Donald Trump a intensifié samedi ses attaques visant l'intégrité d'Hillary Clinton, à la faveur de la relance surprise par le FBI de l'affaire de la messagerie personnelle de l'ancienne chef de la diplomatie, qui avait été classée en juillet dernier.
Mais le camp Clinton, pris de court la veille par l'annonce du directeur du FBI que de nouveaux messages avaient été découverts et devaient être examinés par les enquêteurs, a lancé la contre-attaque contre James Comey, l'accusant d'alimenter des rumeurs sans fondement à seulement dix jours de l'élection présidentielle.
«C'est le plus grand scandale politique depuis le Watergate, et tout le monde espère que justice sera enfin rendue», a affirmé Donald Trump samedi lors d'un rassemblement à Golden, dans le Colorado, acclamé par des milliers de partisans scandant: «Enfermez-la !»
Le Watergate est le scandale politique qui a fait tomber en 1974 le président Richard Nixon.
«Hillary est la seule responsable de ses problèmes judiciaires croissants», a déclaré le milliardaire, ajoutant: «Hillary aurait dû être condamnée il y a bien longtemps».
«Quand nous gagnerons le 8 novembre, nous irons à Washington et nous curerons le marigot !» a-t-il lancé, après avoir consacré la plupart de son discours à une dénonciation de «l'establishment» et du «système truqué».
«Une belle, grande victoire nous attend», a-t-il dit. «Plus grande que le Brexit».
Les démocrates ont dénoncé l'initiative du directeur Comey, à un moment si proche de l'élection, et l'ont appelé à en dire plus afin de mettre un terme aux rumeurs.
Vendredi, il avait envoyé une lettre de trois paragraphes à des responsables du Congrès, à majorité républicaine, pour les informer que, dans une enquête distincte, des messages potentiellement «pertinents» en rapport avec l'enquête close sur Hillary Clinton avaient été découverts.
Ces milliers de nouveaux messages, dont le contenu reste un mystère entier, ont selon des médias été découverts sur un ordinateur portable d'Huma Abedin et de son mari Anthony Weiner. Cette proche d'Hillary Clinton et membre de son cabinet au département d'État s'est séparée en août de son mari, qui fait l'objet d'une enquête distincte pour l'envoi de messages à caractère sexuel à une mineure.
«En fournissant de façon sélective des informations, il a ouvert la voie à des distorsions et exagérations partisanes pour infliger le plus de dommages politiques », a accusé samedi John Podesta, président de l'équipe de campagne Clinton, sur un ton très dur contre M. Comey.
Citant des informations de presse, il a affirmé qu'il était fort possible que les messages trouvés soient seulement des copies de ce dont le FBI était déjà en possession.
Cela changera-t-il le dénouement de la course?
Pour Hillary Clinton, qui s'exprimait vendredi lors d'une conférence de presse, «les gens ont depuis longtemps formé leur opinion sur les courriels». «Ils ont pris cela en compte pour décider pour qui ils allaient voter».
La candidate démocrate mène dans les sondages, en moyenne, alors que le vote a déjà commencé dans 34 des 50 États et que plus de 18 millions d'Américains ont déjà voté de façon anticipée.
La crainte des démocrates est que le bruit autour de cette affaire ne démobilise les partisans d'Hillary Clinton, ou dope la participation des républicains.
Avant vendredi, certaines enquêtes d'opinion montraient un resserrement de la course. Hillary Clinton recueillait ainsi 47 % des intentions de vote contre 45 % pour Donald Trump, selon une étude ABC/Washington Post publiée samedi, alors que la candidate avait une avance de 12 points dans le même sondage réalisé il y a une semaine.
Le point d'orgue du week-end de la candidate doit être sa présence à un grand concert avec Jennifer Lopez à Miami samedi soir.
Selon un proche de Mme Clinton, celle-ci a vécu les dernières 24 heures de façon stoïque, mais la colère était palpable parmi son entourage.
L'ampleur du travail pour étudier des milliers de messages rend peu probable que le FBI parvienne à de nouvelles conclusions d'ici au 8 novembre.
Le patron du FBI était également critiqué en interne, le New Yorker et d'autres médias ayant rapporté que des responsables du département de la Justice, dont dépend le FBI, avaient prévenu M. Comey de ne pas rompre avec une règle consistant à ne pas évoquer publiquement des affaires à l'approche d'élections, afin de ne pas créer d'interférences. – AfricaLog avec agence