L'ex-ministre de l'Intérieur André Mba Obame, classé deuxième à l'élection présidentielle au Gabon selon les chiffres annoncés jeudi, a dit ne pas reconnaître les résultats et affirme qu'il "a gagné" dans un entretien téléphonique.
"C'est un coup d'Etat électoral. Je ne reconnais pas les résultats de l'élection. C'est moi qui (l')ai gagnée", a affirmé M. Mba Obame, qui se trouve dans un lieu tenu secret. Selon les résultats officiels annoncés, Ali Bongo, le fils du défunt président Omar Bongo, obtient 41,73% des voix et devance André Mba Obame (25,88%) et Pierre Mamboundou (25,22%). André Mba Obame ne compte pas pour le moment déposer de recours à la Cour constitutionnelle car, estime-t-il, "la Cénap (Commission électorale nationale autonome et permanente) doit auparavant terminer son travail. En plus, la Cour constitutionnelle, ici, c'est comme la Tour de Pise, elle penche toujours du même côté!" M. Mba Obame assure qu'"aucun des représentants de l'opposition" siégeant à la Cénap "n'a signé le procès-verbal" final. "Nous voulions qu'on confronte les procès verbaux (des bureaux de vote), cela n'a pas été fait. Comment voulez vous qu'on vérifie les résultats si on ne peut pas les confronter?", s'interroge-t-il. "Le PDG (Parti démocratique gabonais, au pouvoir, qui a investi Ali Bongo) a chargé la dose! Dans toutes les provinces", commente André Mba Obame, que ses électeurs surnomment "AMO". Il affirme qu'Ali Bongo a été crédité de 6.000 voix supplémentaires dans la province de l'Estuaire (abritant Libreville), où l'emporte AMO avec 39.538 voix contre 33.788 à son concurrent, selon les chiffres officiels. "La province du Haut-Ogooué (sud-est, fief de la famille Bongo) aussi est extraordinaire. Il y a 58.000 votants sur 80.000 inscrits, soit un taux de participation double à la moyenne nationale", assure M. Mba Obame. André Mba Obame et Pierre Mamboundou, qui affirment chacun depuis dimanche soir avoir remporté l'élection, ont publiquement estimé qu'une victoire d'Ali Bongo ne pouvait se faire sans fraude. Après être partis du sit-in devant la commission électorale -dispersé par les forces de l'ordre jeudi matin-, les deux candidats n'ont pas été vus en public. M. Mba Obame raconte sa version de la dispersion. "Nous étions dans le calme. Aucun incident depuis la veille au soir. Tout à coup, les bérets rouges arrivent et nous jettent des gaz alors que trois militaires ont foncé sur Mamboundou et moi", explique-t-il. Et il ajoute: "M. Mamboundou a été frappé. Quant à moi, je ne sais pas ce qu'avait le militaire dans la main, mais un de mes gardes du corps a pu le neutraliser et nous sommes partis. Les gaz qu'ils nous ont jetés sont bien plus fort que les gaz normaux. Cela me brûle encore dans les poumons, j'ai dû mal à respirer". - AFP