Les dirigeants ouest-africains réunis samedi à Abidjan ont appelé à une mobilisation internationale plus large dans les opérations militaires au Mali, où soldats français et maliens combattent des groupes islamistes armés, dans l'attente du déploiement d'une force africaine.
L'heure a sonné pour un engagement plus large (...) afin qu'une plus grande solidarité se noue autour de la France et de l'Afrique dans la guerre totale et multiforme contre le terrorisme au Mali, a déclaré le chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara.
Il faut aller au-delà de nos effectifs actuels grâce à des soutiens internationaux, a-t-il ajouté.
Président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), M. Ouattara s'exprimait à l'ouverture d'un sommet qui doit accélérer le déploiement de la force régionale au Mali, en présence du président malien par intérim Dioncounda Traoré.
Le président tchadien Idriss Deby - dont le pays ne fait pas partie de la Cédéao mais qui a promis d'envoyer 2.000 soldats - et le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius y participent également.
La force régionale, baptisée Mission internationale de soutien au Mali (Misma), a reçu mandat de l'ONU pour aider le Mali à reprendre le contrôle du nord du pays, occupé depuis plus de neuf mois par des groupes armés islamistes qui y ont multiplié les exactions.
L'opération française n'a pas vocation à se substituer à l'action de la Misma qui doit se déployer le plus vite possible, et c'est l'objet de notre réunion, a dit M. Fabius au sommet.
Rendant hommage à la France, le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta a promis depuis Londres: Nous essaierons de l'aider dans cet effort. Washington a fourni des renseignements et des moyens de transport aérien à la France.
Et le président nigérien Mahamadou Issoufou a déclaré au quotidien français Le Parisien que la France n'est au Mali que pour appuyer le Mali et l'Afrique.
MM. Fabius et Ouattara ont aussi insisté sur la nécessité d'une dimension politique pour résoudre la crise malienne, déclenchée en janvier par une offensive de rebelles autonomistes touareg, ensuite évincés du nord du Mali par les islamistes.
Laurent Fabius a aussi jugé impérieux que les autorités civiles reprennent la totalité des choses en main, au Mali, alors que l'ex-junte du capitaine Amadou Haya Sanogo - un temps au pouvoir après le putsch de mars 2012 - reste très influente à Bamako.
Quelque 2.000 membres de la Misma doivent être déployés d'ici au 26 janvier. Une centaine de soldats togolais et nigérians sont déjà arrivés à Bamako, et une trentaine de Béninois sont en route.
Huit pays ouest-africains - Nigeria, Togo, Bénin, Sénégal, Niger, Guinée, Ghana et Burkina Faso - ainsi que le Tchad ont annoncé leur contribution à la Misma qui comprendra quelque 5.800 soldats pour prendre le relais de la France.
Celle-ci poursuit son intervention aux côtés d'une armée mlienne sous-équipée: 2.000 soldats français sont présents au Mali et ils devraient passer à 2.500, selon Paris. Peut-être qu'on les dépassera, a indiqué le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Bamako a annoncé avoir repris jeudi Konna, à 700 km au nord-est de Bamako, tombée le 10 janvier aux mains des combattants islamistes, précipitant l'intervention française.
La chute de Konna lors de cette offensive surprise le 10 janvier avait déclenché l'intervention de la France - qui redoutait une percée des jihadistes vers le sud et Bamako.
Dans la région de Diabali (ouest), le colonel malien commandant ce secteur, a affirmé samedi à l'AFP que les islamistes avaient fui la ville qu'ils avaient prise lundi et que l'armée malienne s'apprêtait à y faire son entrée.
Ses déclarations confirment celles d'habitants qui avaient affirmé vendredi que les jihadistes avaient abandonné Diabali après plusieurs bombardements de l'aviation française.
Mais de son côté, le ministère français de la Défense avait laissé entendre que le ville n'avait pas été reprise.
En Algérie, l'agence de presse officielle APS affirme que douze otages et dix-huit ravisseurs ont été tués dans l'assaut donné au commando islamiste qui avaient pris des centaines de personnes en otages mercredi sur un site gazier dans le Sahara. Ceux-ci détenaient encore vendredi sept étrangers à In Amenas, à 1.300 km au sud-est d'Alger, selon des sources islamistes citées par l'agence mauritanienne ANI.
Les ravisseurs demanderaient à la France de négocier la fin de la guerre au Mali et proposent de libérer des otages américains contre des islamistes détenus aux Etats-Unis. Paris et Washington ont confirmé la mort d'un de leurs ressortissants. – AfricaLog avec agence