La commission électorale ghanéenne a confirmé l'avance du candidat de l'opposition à la présidentielle de dimanche, John Atta-Mills, alors qu'une certaine tension est palpable à Accra à quelques heures de l'annonce officielle des résultats.
Selon la commission, qui devait annoncer le résultat définitif en milieu de journée, John Atta-Mills a recueilli 52,17% des voix contre 47,9% à son adversaire du parti au pouvoir Nana Akufo-Addo, après dépouillement de 200 circonscriptions sur 230. Ces chiffres partiels viennent confirmer la tendance qui se dessinait lundi d'une victoire probable du candidat du Congrès national démocratique (NDC), le parti du capitaine Jerry Rawling qui dirigea le pays d'une main de fer pendant 19 ans en deux périodes. Aucune totalisation en voix ni taux de participation n'avaient encore été communiqués ce matin. "Les chiffres montrent clairement que j'ai gagné l'élection. J'attend maintenant que la commission électorale me déclare vainqueur et je n'ai aucun doute qu'elle fera ce qui est juste", a déclaré lundi Atta-Mills au fur et à mesure que les résultats donnés par des medias privés prédisaient son succès. Pour sa troisième participation, Atta-Mills se sent d'autant plus confiant que, parallèlement au premier tour de la présidentielle le 7 décembre, le NDC avait remporté la majorité au Parlement avec 114 sièges contre 107 au NPP et neuf à des partis minoritaires ou à des indépendants. "Quelle que soit la nouvelle majorité, que le nouveau président soit Akufo-Addo ou Atta-Mills, il faudra l'accepter et vivre avec pour les quatre prochaines années", avait pour sa part déclaré le président sortant John Kufuor à la veille du scrutin. Toute la nuit de lundi à mardi des centaines de partisans d'Atta-Mills ont monté la garde devant le bâtiment de la commission électorale sous haute protection policière. Un journaliste de l'AFP a vu des manifestants chanter, certains brandissant des bâtons. Non loin de là , un camion enrubanné d'un immense drapeau du NDC avait été placé en travers d'une rue voisine. Selon des témoins, lundi soir la police a dû tirer en l'air et utiliser des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser la foule. Un responsable de l'opposition a affirmé pour sa part que le parti au pouvoir, le Nouveau parti patriotique (NPP), avait tenté de manipuler, avec la "complicité" d'un membre de la commission électorale, les résultats de la région Ashanti, un bastion traditionnel du NPP. "On s'est rassemblés parce qu'il y a des tentatives de manipulation. On ne va pas nous voler cette élection", a lancé un manifestant. "Je ne vais pas accepter un résultat frauduleux. Il faut respecter la volonté du peuple et ne pas essayer d'imposer quelqu'un au pouvoir", avait averti lundi soir John Atta-Mills depuis son QG de campagne. Du côté du parti au pouvoir, malgré les chiffres, on voulait toujours y croire et on jouait l'apaisement. "Ce n'est pas encore joué. Les résultats sont très serrés et tout peut arriver", a affirmé le président national du NPP Peter MacManu. "Nous avons confiance mais, en raison du climat passionné, nous avons décidé d'attendre le verdict de la commission électorale", a-t-il ajouté. Quelque 12,5 millions de Ghanéens étaient appelés à voter dimanche pour choisir un successeur à John Kufuor, qui quitte la scène après huit ans de pouvoir en léguant un pays considéré comme un modèle de démocratie en Afrique. - AFP