Les Etats-Unis ont bloqué samedi soir l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies d'une déclaration appelant à un cessez-le-feu immédiat entre Israel et le Hamas et exprimant sa préoccupation après le lancement de l'offensive terrestre israélienne sur la Bande de Gaza.
La Libye, seul pays arabe siégeant au Conseil de sécurité, avait réclamé cette réunion d'urgence après que l'entrée des troupes israéliennes dans la Bande de Gaza, marquant une nouvelle étape de l'offensive lancée par Tsahal le 27 décembre. Les pays arabes demandaient que le Conseil une déclaration présidentielle appelant à un cessez-le-feu immédiat et exprimant de "graves préoccupations devant l'escalade de la violence et la dégradation de la situation dans la Bande de Gaza et le sud d'Israël". Ce projet faisait écho aux déclaration du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a appelé samedi "la fin immédiate de l'opération terrestre" d'Israël dans la Bande de Gaza, se disant "convaincu" que "cette escalade augmentera inévitablement les souffrances déjà lourdes des populations civiles touchées". Mais les Etats-Unis, membre permanent du Conseil de sécurité, se sont opposés à l'adoption d'une déclaration. L'ambassadeur adjoint américain Alejandro Wolff a expliqué que Washington ne voyait aucun signe que le Hamas réponde à l'appel à un arrêt immédiat des violences lancé la semaine dernière par le Conseil. En conséquence, a-t-il expliqué, une nouvelle déclaration à ce stade "ne peut recevoir l'adhésion, n'aurait pas de chance de succès et ne ferait pas honneur au Conseil". L'ambassadeur de France auprès des Nations unies Jean-Maurice Ripert a annoncé que, malgré les fortes "convergences de vue" au sein du Conseil sur la dégradation préoccupante de la situation, "il y a eu un désaccord sur la façon de l'exprimer". "Nous ne pouvons que regretter, être déçus par le fait que la forme ait primé sur le fond alors que très objectivement sur le fond il y avait un accord", a-t-il déclaré. "Le plus important, c'est que les combats s'arrêtent, que les tirs de roquettes sur Israël s'arrête et que l'offensive terrestre d'Israël à Gaza s'arrête, c'est ça l'essentiel", a-t-il insisté. "L'urgence c'est d'arrêter la guerre." L'ambassadeur libyen Giadalla Ettalhi a expliqué que, lors des discussions à huis clos sur le projet de déclaration présidentielle, les Etats-Unis s'étaient opposés à "tout résultat". Plusieurs autres membres du Conseil ont confié sous couvert de l'anonymat que les Américains étaient à l'origine de l'absence de consensus. L'ambassadeur d'Egypte Maged Abdelaziz a regretté qu'en "pleine escalade de l'agression, au moment où de plus en plus de personnes meurent et l'offensive militaire sur le terrain bat son plein", un membre permanent du Conseil refuse toute déclaration du Conseil et ne veuille que son président ne diffuse à la presse que "des éléments" convenus à l'avance. Si le Conseil n'a pas pris de décision samedi soir, le projet de résolution élaboré par les pays arabes que la Libye a fait circuler mercredi soir reste sur la table. Ce projet de texte condamne l'opération israélienne et lui demande de suspendre l'offensive mais n'a aucune chance d'être accepté en l'état, les Etats-Unis l'ayant jugé "inacceptable" et "déséquilibré" car il n'appelle pas le Hamas à mettre fin aux tirs de roquettes. Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est attendu à New York mardi avec plusieurs chefs de la diplomatie de pays arabes pour presser pour une résolution onusienne en faveur d'un cessez-le-feu. AP