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Niger: protestations contre le référendum voulu par le président Tandja

May 31, 2009

L'annonce d'un prochain référendum sur la Constitution nigérienne, voulu par le président Mamadou Tandja pour rester au pouvoir après la fin de son mandat, qui provoque déjà un tollé au Niger, a commencé à soulever des critiques à l'étranger.

Cette initiative "risque de saper les avancées sociales, politiques et économiques durement gagnées pendant la décennie écoulée et constituerait un revers pour la démocratie", a ainsi affirmé le département d'Etat américain.

Même ton au Canada, qui dit suivre avec "inquiétude" la situation et "invite les autorités du Niger à sassurer que leurs actes respectent lesprit et la lettre de la Constitution que le peuple nigérien sest donnée".

Le seul soutien international est venu du Libyen Mouammar Kadhafi.

"Si le peuple juge que le président Tandja mérite d'être réélu, il peut le choisir deux, trois ou même dix fois", a estimé le dirigeant libyen, président en exercice de l'Union africaine (UA).

La France, ex-puissance coloniale, n'a pas encore réagi, pas plus que l'Union européenne (UE).Mais sur le continent noir, des protestations commencent à être émises.

Réunie cette semaine à Dakar, la section Afrique de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) a appelé au "respect strict des dispositions constitutionnelles en vigueur au Niger", dont le processus démocratique fait face à des "menaces graves".

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) à laquelle Niamey appartient a laissé planer mi-mai la menace de sanctions si le président Tandja persiste à organiser le référendum controversé.

Des "sanctions", c'est ce que la communauté internationale doit envisager, a également estimé la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho), une des principales organisations de ce type en Afrique.

"Nous sommes indignés, en réalité il s'agit d'un véritable coup d'Etat institutionnel. C'est une nouvelle page d'instabilité politique qui va s'ouvrir au Niger", a affirmé le président de la Raddho, Alioune Tine.

Le chef de l'Etat nigérien a confirmé vendredi l'organisation, à une date indéterminée, de ce référendum.

Mamadou Tandja, 71 ans, élu en 1999, réélu en 2004, doit quitter le pouvoir le 22 décembre, la Constitution n'autorisant pas un troisième mandat.

Mais il dit vouloir rester à la tête du Niger pour mener à bien les projets entrepris au nom de la stabilité de ce pays d'Afrique sahélienne, très pauvre bien que producteur d'uranium.

Or, la Cour constitutionnelle a émis le 25 mai un avis défavorable à ce référendum, jugé non conforme à la Constitution.

Le lendemain, le Parlement était aussi sur le point de se prononcer contre le projet, selon plusieurs sources, lorsque M. Tandja l'a dissout.

Les avis de ces institutions "ne s'imposent nullement au président de la République", a balayé le chef de l'Etat.

Au Niger, son initiative n'en finit pas de faire des vagues.

Pour le Parti nigérien pour le démocratie et le socialisme (PNDS), principale formation d'opposition, "à partir de l'instant où M. Tandja dit qu'il convoque un référendum, il sort de la légalité et il perd sa légitimité puisqu'il aura proclamé un coup d'Etat (...) nous le traiterons alors comme un vulgaire putschiste".

Une coalition de partis et ONG opposés à ce référendum avait auparavant dénoncé une "dérive autoritaire".

Abubakar Sadiq, professeur de sciences politiques à l'université Ahmadu Bello de Zaria, au Nigeria, met en garde: "L'Histoire du Niger a montré que lorsqu'il y a une impasse politique (...) les militaires tendent à intervenir". "C'est pourquoi ce que fait Tandja est très, très dangereux", a-t-il dit à l'AFP.

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