Plus de 700 fidèles ont été tués et des centaines blessés dans une bousculade jeudi à Mina près de La Mecque, l'un des pires drames à frapper le grand pèlerinage dans le premier lieu saint de l'islam.
Il s'agit de la tragédie la plus meurtrière à endeuiller le hajj depuis 25 ans en Arabie saoudite où deux millions de pèlerins sont rassemblés cette année.
La bousculade, qui a coïncidé avec l'Aïd al-Adha, la fête musulmane du sacrifice, s'est produite lors du rituel de la lapidation de Satan qui consiste, pour les pèlerins, à jeter des cailloux vers trois stèles le représentant. Un choc entre une marée humaine quittant l'une des stèles et une foule venant en sens inverse a provoqué le drame, selon un responsable du ministère de la Santé.
Le roi Salmane, qui a reçu en soirée les responsables du hajj, a dit attendre «au plus tôt» les résultats de l'enquête, ajoutant avoir ordonné «une révision des plans» d'organisation du pèlerinage pour que les fidèles «accomplissent leurs rituels en toute sécurité».
Dans une première réaction officielle, le ministre de la Santé Khaled al-Faleh avait attribué la bousculade au manque de discipline des pèlerins.
Plus prudent, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le général Mansour Turki, avait ensuite recommandé de «ne pas devancer les conclusions de l'enquête», indiquant que «la grande chaleur et l'état de fatigue des pèlerins ont contribué au nombre important des victimes».
A l'étranger, la Maison Blanche, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, l'Allemagne, la France, le président du Conseil européen Donald Tusk et la Turquie ont fait part de leur tristesse et présenté leurs condoléances.
Selon le dernier bilan fourni par la défense civile, 717 personnes ont péri et 863 ont été blessées dans la bousculade.
Alors que la majorité des pèlerins sont des étrangers, l'Iran a fait état d'un bilan de 90 morts parmi ses ressortissants. Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a imputé aux autorités saoudiennes la responsabilité de la bousculade, dénonçant une «mauvaise gestion» de Riyad.
Le grand mufti de Turquie, Mehmet Görmez, a indiqué que 18 pèlerins turcs étaient portés disparus. L'Algérie a fait état de trois morts parmi ses ressortissants. Oman a fait état d'un disparu.
Quatre hôpitaux ont été réquisitionnés, ainsi que 220 ambulances et des hélicoptères.
Au Mina Emergency Hospital, des dizaines d'ambulances se frayaient un chemin pour amener de nouveaux blessés.
Dans un chaos indescriptible, les pèlerins étaient transportés les uns après les autres sur des brancards, tandis que des agents tentaient d'éloigner les badauds.
Des images vidéo montraient de nombreux corps inertes jonchant le sol ainsi que des affaires personnelles éparpillées, des chaussures et des parapluies, dont les pèlerins se servent pour se protéger du soleil.
Plus tôt dans la journée, des journalistes ont assisté à des scènes de malaise. Une femme, notamment, s'est presque évanouie en montant des escaliers, alors que deux amies lui aspergeaient le visage et appelaient à l'aide.
Selon un pèlerin soudanais à Mina il s'agissait du hajj le moins bien organisé sur les quatre auxquels il a participé. «Les gens étaient déjà déshydratés et s'évanouissaient. Les pèlerins trébuchaient les uns sur les autres».
Des critiques sont lancées régulièrement concernant la sécurité des pèlerins.
Irfan al-Alawi, co-fondateur de l'Islamic Heritage Research Foundation, basée à La Mecque, affirme que le problème réside dans le contrôle des foules.
«Ils ont essayé d'améliorer les installations, mais la priorité pour la santé et la sécurité passe toujours après», dit-il.
L'Arabie saoudite a réalisé ces dernières années d'importants travaux d'infrastructure pour faciliter les mouvements des fidèles.
Et cette année, le royaume a mobilisé 100 000 policiers. Tout au long du hajj, le flot des pèlerins a été canalisé par les cordons des forces de sécurité et de volontaires distribuant eau et nourriture.
Ce drame est le deuxième à endeuiller des pèlerins musulmans cette année, après celui du 11 septembre durant lequel 109 personnes ont péri dans l'effondrement d'une énorme grue sur la Grande Mosquée à La Mecque.
Sur les sept accidents majeurs ayant frappé le hajj depuis 1990, six ont eu lieu lors du rituel de lapidation.
La pire tragédie avait eu lieu en juillet 1990: une gigantesque bousculade s'était produite dans un tunnel de Mina, vraisemblablement à la suite d'une panne du système de ventilation. 1426 pèlerins étaient morts asphyxiés.
Le hajj, l'un des cinq piliers de l'islam, a débuté mardi et rassemble cette année environ deux millions de pèlerins selon des statistiques saoudiennes. – AfricaLog avec agence