La victoire de Faure Gnassingbé, le président sortant du Togo, est contestée par l'opposition. Mais pas seulement. L'Union européenne a constaté des fraudes et la France tarde à féliciter le vainqueur.
Faure Gnassingbé espérait effacer, à la faveur du scrutin présidentiel du 4 mars, le péché originel qui entacha, cinq ans auparavant, son accession au pouvoir. L'absolution attendra.
Certes, le président sortant ne doit pas, cette fois, son sceptre à un diktat des officiers nordistes, comme ce fut le cas en 2005, au lendemain du décès de son père, Gnassingbé Eyadéma, seul maître à bord du rafiot togolais trente-huit années durant. Certes, son élection, quoique sujette à caution, n'aura pas donné lieu, cette fois, à un festival de fraudes éhontées. Certes, la répression de la colère des électeurs floués n'a pas, en 2010, viré au carnage; nul doute que le souvenir de l'hécatombe du printemps 2005 - un demi-millier de tués - aura réfréné l'ardeur des partisans de Jean-Pierre Fabre, candidat de l'Union des forces de changement (UFC), officiellement crédité d'à peine 34% des suffrages, contre près de 61% à "Faure".
Il n'empêche. La victoire de ce dernier ne manquera pas d'attiser l'amertume, notamment à Lomé, la capitale, acquise à l'opposition. D'autant que les observateurs de l'Union européenne - qui a assuré le financement du rituel électoral - ont dénoncé divers manquements.
Passons sur l'inégalité de traitement entre les prétendants. Le champion du Rassemblement du peuple togolais (RPT), l'ex-parti unique, a bénéficié des moyens de l'appareil d'Etat et des faveurs des médias publics. Mais il y a plus troublant: la défaillance du dispositif d'acheminement des résultats locaux vers la Commission nationale. Çà et là , il a fallu substituer à la connexion Internet par satellite, censée garantir la fiabilité du procédé, une bonne vieille transmission manuelle.
Un indice de la gêne que suscite ce scrutin? D'ordinaire prompte à avaliser la reconduction de ses poulains, la France s'abstenait encore, le 9 mars, de reconnaître celle de Faure. – L’Express