête (...) et établir si des crimes graves ont été commis", a-t-elle dit. Selon l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme, 157 personnes ont été tuées et 1.200 blessées dans un stade de Conakry le 28 septembre lors de la répression d'une manifestation contre l'éventuelle candidature du chef de la junte à la présidentielle de janvier. L'ONU parle de "plus de 150 morts". La junte au pouvoir maintient un bilan officiel de "56 civils tués". La France, qui a fortement condamné les violences et suspendu sa coopération militaire avec la Guinée, a encore haussé le ton mercredi en déclarant qu'elle suspectait le chef de la junte guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara, d'avoir "participé à la décision" qui a conduit au massacre. - AFP