Le président nigérien Mamadou Tandja a procédé à un remaniement de son gouvernement et limogé les sept juges de la Cour constitutionnelle qui s'opposaient à son projet de référendum constitutionnel.
Il s'agit des premières mesures du chef d'Etat nigérien depuis qu'il s'est adjugé les pleins pouvoirs vendredi dernier, après le refus de la Cour constitutionnelle d'avaliser son projet de consultation sur une nouvelle constitution devant lui permettre de rester au pouvoir trois années supplémentaires. Dans un communiqué diffusé par la radio nationale, le gouvernement précise que Tandja a également suspendu à titre provisoire les compétences de la Cour en matière constitutionnelle et électorale. De même, la haute juridiction se voit temporairement privée de ses prérogatives de contrôle de la régularité et de la transparence des référendums et élections politiques. Un peu plus tôt dans la journée, le président nigérien avait remanié le gouvernement, maintenant à son poste le Premier ministre Seini Oumarou et nommant huit nouvelles personnalités appartenant toutes à des organisations soutenant le projet de référendum constitutionnel. Ces nouveaux entrants succèdent aux huit ministres issus de la Convention démocratique et sociale (CDS) qui ont démissionné la semaine dernière pour marquer leur opposition à cette consultation. Le président Tandja, 71 ans, achève le 22 décembre un second mandat de cinq ans, sans possibilité de briguer sa réélection aux termes de la constitution en vigueur depuis 1999. Cette Loi interdit également toute modification de la durée du mandat. Mais le chef de l'Etat a convoqué les électeurs aux urnes le 4 août pour qu'ils se prononcent sur son projet de référendum. Le 12 juin, la Cour constitutionnelle avait annulé son décret, jugeant le scrutin contraire à la constitution. L'UNION AFRICAINE CRAINT DES "DÉRAPAGES" Le projet a suscité des manifestations de l'opposition et des syndicats. Il a aussi été dénoncé par des institutions régionales comme la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Lundi, Jean Ping, président de la Commission de l'Union africaine (UA), a dit craindre des "dérapages" dans le pays. "La situation actuelle nous interpelle. Elle nous fait craindre des dérapages", a-t-il déclaré à RFI. "Lorsqu'il y a des changements de constitution, nous regardons s'ils sont conformes à la constitution, si la constitution permet des changements. Ce qui ne semble pas être le cas ici", a-t-il relevé. Un sommet de l'UA est prévu mercredi à Syrte, en Libye. Les forces armées nigériennes (FAN) ont en revanche réaffirmé leur neutralité. "Tenu par le devoir de neutralité et de réserve, les FAN ne sauraient à ce titre ni être associées à un quelconque débat politique, ni être impliquées dans des actions déstabilisatrices", a dit lundi soir le colonel Goukoye Abdoulkarim, porte-parole du ministère de la Défense. Samedi, le Front pour la défense de la démocratie (FDD, opposition) avait appelé les forces de sécurité à la désobéissance. Depuis vendredi, le président Tandja s'est accordé des "pouvoirs exceptionnels", invoquant la constitution qui l'y autorise lorsque le fonctionnement normal des pouvoirs publics et les engagements de l'Etat sont menacés. Ce week-end, le ministre de l'Intérieur Albadé Abouba a annoncé que le référendum sur une nouvelle constitution aurait "bel et bien lieu" le 4 août prochain. - Reuters